LE CHÂTEAU DE FU MANCHU (Jess Franco)

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REALISATEUR

Jess Franco

SCENARISTE

Harry Alan Towers, d’après les personnages créés par Sax Rohmer

DISTRIBUTION

Christopher Lee, Richard Greene, Howard Marion-Crawford, Tsai Chin, Rosalba Neri…

INFOS

Long métrage britannique/ouest-allemand/espagnol/italien
Genre : action/suspense
Titre original : Castle of Fu Manchu
Année de production : 1969

Après avoir visionné Le Château de Fu Manchu, dernière entrée d’une série de films débutée en 1965 avec Le Masque de Fu Manchu, le scénariste et producteur Harry Alan Towers a déclaré au pape de l’eurotrash Jess Franco : « Tu as accompli l’impossible. Tu as tué Fu Manchu ». Je ne peux pas lui donner tort, Le Château de Fu Manchu est effectivement le dernier clou du cercueil des adaptations des romans de Sax Rohmer car le machiavélique Docteur n’est ensuite revenu que dans une comédie avec Peter Sellers (Le complot diabolique du Docteur Fu Manchu en 1980) et sous les traits de Nicolas Cage dans la fausse bande-annonce Grindhouse Werewolf Women of the SS de Rob Zombie.

Mais aussi médiocre que soit la réalisation de Jess Franco, Harry Alan Towers, qui a écrit tous les scénarios sous le pseudonyme de Peter Welbeck, a bien évidemment sa part de responsabilité dans la rapide dégradation en qualité de cette version ciné de l’oeuvre de Sax Rohmer. L’actrice Tsai Chin, qui incarne Lin Tang, la fille de Fu Manchu (l’un des personnages les plus sous-exploités de la franchise), a avoué en interview qu’elle n’avait même pas pris la peine de lire les scénarios des deux derniers films lorsqu’elle les a reçus, se contentant de prendre l’oseille et de ne pas être trop regardante sur le produit final.

La formule est exploitée jusqu’à l’écoeurement. Fu Manchu kidnappe un savant…encore…pour qu’il améliore sa dernière arme mortelle…encore…une machine capable de geler tous les océans du globe. Du déjà-vu amplifié par l’incohérent prologue qui voit la série se cannibaliser elle-même tout en incluant des scènes d’un autre long métrage (signe d’une production de plus en plus fauchée). Pour illustrer la démonstration de la machine de Fu Manchu, Jess Franco utilise le final des Les 13 Fiancées de Fu Manchu, entrecoupée de scènes tirées de Atlantique, latitude 41°, un film en N&B (bonjour, la continuité) sur le Titanic datant de 1958.
Eh oui, Fu Manchu coule carrément le Titanic !

Dans le même ordre d’idée, la scène de destruction du barrage est composée de plans de La Vallée de l’Or Noir (1957), un film d’aventures avec Dirk Bogarde (qui apparaît même brièvement à l’écran) dont l’action se déroule au Canada…alors que Le Château de Fu Manchu se passe à ce moment-là à Istanbul.
Et ce ne sont même pas les seuls exemples de stock-shots foireux intégrés par Jess Franco.

Montage bâclé (que de plans longs et ennuyeux), compositions mal fichues (les acteurs sont cadrés en dépit du bon sens), photographie hideuse (et souvent floue)…Jess Franco, qui enchaînait les pelloches au kilomètre (sept films rien qu’en 1969), est aussi mauvais derrière la caméra que devant (il s’est donné un petit rôle de flic je-m’en-foutiste). Et sa direction d’acteurs est inexistante : Christopher Lee n’en avait visiblement plus rien à faire, Richard Greene est un bien fade Nayland Smith et ce pauvre Howard Marion-Crawford semble très affaibli dans sa dernière apparition en Docteur Petrie (il est décédé peu après le tournage).

Comme d’habitude, l’histoire se termine par la déclaration de Fu Manchu…« Le Monde entendra encore parler de moi ». Mais cette fois…et heureusement…le génie du mal n’a pas mis sa menace à exécution…

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