Voilà j’ai fini la première trilogie de l’Assassin Royal par Robin Hobb et après avoir laissé un peu décanter ma lecture je vous livre mes impressions, qui comme vous le verrez sont plutôt bonnes.
[quote=« Synopsis Wikipédia »]Dans un univers médiéval-fantastique bienveillant, et malgré les assauts occasionnels des « pirates rouges » on découvre le jeune Fitz, fils de Chevalerie, prince-héritier de la famille royale des Loinvoyant. Abandonné, il grandit sous la garde de Burrich, maître des écuries… Le monde de la cour du roi, dans lequel il évolue, n’est pas sans danger : au milieu des complots et des trahisons, Fitz n’a souvent que peu de liberté. Il doit allégeance - et la vie sauve - au roi Subtil Loinvoyant, son grand-père…
Un jour, un mystérieux vieillard fait irruption dans sa vie et commence très vite sa formation. Car Fitz devient une arme au service du pouvoir, il est celui qui peut changer le monde par ses actions…
Le jeune homme devra apprendre à garder sa place au sein d’une société qui peut aussi bien l’idolâtrer que le haïr, l’aider ou le tuer.[/quote]
Personnages (9.5/10)
Voici le gros point fort de Robin Hobb. Avec son Assassin royal, l’auteur nous dépeint une gamme de portraits hétéroclites.
De l’enfant tourmenté par ses découvertes au Prince dévoué pour finir égoïste et assoiffé de pouvoir, en passant par le rustre mais néanmoins touchant homme d’écurie, on a là des caractères qui s 'expriment de manière franche et non dissimulée par quelques mièvreries dont certains auteurs nous gratifient sans mal.
Rassurez-vous les personnages féminins sont loin d’être absents. Ils sont, de mon point de vu, les protagonistes les plus remarquables du récit avec des caractères plus qu’affirmés. Molly et son caractère bien trempé, Kettricken et sa prestance naturelle qui deviendra par la suite une femme de poigne redoutable, la langue acerbe de Caudron qui peut se révéler d’une bonté exquise quand cela lui traverse l’esprit…
Et puis il ne faut pas oublier les personnages plus singulier à l’image du fou qui au fil des pages devient attachant et dont on goûte aux secrets au compte-goutte. Mais encore Umbre, très présent au début du récit puis qui s’efface peu à peu au fil de l’envol de Fitz.
Structure du récit (7/10)
Que dire à part que le récit est fluide de bout en bout et que le style de Robin Hobb est d’une constance telle que les pages défilent à toute allure si tant est que l’on se laisse prendre au jeu des découvertes de Fitz.
Alors certes il y a quelques longueurs, mais en 2000 pages il est normal que le récit s’apaise pour mieux repartir par la suite. Ce point n’est malheureusement pas aidé par le découpage de l’éditeur. C’est simple le quatrième tome VF (édition simple) est pour moi le plus mou et il a failli me faire lâcher prise.
Si l’on décortique le récit dans son entier on note que Robin Hobb distille les informations en mesure de faire avancer les choses bloc par bloc. Je m’explique : en tout début de récit, elle pose littéralement le décor avec les liens entre protagonistes directs, et livre le moteur de la trilogie. Puis elle en remet un gros paquet dans les tomes 5 et 6. Alors je vous vois venir : Que fait-elle entre les deux? Elle déroule tout simplement son histoire et alterne les décors, comme ce tome 2 qui se révèle être un huis-clos particulièrement prenant.
Alors pourquoi ai-je failli lâcher prise? Tout simplement car le tome 4 correspond à un « creux » dans l’histoire et qu’il se révèle être le premier tome de la deuxième intégrale ce qui ne fluidifie pas beaucoup la lecture. Je pense que mon erreur a été de faire une pause un tantinet trop longue. Une lecture continue des 6 tomes doit faciliter cette digestion.
Une fois passé ce cap, on entre dans la seconde partie de l’aventure et celle-ci se révèle haletante jusqu’au dénouement final qui pour moi n’engageait pas nécessairement une seconde trilogie. On n’a pas un happy-end total et en ce sens je félicite Robin Hobb de ne pas avoir cédé à la facilité.
Background (9/10)
Pour une trilogie de genre Fantasy on retrouve les décors que je qualifierais de traditionnels : château, bourg, auberge, forêt, montagnes…
Ce qui fait avant tout la force de l’univers de Robin Hobb ce sont les descriptions qui ne sont ni trop présentes ni trop absentes. En effet elle ne déroule pas pendant des kilomètres, à l’instar de J.R.R Tolkien, la description d’un vallon ou d’une pièce mais insuffle la vie aux différents lieux en quelques lignes à peine. Bien sûr on retrouve des descriptions plus longuettes mais elles sont loin d’être légion dans l’esprit une fois le bouquin refermé.
Avec un décor somme toute classique elle a trouvé quelques éléments originaux et je pense notamment aux deux formes de magie qui sont une grande part de la quête initiatique de Fitz.
Les bases de la Fantasy sont suffisamment posées pour permettre à Robin Hobb de se passer de recherches sur le médiéval et les castes chevaleresques. On peut noter tout de même une ambiance singulière dans le château de Castelcerf et dans le bourg qui permet aisément de se projeter parmi les roturiers et autres protagonistes de haut rang.
Edition (7/10)
Ayant quelques soucis pour me procurer certains tomes simples de l’édition Pygmalion, j’ai opter pour les deux intégrales Pygmalion de cette première trilogie. Ceux qui n’apprécient pas lire de gros pavés peuvent du coup s’abstenir car c’est un concentré de 2000 pages en deux bouquins. Pour le prix l’édition reste convenable, toutefois une version relié et respectant la parution VO aurait été souhaitable car on a le sentiment que ce découpage casse le rythme du récit.
Concernant le contenu c’est du classique avec en début de tomes une carte présentant les lieux de l’action.
Au niveau de la traduction on pourra noter un style relativement fluide, un vocabulaire adapté à la situation ( récit à la première personne ) mais, car tout n’est pas parfait, quelques coquilles et des mots manquants ( très peu il est vrai ).
On retiendra donc de ces deux tomes une édition plus que correct au vu du prix mais une version « collector » relié en 3 tomes serait la bienvenue.
Conclusion
Il est vrai que j’avais entendu beaucoup de bien de cette trilogie mais la lecture de la préquelle Retour au Pyas m’avait fait redouter le pire car elle s’était avérée molle à mon goût. Et puis dès les premières pages des aventures de Fitz on se sent aspiré dans l’histoire qui ne fait aucune concessions sur les liens et qui met en relief un certain sens du devoir.
On se retrouve donc en présence d’un ouvrage de fantasy moderne et d’une qualité indéniable qui reste cependant desservi par une édition en deçà de ce qu’elle aurait dû être.
Si ce n’est déjà fait, foncez vous le procurer.
Note finale : 8.5/10