LA PETITE FILLE AU BOUT DU CHEMIN (Nicolas Gessner)

Drame/thriller psychologique
Long métrage français/canadien/américain
Réalisé par Nicolas Gessner
Scénarisé par Laird Koenig, d’après son roman
Avec Jodie Foster, Martin Sheen, Scott Jacoby, Mort Shuman…
Titre original : The Little girl who lives down the lane
Année de production : 1976

Dans une grande maison de Wells Harbour, une petite ville côtière du Maine, vit Rynn, une jeune fille âgée de 13 ans qui suscite les interrogations de certains de ses voisins. Rynn prétend vivre avec son père, le poète Lester Jacobs, mais l’homme semble être régulièrement absent. Le soir d’Halloween, Rynn reçoit la visite de Frank Hallet, le fils de sa propriétaire, qui lui fait des avances déplacées. Elle réussit à se débarrasser de ce pervers mais les choses commencent à se compliquer quand Cora Hallet l’interroge un peu trop agressivement sur sa situation…

Très active sur le petit et le grand écran dans sa jeunesse (avant de ralentir le rythme pour se consacrer à ses études), Jodie Foster alternait productions Disney et rôles plus difficiles avec régularité. En 1976, elle fut ainsi à l’affiche de cinq sorties, dont le Freaky Friday originel (Un vendredi dingue, dingue, dingue en V.F.), Taxi Driver de Martin Scorsese (dans lequel elle joue une prostituée mineure) et La Petite Fille au Bout du Chemin, co-production franco-canado-américaine réalisée par le hongrois Nicolas Gessner.

Dans le rôle de Rynn Jacobs, Jodie Foster livre une composition saisissante. Elle est de quasiment tous les plans et incarne subtilement les différents aspects de son personnage. Je n’ai pas lu le roman de Laird Koening mais d’après ce que j’ai compris (je peux bien évidemment me tromper), la Rynn du bouquin peut être assimilée à une « enfant maléfique » de récit d’horreur. La version filmique est à la croisée de plusieurs genres et il se dégage donc de l’héroïne des émotions paradoxales…elle ne se laisse pas impressionner et peut paraître froide, mais il y a aussi de la tristesse et de la mélancolie en elle au fur et à mesure que sa carapace s’effrite…

Sans trop en révéler, La Petite Fille au Bout du Chemin est un long métrage à l’atmosphère étrange, qui peut facilement basculer dans le malsain (principalement par les apparitions du pédophile interprété par Martin Sheen). La caractérisation est intéressante, avec des portraits bien campés (la propriétaire raciste, le flic sympathique, le petit ami). L’intrigue garde bien son mystère pendant la première heure avant de traîner un petit peu une fois la grande révélation passée mais le film continue de captiver grâce au jeu de Jodie Foster et aux facettes complexes de Rynn, gamine au regard hanté jusqu’à la dernière seconde du générique final après une ultime scène inquiétante.

Si elle est ici excellente, Jodie Foster n’a pas gardé un très bon souvenir du tournage, notamment à cause de la décision des producteurs d’ajouter une scène de nue (en effet assez gratuite). Comme elle ne voulait pas la tourner, elle a été remplacée par sa soeur Connie (âgée de 21 ans), qui lui avait également servi de doublure sur Taxi Driver.

2 « J'aime »

Je garde un très bon souvenir de ce film, même si son visionnage remonte un peu pour moi ; ça fait partie de ces métrages qui font se dire que décidément les seventies demeurent un puits manifestement sans fond de films intéressants, même quand ils sont aussi méconnus que celui-ci… Et ce malgré un rythme un peu souffreteux, comme tu le soulignes.
Je savais que Foster avait été doublée par sa soeur sur « Taxi Driver » mais pas ici. Le métrage suscite effectivement un trouble assez malaisant mais qui lui confère en partie sa puissance.