REALISATEUR
Kurt Neumann
SCENARISTES
Maurice Geraghty et Milton Krims
DISTRIBUTION
Scott Brady, Rita Gam, Neville Brand, John Hoyt, Allison Hayes, Lori Nelson…
INFOS
Long métrage américain
Genre : western
Titre original : Mohawk
Année de production : 1956
Décédé en 1958, Kurt Neumann était un réalisateur d’origine allemande spécialisé dans le cinéma de genre. Artisan solide, à l’aise dans tous les registres, on lui doit de nombreuses comédies, des westerns, des Tarzan avec Johnny Weissmuller ainsi que quelques productions de S.F. et d’horreur devenus depuis des classiques du genre. Il a notamment réalisé La Mouche Noire avec Vincent Price, sorti peu de temps après sa mort, et rentré dans la postérité pour avoir inspiré le chef d’oeuvre de David Cronenberg, La Mouche. Parmi ses bonnes livraisons S.F., je cite le sympathique Kronos, le conquérant de l’univers avec Jeff Morrow.
Bon faiseur qui pouvait se montrer régulièrement inspiré, Kurt Neumann acceptait également des boulots de commande qu’il mettait en boîte en quelques jours (faut bien payer ses factures). C’est ce qui a poussé le producteur Edward L. Alperson à lui confier la réalisation de Mohawk (L’Attaque du Fort Douglas en V.F.), un tout petit western de série B que Neumann compléta en moins d’une semaine (il se dit même que le film fut tourné en 3 petits jours). Il faut dire que ce radin d’Alperson avait son idée pour que la production ne coûte pas grand chose.
L’Attaque du Fort Douglas est essentiellement centré sur les amourettes d’un sémillant artiste venu peindre des décors en pleine nature pour la Société du Massachusetts. Les relations avec les Indiens dans cette vallée sont assez bonnes et Adams peut donc folatrer tranquillement dans la nature avec ses conquêtes. Mais la paix est précaire. Un vieil aigri commence à attiser la haine entre les Indiens et les Colons. Faut dire qu’il est né dans cette vallée et qu’il aimerait bien que tout le monde se barre pour mettre la main sur toutes les terres. Et donc, rien de tel qu’une bonne guerre pour nettoyer tout ça, hein ?
Jonathan Adams se retrouve au milieu d’un conflit qu’il n’a pas voulu…surtout maintenant qu’il est tombé amoureux de la jolie fille du chef des Mohawk…
Tout en étant profondément sincère dans son propos (Mohawk fait partie de ces westerns pro-indiens qui ont tenté de surfer sur la vague du succès de La Flèche Brisée de Delmer Daves), le film est le plus souvent très maladroit. Les décors factices ne font guère illusion (on voit bien que les scènes du fort ont été tournées en studio avec une toile peinte pour représenter le ciel et l’extérieur), les maquillages et coiffures des indiens sont absolument ridicules et il ne faut pas chercher une quelconque exactitude historique dans cette histoire (contrairement à ce que prétend l’accroche de l’affiche).
Mais l’aplomb des comédiens est entrainant : Scott Brady s’amuse comme un petit fou dans son rôle de peintre pacifiste et grand séducteur; le prolifique second couteau John Hoyt se la joue à nouveau méchant manipulateur et le trio féminin (Lori Nelson, Allison Hayes et Rita Gam) ne manque franchement pas de charme.
Bref, c’est hautement fantaisiste (et le plus souvent incongru), tout en étant aussi divertissant que désarmant de naïveté.
Et puis les 15/20 dernières minutes sont consacrées à l’assaut du fort (fallait bien un peu d’action) et là, c’est la catastrophe. Pour tourner son film à peu de frais, le producteur Edward Alperson s’était donc arrangé pour se procurer des stock-shots d’un western de John Ford datant de 1939, Sur la piste des Mohawks (avec Henry Fonda et Claudette Colbert).
Il larde donc les quelques scènes d’assaut tournées par Kurt Neumann (souvent des plans rapprochés, le bonhomme n’avait pas les moyens de faire plus) avec les meilleures séquences d’action du long métrage de John Ford (qui aurait mérité un crédit de co-réalisateur à ce point)…et c’est peu dire que les fautes de raccord abondent (le fort construit en extérieur du John Ford ne ressemble absolument pas à celui construit en intérieur du Neumann; le grain de l’image et la photographie sont bien entendu différents…et les costumes des indiens aussi; et grand classique, on alterne plan diurne et plan nocturne dans la même scène).
Bref, ce petit western d’opérette (plutôt bien interprété dans l’ensemble) est aussi une belle leçon de recyclage…