LA VIE D'ADÈLE (Abdellatif Kechiche)

Cela n’empêche pas le fait que tu aies raison sur le fond. D’ailleurs, le titre américain a un grand mérite : il rappelle sans détour que La vie d’Adèle est l’adaptation d’une BD. Ce que Kechiche (et ses actrices) a souvent du mal à dire… Au moins là, le lien est direct avec le même titre. :wink:

Rien que pour cela, c’est à saluer.
Pour une fois que les Américains défendent les auteurs…

Jim

J’ai finalement cédé devant l’envie de madame de voir le film. Comme toute adaptation, et encore plus dans le cas d’une adaptation libre comme ici, on peut voir le film sous deux angles.

Le premier est de prendre le film tel quel, sans parler d’adaptation et donc sans faire de lien avec la BD de Julie Maroh. La vie d’Adèle nous parle donc d’Adèle, jeune fille de 15 ans comme les autres qui, un jour, en traversant une rue, croise le regard d’une jeune femme aux cheveux bleus qui va changer sa vision de la vie, et notamment concernant sa sexualité. Elle qui pensait qu’une fille devait être avec un garçon va se rentre compte que tout n’est pas si simple. Il est donc question d’homosexualité, de quête d’identité (sexuelle notamment), du regard des autres… C’est d’ailleurs sur ce point que le film est assez limité. Hormis le regard des camarades de classes lycéennes et têtes à claques, difficile de voir en quoi la choix d’Adèle va bouleverser sa vie. Certes, elle se cache un peu, essaie de le cacher dans sa vie professionnelle après alors que le film aurait pu être plus marquant sur ce thème, qui en a fait sa pub tout de même, il est au final très faible sur ce point. Et puis, que de longueurs… 3h, c’est facile une de trop tant certains moments sont vides. Finissons par parler des fameuses scènes de sexe : hormis les jeunots pubères qui s’exciteront facilement devant les scènes filmées apparemment avec beaucoup de « finesse » par Kechiche, on ne peut que se dire qu’elles sont totalement en contradiction avec le film, le message et surtout contraires à ce que ressemblent les vraies scènes de sexe homosexuelles hors des films pornos hétéros où Kechiche semble avoir puisé son « inspiration ». Bref, alors que le thème parfaitement d’actualité aurait pu être fin, précis, pertinent, Kechiche offre 3h indigentes dans l’ensemble, sans fin, sans recherche. C’est raté tout simplement.

Le seconde manière « d’analyser » le film est de le voir en tant qu’adaptation de la BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude. Et là, le constat est encore pire que précédemment. La force de la BD, c’est l’émotion qui s’en dégage, les tourments que subit Clem’ (transformée en Adèle dans le film), notamment sa mise à la porte de la maison familiale à 17 ans, après que ses parents se soient rendus comptes de son homosexualité. Une rude épreuve, totalement absente du film. La séparation de nos deux héroïnes est aussi beaucoup plus dure dans la BD, où les conséquences sur Clem’ sont terribles. Sans compter que les scènes de sexe, très lascives, sont bien loin de l’image « grosses salopes » qu’en donne le film. Bref, en tant qu’adaptation de BD, La vie d’Adèle est très mauvais. Et ne réussit pas à rendre ne serait-ce qu’une centième de l’essence de l’oeuvre d’origine. On comprend mieux les propos de Julie Maroh concernant le film, qui s’en détache et préfère le considérer comme une toute autre oeuvre.