LA TOUR DES MONSTRES (Larry Yust)

REALISATEUR

Larry Yust

SCENARISTES

Larry Yust, Howard Kaminsky et Bennett Sims

DISTRIBUTION

Peter Brocco, Frances Fuller, William Hansen, Paula Trueman, Ian Wolfe…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie dramatique/horreur
Titre original : Homebodies
Année de production : 1974

Le titre original de La Tour des Monstres est Homebodies, un terme qui désigne notamment quelqu’un de casanier, de pantouflard. Et casaniers, les habitants du vieil immeuble qui sert de décor principal au film le sont. Ils n’ont qu’un souhait, passer leurs vieux jours tranquillement dans les appartements qu’ils habitent depuis de nombreuses années. Mais quand ils ont emmenagé, l’époque était très différente.

Maintenant, le quartier n’est plus ce qu’il était et il n’y a plus de respect envers les personnes âgées. Ils veulent rester mais ils ne le peuvent plus car les constructions d’avant-guerre sont détruites au fur et à mesure pour être remplacées par des tours modernes aux loyers beaucoup trop élevés pour ces retraités.

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Le titre français de Homebodies est moins subtil mais aux yeux des personnages principaux, les décisionnaires qui bouleversent leurs vies sont bien des « monstres » : le grand promoteur immobilier qui ne pense qu’au profit, les gens de la mairie qui les font déménager de force pour les placer dans des maisons de retraite mornes et sans vie (vision déprimante). Alors que l’expulsion approche, les six derniers habitants ne comptent plus se laisser faire…quitte à devenir eux aussi des « monstres » par leurs actions (d’où le double sens que va prendre également homebodies)…

La Tour des Monstres est un film étonnant, au ton particulier, décalé. Le scénario parle de thèmes forts (isolation, solitude, cruauté du système…), dans une atmosphère maussade qui laisse pourtant régulièrement place à des scènes excentriques mêlant slapstick et humour très noir de manière aussi déconcertante que réjouissante. Une certaine tristesse, un aspect pathétique se dégagent des portraits des protagonistes tous joués par des vétérans à la carrière prolifique qui occupaient là pour la première fois le haut de l’affiche.

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Le rythme lent convient très bien à la description de ce quotidien fait d’habitudes jusqu’à ce jour qui va tout faire dérailler. Menés par une excellente Paula Trueman (aux faux airs de Ruth Gordon), les petits vieux vont d’abord créer des accidents pour faire ralentir le chantier avant de se salir eux-mêmes les mains dans des passages assez glaçants. Le long métrage n’est pas graphiquement violent, il y a peu de sang mais dans ces moments les plus sombres, le réalisateur Larry Yust sait maintenir un suspense palpable.

Au fur et à mesure, l’énormité de ce qui se passe va déchirer la cohésion de ce groupe. Dans le dernier acte, Larry Yust enchaîne les rebondissements et maintient le fragile équilibre entre drame social, horreur et comique absurde (il y a même une poursuite en pédalo…elle n’est pas très rapide mais c’est qu’ils ne sont plus très jeunes, hein). Le final n’est pas totalement convaincant mais dans l’ensemble cette petite curiosité gériatrique ne manque pas d’attraits.

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