Une anthologie sur la thématique de l’horreur créée par Guillermo del Toro, dont chaque épisode sera signé par un réalisateur différent…
Horreur Série américaine Créée et présentée par Guillermo del Toro Réalisée par Panos Cosmatos, Keith Thomas, Catherine Hardwicke, David Prior, Guillermo Navarro, Vincenzo Natali, Ana Lily Amirpour, Jennifer Kent Avec Andrew Lincoln, Ben Barnes, Rupert Grint, Crispin Glover, Tim Blake Nelson… En 2022 sur Netflix
Lot 36 : Basé sur une histoire de Guillermo del Toro, l’épisode est réalisé par un de ses complices habituels, le directeur de la photographie Guillermo Navaro (devenu réalisateur en 2013, uniquement pour la télévision pour le moment…il a débuté par des épisodes d’Hannibal). Sans surprise, l’ensemble, en grande partie nocturne, est soigné visuellement. L’interprétation est solide, avec comme souvent un très bon Tim Blake Nelson. Le récit parle de ces choses que l’on garde dans le noir, tout en critiquant l’activité de mise aux enchères de box de stockage lorsque les loyers de ces derniers sont impayés. Le retour à la vie civile après l’armée et le racisme sont également abordés mais tout cela se perd un peu dans la première moitié qui fait graduellement monter la tension. Et je trouve justement que l’épisode, qui fait environ 45 minutes, aurait pu être un peu plus court, comme un épisode des Contes de la Crypte, pour gagner en efficacité. Le dernier acte est prenant, avec un design de créature accrocheur, avant un final un chouïa abrupt mais qui reste bien dans la thématique avec l’image du cadenas.
Rats de Cimetières : J’ai passé un très bon moment avec ce deuxième épisode, inspiré par une nouvelle de Henry Kuttner et dont le rendu est très EC Comics dans l’esprit. L’histoire d’un détrousseur de cadavres, savoureusement interprété par David Hewlett, qui s’enfonce de plus en plus profond sous terre malgré sa claustrophobie pour retrouver un corps emporté par une horde de rats. Il va être confronté aux pires horreurs…gigantesque rat mutant, prêtre zombie…tout au long d’une nuit très, très mouvementée. Vincenzo Natali a réussi ici l’équilibre entre humour (car ce segment est vraiment très fun) et horreur, images de synthèses et effets pratiques (le rat géant est juste excellent). Si le sujet a déjà été maintes fois exploité dans le cinéma d’horreur, le résultat est très divertissant…
L’Autopsie : Je ne connaissais pas le travail de David Prior…après recherche, il a surtout réalisé des courts métrages, des making-of et un seul long métrage, l’adaptation du comic-book horrifique de Cullen Bunn, The Empty Man (pas encore vu). Donc je l’ai découvert avec cette troisième entrée du Cabinet des Curiosités qui fait partie pour moi des meilleurs épisodes de la première moitié de saison avec le précédent, Rats de Cimetières. Le scénario signé David S. Goyer (d’après une nouvelle de Michael Shea) construit graduellement un bon suspense autour de l’enquête qui a coûté la vie à une dizaine d’ouvriers de la mine. La discussion entre le personnage principal, un légiste malade très bien interprété par F. Murray Abraham, et son ami shérif permettent d’en savoir plus sur les éléments de ce mystère avant une deuxième moitié inquiétante qui n’épargne aucun détail dégoûtant des autopsies…et ce n’est rien comparé au dernier acte qui mêle horreur organique et cosmique avec une certaine efficacité. Du début à la fin, il y a de bonnes idées de plans qui illustrent ce concept d’invasion, de l’infiniment grand à un univers plus « intérieur »…
La Prison des Apparences : Malgré ses qualités, cet épisode réalisé par Ana Lily Amirpour n’est pas celui qui m’a le plus marqué. Je l’ai trouvé un peu long et je n’ai pas toujours été convaincu par les choix de réalisation. Dommage car le sujet est fort (l’exploration des horreurs de l’industrie de la beauté) et bien servi par une Kate Micucci à l’incroyable visage expressif, presque cartoony, dans le rôle d’une femme au physique ingrat qui va sombrer de plus en plus dans la folie dans sa quête pour plaire à ses collègues horribles et vulgaires. L’histoire parle du culte des apparences dans les années 80 (les designs, les costumes piquent donc bien les yeux) et ne manque pas de moments étranges, complètement barrés, et déplaisants même dans la description d’une certaine violence mentale qui conduit l’héroïne à la pire des extrémités. Donc oui, il y a des choses intéressantes dans cet épisode…je dois juste être hermétique au style de la réalisatrice…
L’exposition : Je n’ai pas encore vu les deux films de Panos Cosmatos (c’est surtout Mandy qui m’intéresse le plus) et je découvre donc son travail avec cette entrée du Cabinet des Curiosités dont il a co-signé le scénario. J’ai jeté un oeil à quelques critiques et l’épisode divise plus que d’autres. Les « professionnels de la profession » le classent parmi les meilleurs de la série et pas mal de spectateurs de la série le trouvent horriblement ennuyeux. Il est clair que l’histoire détonne par ses choix, son esthétique.
Un homme riche vivant reclus (très bon Peter Weller) invite quatre personnes qui excellent dans leurs domaines respectifs (musique, littérature, science, paranormal) à partager une expérience alimentée par de l’alcool hors de prix, de la cocaïne expérimentale et une bonne dose de synthwave dans les oreilles (composée par Daniel Lopatin). Les deux premiers tiers de l’épisode consistent en six personnages réunis dans une même pièce, causant, buvant et se grillant les neurones avec la coke. Le genre d’exposition qui prend son temps et qui peut user la patience de beaucoup (et oui, c’est très lent). Mais Cosmatos est très fort pour créer une atmosphère en travaillant aussi bien l’image que le son. La forme prend alors le pas sur le fond mais ça a tout de même de la gueule. Après avoir « testé » ses invités, le richard montre enfin à ses invités la raison de leur présence, menant à un dernier acte aussi barré que gore, à base de visages fondant à la Aventuriers de l’Arche Perdue et de créature dégoulinante. Si l’ensemble est inégal, cet épisode ne manque pas de style et le monstre est une belle création au design imaginé par le dessinateur Guy Davis.
Le Modèle : Je n’ai jamais lu la nouvelle de Lovecraft qui a inspiré cet épisode et d’après ce que j’ai compris les auteurs ont pris des libertés, ce qui est inévitable compte-tenu de la façon d’écrire du reclus de Providence. J’ai survolé des avis et Le Modèle est souvent classé parmi les moins bonnes entrées du Cabinet des Curiosités car ces critiques trouvent que l’histoire n’a pas su restituer l’horreur particulière qui se dégage des écrits de HPL.
Naturellement, ce n’est pas un aspect qui m’a donc gêné et j’ai apprécié l’idée (le thème des peintures maléfiques qui « contaminent » en quelque sorte leur environnement), la construction du récit, l’interprétation (Crispin Glover sait toujours aussi bien jouer les types un peu glauques) et les effets chocs (de monstres qui traînent à la lisière de la perception à horreur saignante et plus frontale dans un final accrocheur).
Murmuration : Chaque épisode du Cabinet des Curiosités a son propre style, sa propre identité. Le dernier, Murmuration (d’après une histoire de del Toro), est plus calme, plus posé, plus triste car il parle avant tout d’une horreur bien trop réelle, la perte d’un enfant. Dans les années 50 (l’époque est bien choisie pour exprimer les différentes subtilités du récit), un couple d’ornithologue tente de se réfugier dans le travail pour essayer de reconstruire ce qui peut être reconstruit. Mais il y a un fossé qui commence à se creuser entre eux deux…et la maison dans laquelle ils logent le temps de leurs recherches a également ses propres fantômes… Murmuration parle de chagrin, de faire son deuil, avec justesse et sensibilité. Essie Davis et Andrew Lincoln livrent de très belles interprétations et la réalisation de Jennifer Kent est de qualité, aussi bien dans les moments intimistes et dramatiques que dans l’efficacité des apparitions surnaturelles. Emouvant et très beau…
Aucune idée. J’ai du regarder en tout trois séries Netflix et comme je ne suis plus l’actualité des galettes numériques, je ne sais pas s’il y en a qui sont déjà sorties en DVD/Blu-Ray…
La Maison de la Sorcière : Terminé le visionnage avec cette autre adaptation d’une nouvelle de H.P. Lovecraft. Pas mauvaise mais je ne la classerais pas dans le haut du panier de cette saison du Cabinet des Curiosités (si je devais choisir un trio de tête, ce serait L’Autopsie, Rats de Cimetière et Murmuration). Ce sixième épisode a ses qualités : l’interprétation, la direction artistique (le décor de la maison est très réussi), l’apparence de la sorcière (les différentes créatures sont vraiment soignées) mais les apports du scénario ont tout de même un peu de mal à cohabiter avec les éléments venant de la nouvelle de Lovecraft (je l’ai lue, celle-là). L’horreur cosmique est ainsi un peu oubliée au profit d’une aventure qui met plus l’accent sur l’amour fraternel. Le duo frère/soeur est touchant mais cela créé un certain décalage avec le reste (et le rat à visage humain fait plus sourire qu’autre chose).
Dans l’ensemble, et malgré les quelques défauts soulignés dans les posts ci-dessus, j’ai passé de très bons moments avec cette sélection d’histoires présentées par Guillermo del Toro. S’il y a une saison 2, j’en serais…