LE 13ème GUERRIER (John McTiernan)

REALISATEUR

John McTiernan

SCENARISTES

William Wisher et Warren Lewis, d’après le roman de Michael Crichton

DISTRIBUTION

Antonio Banderas, Vladimir Kulich, Dennis Storhoi, Tony Curran, Clive Russell, Diane Venora, Omar Sharif…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures
Titre original : The 13th Warrior
Année de production : 1999

Le 13ème Guerrier est basé sur un roman de Michael Crichton (Jurassic Park) publié en France en 1976. On le trouve sous trois titres : Le Royaume de Rothgar, Les Mangeurs de Morts et bien entendu Le 13ème Guerrier lorsqu’il est ressorti pour accompagner le long métrage de John McTiernan. Je ne l’ai pas lu mais d’après la description, le romancier est parti du véritable voyage de Ahmed Ibn Fadlan, un lettré arabe devenu ambassadeur du calife de Bagdad. Une mission pendant laquelle il a véritablement rencontré un groupe de vikings. À ce point de départ, Crichton a ajouté une variation sur le thème de la légende de Beowulf : dans cette version, il y a bien une « mère du monstre » mais le « dragon », vu comme un « serpent de feu » par les yeux des villageois apeurés, est en fait une longue ligne de cavaliers portant des torches, des hommes primitifs et cannibales, les « Mangeurs de Morts » (premier titre du film, reprenant celui du roman).

Suite au succès du troisième Die Hard, Une Journée en Enfer, John McTiernan a choisi cette histoire comme sujet pour son film suivant (une vingtaine d’années plus tôt, il avait déjà tourné un film de vikings avec les moyens du bord…c’est à dire pas grand chose…à peine ses études terminées). Si Le 13ème Guerrier est sorti en 1999, il a en fait été tourné en 1997 dans de splendides décors naturels. Antonio Banderas, qui sortait à peine du tournage du Masque de Zorro, joue Ibn, un poète banni de Bagdad pour être tombé amoureux de la femme d’un noble influent. Son poste d’ambassadeur doit bien entendu être pris comme une punition et ses ennuis s’aggravent lorsqu’il est choisi par le destin pour accompagner 12 guerriers vikings combattre le terrible mal qui s’est abattu sur les terres du seigneur Rothgar. Le 13ème Guerrier, c’est lui…

Ibn n’est pas dans son élément et le scénario joue dans un premier temps sur ce « choc des cultures » par le biais de scènes assez savoureuses dans lesquelles l’arabe doit prouver sa valeur. Ibn est souvent écarté mais il observe, il apprend et il commence à être vu autrement par ses nouveaux compagnons lorsqu’il leur révèle qu’il a appris leur langue rien qu’en les écoutant discuter au coin du feu pendant le long voyage (ce qui a souvent été pris comme un simple(t) raccourci narratif mais l’idée n’est pas aussi bête que cela). La dynamique au sein de cette équipe est très réussie, avec des interactions joliment interprétées (le côté fraternel avec le joyeux Herger, le respect qu’inspire Buliwyf…).

La rudesse de l’environnement (les forêts inquiétantes, la boue, la pluie, les cavernes suintantes…), les mouvements de caméra, le travail impeccable sur la lumière…tout ceci participe pleinement à l’atmosphère palpable du 13ème Guerrier, aussi bien dans sa dimension horrifique que dans la puissance de son imagerie qui s’approche de l’Heroïc-Fantasy avant d’en démythifier ses atours plus fantastiques. Il y a un véritable souffle épique qui traverse les combats féroces et les meilleures scènes du film…et la toute dernière mettant en scène le massif et laconique Buliwyf est d’une grande beauté, visuelle et émotionnelle.

Il est heureux que le long métrage ait gardé cette efficacité alors qu’il ne représente pas la vision originelle de son réalisateur. Le premier montage a en effet été démoli lors des projections-tests et suite à des désaccords avec le studio et Michael Crichton, John McTiernan a claqué la porte en post-production pour s’occuper de son remake de L’Affaire Thomas Crown. Michael Crichton a donc assuré lui-même les reshoots en 1998 et le nouveau montage (pas toujours heureux comme en témoignent certaines ellipses, voir les premières et dernières minutes). La première bande originale signée Graeme Revell a été abandonnée pour être remplacée par les superbes compositions de Jerry Goldsmith.

D’après plusieurs articles, une quinzaine de minutes auraient été modifiées/sacrifiées entre les deux montages. Mais même en partie dénaturée par rapport aux intentions initiales, cette grande aventure ne manque pas de qualités, dans tous les domaines de la production !

Voyez cela je vois mon père.
Voyez cela je vois ma mère et mes sœurs et mes frères.
Voyez cela je vois tous mes ancêtres qui sont assis et me regardent.
Et voilà, voilà qu’ils m’appellent et me demandent de prendre place à leurs côtés dans le palais de Valhalla là ou les braves vivent à jamais.

4 « J'aime »

J’en garde un très bon souvenir en l’ayant vu gamin.

Je dois me le refaire très bientôt !! Un McTiernan mutilé, mais majeur.

2 « J'aime »

Pareil, très bon souvenir.

1 « J'aime »

Son dernier grand film (pour le ludique remake de Thomas Crown, je retiens surtout le final au musée sur fond de « Sinnerman ») ?

McTiernan à ce sujet (dans les bonus d’un coffret dvd sorti il y a quelques années) : « non, aucun chef d’oeuvre incompris n’est enfoui dans les hangars du studios ».
Ça a le mérite de couper court à l’habituel refrain (les fans fantasmant sur ce director’s cut en l’érigeant au statut de potentiel chef-d’oeuvre, là où la version Crichton/salles est plus perçue comme un « grand film malade » pour reprendre l’expression).

C’est ce que je pense en tout cas. J’avais plutôt bien aimé Thomas Crown et Basic à l’époque mais je n’ai jamais eu envie de les revoir…et pour Rollerball, il n’y a rien à sauver…

J’avais bien accroché à Thomas Crown mais ça doit tenir au fait que j’adore Pierce Brosnan.

1 « J'aime »

Celui-là, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le film de McTiernan ; le remontage sauvage est à la fois très visible et indigne sur le plan narratif.

Je le trouve intéressant pour ce que le film suggère, et aussi pour certaines intentions tuées dans l’œuf. J’ai ce souvenir d’une déclaration de McTiernan qui voulait que son film possède le plus de plans possible, dépassant ce que Michael Bay ou Oliver Stone avaient pu faire avant lui, tout en proposant un film où les dialogues n’auraient pas de fonction narratives « basiques ». De mémoire, le film devait mélanger une multitude de nationalités et autres langues internationales, toute la narration passait par la mise en scène.

Le résultat final fut bien décevant, et ne montre qu’un brouillon des intentions initiales…

d’autant moins bête (perso je la trouve grandiose) que le rapport au langage est primordial dans le cinéma de McTiernan

l’histoire est plus compliquée que cela. De mémoire McTiernan n’a pas vraiment claqué la porte mais s’est fait doucement éjecté par la production et Crichton qui avait déjà commencé le montage selon sa vision du film

Avis à relativiser en connaissant la tendance maladive de McTiernan à dévaluer son propre travail. A l’opposé de ce qu’il dit on a Vladimir Kulich qui déclare que le montage initial a une approche autrement plus viscéral que le résultat final

Ce qui est certain par rapport aux différents entretiens, c’est que la scène avec la mère des Whendols a été tournée 2 fois. Avec McTiernan, et Crichton. De mémoire, c’est l’un des sujets où les 2 auteurs été en désaccord.

En l’état, j’ai découvert le film sans attente particulière. Je me souvenais d’un article d’impact, qui montrait des photos crépusculaires qui donnait envie, jusqu’à ce que le film soit enterré et sorti de manière totalement confidentiel.

Je suis fasciné par le cinéma de McTiernan, qui entretien avec celui de Tsui Hark une passion pour la deconstruction et la reconstruction d’icônes, et une envie de pousser toujours plus loin le langage cinématographique en utilisant les corps et l’environnement comme éléments narratifs marquant l’évolution des personnages.

En cela, le 13ème Guerrier est le film le plus abouti de McTiernan. À mes yeux, ce n’est même pas un chef d’œuvre maudit, c’est un chef d’œuvre tout court !

1 « J'aime »

Ah bon ?

Je vais me laisser tenter alors.

Oui…Crichton a rajeuni le personnage…

Idem. Je la trouve du niveau de la fameuse transition russe/anglais dans « A la poursuite d’Octobre Rouge ».

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