LA RUE (David Freeman/Jerry Schatzberg)

…. [size=150]C[/size]’est sur un pitch plutôt simple que repose le scénario de ***La Rue ***(Street Smart/1987).

…. Un journaliste Jonathan Fisher (Christopher Reeve excellent), de la presse magazine dont la carrière accuse une sévère perte de vitesse, se porte volontaire - après que toutes ses idées de reportages aient été refusées par son patron – pour écrire un article sur un souteneur, à la place d’un de ses collègues ayant fait faux bond.
Toutefois, les délais très courts, et les difficultés qu’il rencontre pour pénétrer ce milieu interlope le décide à inventer de toutes pièces le contenu de son papier.
…. Contre toute attente, son article fait un tabac ; et sa côte de popularité, ainsi que sa crédibilité professionnelle remontent à leur zénith.

…. Tout devient possible.

Parallèlement au retour en grâce de Jonathan Fisher, c’est une toute autre musique qui se joue pour Fast Black (Morgan Freeman meilleur que jamais), un « maquereau » accusé d’avoir tué le client (violent) d’une de ses « gagneuses ».
L’avocat de la défense monte un stratagème, en vue de faire acquitter Fast Black, qui repose entièrement sur le reportage bidonné (mais ça personne ne le sait) de Fisher.

…. Journalisme d’investigation à hauteur d’homme, La Rue ne brosse pas le portrait d’un arriviste mais celui d’un homme qui s’il ne peut pas changer la société dans laquelle il vit, du moins s’intéresse-t-il à ses dangers et à ses inégalités et veut les dénoncer.
Mais tous les moyens sont-ils bons pour parvenir à ses fins ?

…. C’est d’ailleurs cet angle qui permet à La Rue d’exploiter de façon assez spectaculaire son pitch.

Petit à petit derrière la bonhomie de façade de Fast Black apparaît un aborigène urbain né dans une jungle d’asphalte où la loi du plus fort domine.
Et la place qu’il occupe au sommet de la chaîne alimentaire dont le « pain de fesse » est le revenu principal, n’est pas l’effet du hasard ou d’un coup de chance, mais le résultat d’une sélection culturelle selon les lois du darwinisme social en vigueur au raz du trottoir (qui elles non plus ne doivent rien au hasard).

…. Le New York du cinéma des années 1970/1980 n’a rien à voir avec un Disneyland rutilant de propreté ; La Rue semble d’ailleurs avoir été tournée au cœur même de Big Apple alors que le ver de la violence (réelle & symbolique) l’avait presque bouffée jusqu’au trognon.

…. **[size=150]M[/size]**écaniquement très réussie, la chute tombe là où il faut avec l’ingéniosité requise, de celle qui surprend, même le plus averti des spectateurs.
La Rue est un thriller haut de gamme, interprété par des acteurs sûrs de leur talent et tout disposés à le monter.

Je ne sais pas si le scénariste David Freeman, Jerry Schatzberg le réalisateur ou encore Christopher Reeve - dont on dit qu’il a porté à bout de bras ce projet au point d’accepter de tourner dans Superman IV pour obtenir le financement nécessaire à sa réalisation - avaient dans l’idée de donner à réfléchir aux spectateurs, mais en tout cas La Rue ne laisse pas indifférent sur ce plan là non plus.

Très intéressant…je connaissais le film par l’anecdote sur Superman IV (qui est véridique) mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le voir. Merci pour cette piqûre de rappel qui m’a donné envie de le rechercher…

C’est bien ça. Le film a été financé par la Cannon dans un « package » avec Superman IV…et puis Golan & Globus ont finalement bazardé la sortie de La Rue (qui n’a eu droit qu’à une sortie limitée) pour privilégier celle de cette grosse daube de Superman IV.

Je connaissais l’anecdote, mais je n’avais pas identifié le film, que d’ailleurs je n’ai jamais vu. Mais je vais bientôt rattraper ce manque, parce que ça m’a l’air passionnant.

Jim

Je ne connaissais pas moi non plus, mais ça a l’air très, très intéressant. J’aime beaucoup Christopher Reeve en plus, dont la carrière a été un peu « écrasée » par son rôle le plus fameux, celui de l’Homme d’acier de Metropolis… Merci pour ce post, donc.

Une piqûre de rappel d’autant plus salutaire que Jerry Schatzberg se rappelle à notre bon souvenir cet été avec la ressortie de « Panique à Needle Park », avec Al Pacino, un fleuron des années 70 naissantes. Rappelons également que Schatzberg est le réalisateur du magnifique « L’Epouvantail » (avec Al Pacino toujours et Gene Hackman), qui rafla la Palme d’or à Cannes en son temps.

Je suis en train de le regarder, et c’est assez intéressant. Bien joué, assez bien dialogué, avec une mécanique bien huilé, quelques belles astuces de caractérisation.
C’est fou comme plein de films tombent dans un oubli plus ou moins relatif, et en général totalement immérité.

Jim