LA VENGEANCE DE LADY MORGAN (Massimo Pupillo)

REALISATEUR

Massimo Pupillo

SCENARISTE

Giovanni Grimaldi

DISTRIBUTION

Barbara Nelli, Erika Blanc, Gordon Mitchell, Paul Muller, Michel Forain…

INFOS

Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : La vendetta di Lady Morgan
Année de production : 1965

Documentariste à l’origine, Massimo Pupillo n’est pas le plus connu des metteurs en scène italiens ayant oeuvré dans le cinéma de genre. Il n’a en tout et pour tout réalisé que 6 longs métrages, dont seulement quatre sont connus en France : le western Django le Taciturne, avec Georges Eastman dans le rôle-titre, et trois films d’horreur sortis la même année, en 1965 : Cinq tombes pour un médium avec Barbara Steele (qu’il a désavoué, laissant le producteur prendre le crédit de réalisateur), Vierges pour un bourreau et La Vengeance de Lady Morgan.

La distribution de La Vengeance de Lady Morgan réunit notamment deux trognes bien connues des amateurs de séries B européennes : le suisse Paul Muller et l’américain Gordon Mitchell. Paul Muller, collaborateur régulier de Jess Franco, a l’habitude de composer des personnages inquiétants et il a ici l’air de sortir tout droit des Amants d’Outre-Tombe tourné d’ailleurs la même année. Gordon Mitchell, de son vrai nom Charles Allen Pendleton, est un ancien body-builder attiré par les sirènes de Cinecitta après le succès de Steve Reeves en tant qu’Hercule. Son visage buriné et son physique imposant firent de lui un interprète idéal pour divers rôles de vilains dans une bonne centaine de séries B et Z et dans tous les genres (horreur, policier, peplum, post-apo, sexploitation, nazisploitation…).

La vengeance de Lady Morgan marque aussi l’une des premières apparitions à l’écran de la troublante Erika Blanc, vue notamment par la suite dans une flopée de westerns (Django tire le premier, Les colts de la violence…), et de la jolie Barbara Nelli, dont la carrière sera beaucoup plus courte (Pupillo l’a dirigée la même année dans Vierges pour un bourreau).


Alors qu’elle est depuis longtemps promise à Sir Harald Morgan, la jeune et jolie Susie Blackhouse est tombée amoureuse de Pierre Brissac, un bel architecte français venu rénover le château familial. Elle annonce la nouvelle à Morgan, qui le prend plutôt bien…en apparence.
Peu après, Pierre meurt dans d’étranges circonstances. Susie se résout donc à épouser Harald Morgan. Elle s’installe dans sa demeure, servie par d’inquiétants domestiques. Ce dont elle ne se doute pas, c’est que Morgan ne pense qu’à sa fortune. Avec l’aide de ses serviteurs, il monte un plan pour rendre Susie complètement folle, jusqu’à ce qu’elle finisse par se suicider.
Mais Lady Morgan revient d’entre les morts, bien décidée à se venger…

Représentant mineur du fantastique gothique italien, La Vengeance de Lady Morgan se distingue par deux parties bien distinctes, avec un changement de ton brusque qui survient après les deux premiers tiers et qui détonne après une quarantaine de minutes au déroulement assez classique. Ces deux premiers tiers tiennent plus du drame psychologique…romantisme, amour tragique, machination sont les maîtres-mots d’une intrigue qui essaye de faire douter de la santé mentale de son héroïne sans laisser vraiment dupe. S’il n’y a pas ou peu de suspense, les ambiances créées par le réalisateur restent assez prenantes et malgré le faible budget, des éléments tels que les costumes, les décors et la photographie en noir et blanc bénéficient d’un soin particulier (par exemple sur ces plans éclairés à la chandelle qui insistent sur le visage de la machiavélique gouvernante interprétée par Erika Blanc).

Là où le film se perd en cours de route, c’est dans la cohérence de sa construction narrative. Après le suicide provoqué de Lady Morgan, Pierre Brissac (parce qu’il n’était pas mort en fait) revient au château pour le trouver complètement déserté et délabré. Là, il tombe sur le spectre de sa belle, qui lui racontera tous les détails de sa macabre vengeance…en un long flashback !

Cette dernière demi-heure est la moins maîtrisée…les effets spéciaux prêtent à sourire (les transparences lors des apparitions fantômatiques sont souvent ratées, et la pelloche atteint le summum du grand art dans le lancer de mannequin), les faux raccords sont fréquents (jour, nuit…jour, nuit…dans la même scène), les acteurs en font des caisses (en particulier Gordon Mitchell qui cabotine comme un sagouin) et les péripéties deviennent de plus en plus saugrenues (voir notamment le sort qui attend Lord Morgan et ses serviteurs).
Et le dernier plan est complètement raté, alors qu’il aurait pu être à l’origine d’une superbe séquence…

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La couverture de l’adaptation en roman-photos dans la revue française Film Horreur :

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LMorgan