LE CABINET DES FIGURES DE CIRE (Paul Leni et Leo Birinsky)

REALISATEURS

Paul Leni et Leo Birinsky

SCENARISTE

Henrik Galeen

DISTRIBUTION

Emil Jannings, Conrad Veidt, Werner Krauss, William Dieterle…

INFOS

Long métrage allemand
Genre : fantastique
Titre original : Das Wachsfigurenkabinett
Année de production : 1924

Dans une fête foraine, le directeur d’une attraction qui présente des figures de cire de personnages historiques engage un écrivain pour s’occuper de la publicité et créer des biographies pour chacune des statues. Nul besoin de se rapprocher de la réalité…inspiré par la beauté de la fille du forain, il laisse libre cours à son imagination et revisite les histoires du calife de Badgad, de Ivan le Terrible et de Jack l’Eventreur (pour les sous-titres français…les intertitres anglais mentionnent « Jack talons-à-ressorts », personnage du folklore anglais datant de l’époque victorienne).

Le Cabinet des Figures de Cire de Paul Leni (surtout connu pour L’Homme qui rit, réalisé en 1928 aux U.S.A peu de temps avant son décès prématuré à l’âge de 44 ans) et Leo Birinsky se présente donc comme un film à sketches qui nous plonge dans l’imaginaire d’un écrivain (joué par William Dieterle, qui passera lui-même derrière la caméra…on lui doit notamment le Quasimodo avec Charles Laughton) qui n’hésite pas à se mettre lui-même en scène ainsi que l’élue de son coeur dans différentes situations. Et comme souvent avec le format anthologique, le résultat est un brin inégal.

La durée de chaque récit n’est pas très bien équilibrée. Ainsi, le premier, celui sur le calife de Bagdad Harun Al Rachid, est le plus long des trois. Il se distingue aussi des deux autres par son ton plus orienté vers la comédie, le vaudeville (le calife convoite la femme d’un boulanger). Mais les auteurs aiment aussi brouiller les pistes avec une sous-intrigue qui voit le boulanger tenter de voler la bague magique du calife pour impressionner son épouse. Dans ces instants, l’ambiance se fait plus oppressante, sensation exacerbée par le splendide travail sur les décors, élément essentiel de l’expressionnisme allemand. Les formes étranges, arrondies du palais du calife en font un endroit qui semble refléter sa personnalité toute entière et il sera difficile pour le pauvre boulanger de s’en échapper.

Le segment sur Ivan le Terrible est d’emblée plus sombre, porté par l’interprétation hallucinée de Conrad Veidt (Le cabinet du docteur Caligari). On peut qualifier ici son jeu d’outré, de trop démonstratif et dans un certain sens, c’est le cas…comme ce fut le cas pour beaucoup d’autres acteurs du muet. Mais son regard hanté, ses gestes théâtraux expriment bien la paranoïa du personnage…et sa lente descente dans la folie…

Le dernier chapitre n’en est pas vraiment un. Après avoir écrit les deux premières histoires, l’écrivain s’endort et rêve qu’il est poursuivi par Jack l’Eventreur qui s’en prend aussi à la fille du forain. Cette séquence dure à peine cinq minutes et utilise efficacement les surimpressions pour plonger ses protagonistes dans un onirisme cauchemardesque. Mais la fin tombe tout de même un peu à plat…

Paul Leni avait à l’origine prévu un long métrage un peu plus long…il y a en effet une quatrième statue dans Le Cabinet des Figures de Cire, mais on ne connaîtra pas son histoire à cause de problèmes de budget qui ont fait que les créateurs du film ont du revoir leurs plans à la baisse. Et c’est ce qui explique que Werner Krauss, prolifique acteur allemand (il était aussi dans Le Cabinet du Docteur Caligari en 1920), n’a pas vraiment grand chose à faire en Jack l’Eventreur.

Merci pour cette chronique.
J’ai trouvé un lien sur Arte pour les curieux de le découvrir. Je reviendrai quand je l’aurai visionné.

ginevra