LE CHIEN DES BASKERVILLE (Terence Fisher)

REALISATEUR

Terence Fisher

SCENARISTE

Peter Bryan, d’après le roman de Sir Arthur Conan Doyle

DISTRIBUTION

Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, Marla Landi…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : suspense/horreur
Titre original : The Hound of the Baskervilles
Année de production : 1959

Lorsque la Hammer se lance dans la production du Chien des Baskerville à la fin des années 50, il n’y avait plus eu de longs métrages mettant en vedette Sherlock Holmes depuis 1946 et La Clef, le quatorzième et dernier volet de la longue série interprétée par Basil Rathbone et Nigel Bruce. Entre ces deux dates, le célèbre détective sorti de l’imagination de Sir Arthur Conan Doyle avait trouvé refuge sur le petit écran, pour quelques téléfilms et deux séries télévisées, une pour la BBC en 1951 (qui n’a duré que 6 épisodes) et une autre un peu plus longue pour la télévision américaine (39 épisodes avec Ronald Howard dans le rôle-titre, en 1954/55).

Fondée en 1934, la Hammer ne trouva véritablement son identité qu’à partir de la seconde moitié des années 50, lorsque ses responsables décidèrent de redonner un coup de fouet aux figures classiques de l’horreur dans une suite de relectures flamboyantes. L’horreur gothique de la Hammer est née avec Frankenstein s’est échappé (1957) et Le Cauchemar de Dracula (1958)…et l’aventure de Sherlock Holmes la mieux adaptée, dans un premier temps, aux recettes créatives du studio était bien Le Chien des Baskerville.

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Le Chien des Baskerville, qui voit Sherlock Holmes et le docteur Watson enquêter sur l’étrange malédiction qui touche les membres de la riche famille Baskerville, avait déjà été (et sera encore) porté plusieurs fois à l’écran, l’une des adaptations les plus connues étant celle avec Basil Rathbone en 1939…mais la Hammer apportait pour la première fois la couleur et une équipe déjà bien rodée. Ce qui devait être le début d’une série déjà planifiée n’a pas connu de suite.
S’il ne fut pas un échec, Le Chien des Baskerville n’a pourtant pas été aussi bien reçu par le public que les films cités plus haut et la Hammer décida donc de se concentrer sur l’horreur et les nombreuses déclinaisons de Dracula, Frankenstein, la Momie, Jekyll & Hyde et autres Loup-Garou…

Ma dernière lecture du Chien des Baskerville remonte à plusieurs années, mais j’ai trouvé que le scénario de Peter Bryan en respectait bien la trame générale, tout en aménageant plusieurs changements qui s’accordent bien avec le style des longs métrages de la Hammer. La tension de certains passages clés s’en trouve renforcée, ainsi que l’atmosphère savamment travaillée par le réalisateur star Terence Fisher, qui venait d’enchaîner les deux premiers Frankenstein et Le Cauchemar de Dracula. La mise en valeur des décors, aussi bien en extérieurs qu’en studio; le travail sur les couleurs et la musique sont, comme souvent, remarquables.

À la distribution, on retrouve les deux acteurs indissociables de la Hammer, Peter Cushing et Christopher Lee. J’ai lu que le Holmes de Peter Cushing n’a pas toujours fait l’unanimité parmi les puristes de Arthur Conan Doyle…pour ma part, je le trouve excellent, fascinant dans sa détermination. L’une des bonnes idées du scénario est de ne pas trop faire tarder son retour dans le récit (car dans le roman de Doyle, Sherlock Holmes laisse un temps la place au Dr Watson). Ce n’est pas pour diminuer la prestation de André Morell en Watson (qui s’éloignait nettement du faire-valoir comique popularisé par Nigel Bruce dans les années 40) mais l’ensemble bénéficie clairement de la présence à l’écran de Peter Cushing.

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Après deux incarnations de monstres quasi-muets (la créature de Frankenstein et le Comte Dracula), Christopher Lee composait avec sobriété un rôle qui l’éloignait brièvement des créatures diaboliques. Son Sir Henry Baskerville est ainsi un noble déchu, le dernier de sa lignée, un homme qui essaye d’échapper à son destin.

Peter Cushing n’a pas continué à jouer Sherlock Holmes pour la Hammer, mais il a retrouvé le personnage à deux reprises, dans une série télé de la BBC en 1968 et le téléfilm Les Masques de la Mort en 1984. Christopher Lee a aussi incarné le limier de Baker Street : dans Sherlock Holmes et le Collier de la Mort en 1962 (ce n’est pas un Hammer mais une co-production franco-italo-allemande) ainsi que dans deux téléfilms au début des années 90 (son Watson était Patrick « John Steed » Mcnee). Lee fut même Mycroft Holmes dans La vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder en 1970 !

Il faut dire que c’est une des histoires les plus facilement adaptables en « grand spectacle ».
Déjà, c’est un roman, et non une nouvelle, ce qui donne plus de matière…
De plus, ce n’est pas qu’une enquête, beaucoup de thèmes s’y mêlent : on y parle de malédiction, le thème est proche de celui du loup-garou (et de la peur ancestrale de la bête), etc.

Ça fait longtemps que je n’ai pas vu ce film, mais son affiche (ou au moins la partie représentant le chien éponyme) a été utilisée à plusieurs reprises comme couverture du roman.

Tori.

Oui, je l’ai souvent vue. Sur ma vieille édition, ce n’est pas l’affiche qui a été choisie, mais une image du film…

Très bon souvenir de ce film, je l’ai d’ailleurs en DVD quelque part.
Paraît d’ailleurs qu’il y a une version Blu-Ray qui vient de sortir ; pour une fois je me tâte, la version DVD présentait une copie vraiment dégueulasse…

J’aime beaucoup Fisher de façon générale, mais j’avoue que si ce Chien des Baskerville n’est pas indigne, c’est loin d’être mon film préféré du réalisateur.

J’en retiens surtout le prologue, avec le Hugo Baskerville de David Oxley et son aéropage de nobles sadiques, qui me rappelle à chaque fois le tableau horrifique que fait un autre Hugo (Victor, celui-là) des « amusements » des nobles anglais du XVIIIe siècle dans le chapitre « Magister Elegantiarium » de L’Homme qui rit (un de mes romans préférés).

[quote=« Victor Hugo »]Aux clubs républicains avaient succédé les clubs monarchiques.
On s’y amusait décemment.
Il y avait le She romps Club. On prenait dans la rue une femme, une passante, une bourgeoise, aussi peu vieille et aussi peu laide que possible ; on la poussait dans le club, de force, et on la faisait marcher sur les mains, les pieds en l’air, le visage voilé par ses jupes retombantes. Si elle y mettait de la mauvaise grâce, on cinglait un peu de la cravache ce qui n’était plus voilé. C’était sa faute. Les écuyers de ce genre de manège s’appelaient « les sauteurs ».
Il y avait le Club des Éclairs de chaleur, métaphoriquement Merry-danses. On y faisait danser par des nègres et des blanches les danses des picantes et des timtirimbas du Pérou, notamment la Mozamala, « mauvaise fille », danse qui a pour triomphe la danseuse s’asseyant sur un tas de son auquel en se relevant elle laisse une empreinte callipyge. On s’y donnait pour spectacle un vers de Lucrèce, Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum. [NdT: « Alors, dans les forêts, Vénus rapprochait les corps des amants. »]
Il y avait le Hellfire Club, « Club des Flammes », où l’on jouait à être impie. C’était la joute des sacrilèges. L’enfer y était à l’enchère du plus gros blasphème.
Il y avait le Club des Coups de Tête, ainsi nommé parce qu’on y donnait des coups de tête aux gens. On avisait quelque portefaix à large poitrail et à l’air imbécile. On lui offrait, et au besoin on le contraignait d’accepter, un pot de porter pour se laisser donner quatre coups de tête dans la poitrine. Et là-dessus on pariait. Une fois, un homme, une grosse brute de gallois nommé Gogangerdd, expira au troisième coup de tête. Ceci parut grave. Il y eut enquête, et le jury d’indictement rendit ce verdict : « Mort d’un gonflement de cœur causé par excès de boisson ». Gogangerdd avait en effet bu le pot de porter.
Il y avait le Fun Club. Fun est, comme cant, comme humour, un mot spécial intraduisible. Le fun est à la farce ce que le piment est au sel. Pénétrer dans une maison, y briser une glace de prix, y balafrer les portraits de famille, empoisonner le chien, mettre un chat dans la volière, cela s’appelle « tailler une pièce de fun ». Donner une fausse mauvaise nouvelle qui fait prendre aux personnes le deuil à tort, c’est du fun. C’est le fun qui a fait un trou carré dans un Holbein à Hampton-Court. Le fun serait fier si c’était lui qui avait cassé les bras à la Vénus de Milo. Sous Jacques II, un jeune lord millionnaire qui avait mis le feu la nuit à une chaumière fit rire Londres aux éclats et fut proclamé roi du fun. Les pauvres diables de la chaumière s’étaient sauvés en chemise. Les membres du Fun Club, tous de la plus haute aristocratie, couraient Londres à l’heure où les bourgeois dorment, arrachaient les gonds des volets, coupaient les tuyaux des pompes, défonçaient les citernes, décrochaient les enseignes, saccageaient les cultures, éteignaient les réverbères, sciaient les poutres d’étai des maisons, cassaient les carreaux des fenêtres, surtout dans les quartiers indigents. C’étaient les riches qui faisaient cela aux misérables. C’est pourquoi nulle plainte possible. D’ailleurs c’était de la comédie. Ces mœurs n’ont pas tout à fait disparu. Sur divers points de l’Angleterre ou des possessions anglaises, à Guernesey par exemple, de temps en temps on vous dévaste un peu votre maison la nuit, on vous brise une clôture, on vous arrache le marteau de votre porte, etc. Si c’étaient des pauvres, on les enverrait au bagne ; mais ce sont d’aimables jeunes gens.
Le plus distingué des clubs était présidé par un empereur qui portait un croissant sur le front et qui s’appelait « le grand Mohock ». Le mohock dépassait le fun. Faire le mal pour le mal, tel était le programme. Le Mohock Club avait ce but grandiose : nuire. Pour remplir cette fonction, tous les moyens étaient bons. En devenant mohock, on prêtait serment d’être nuisible. Nuire à tout prix, n’importe quand, à n’importe qui, et n’importe comment, était le devoir. Tout membre du Mohock Club devait avoir un talent. L’un était « maître de danse » , c’est-à-dire faisait gambader les manants en leur lardant les mollets de son épée. D’autres savaient « faire suer », c’est-à-dire improviser autour d’un bélître quelconque une ronde de six ou huit gentilshommes la rapière à la main ; étant entouré de toutes parts, il était impossible que le bélître ne tournât pas le dos à quelqu’un ; le gentilhomme à qui l’homme montrait le dos l’en châtiait par un coup de pointe qui le faisait pirouetter ; un nouveau coup de pointe aux reins avertissait le quidam que quelqu’un de noble était derrière lui, et ainsi de suite, chacun piquant à son tout ; quand l’homme, enfermé dans ce cercle d’épées, et tout ensanglanté, avait assez tourné et dansé, on le faisait bâtonner par des laquais pour changer le cours de ses idées. D’autres « tapaient le lion », c’est-à-dire arrêtaient en riant un passant, lui écrasaient le nez d’un coup de poing, et lui enfonçaient leurs deux pouces dans les deux yeux. Si les yeux étaient crevés, on les lui payait.
C’étaient là, au commencement du dix-huitième siècle, les passe-temps des opulents oisifs de Londres. Les oisifs de Paris en avaient d’autres. M. de Charolais lâchait son coup de fusil à un bourgeois sur le seuil de sa porte. De tout temps la jeunesse s’est amusée.[/quote]

Dur de passer après ça, par contre. Les scènes nocturnes dans les ruines font toujours leur effet, mais tout le reste est un peu fade. Il y manque le magnétisme érotique et la folie visuelle dans les cadrages qui sont pour moi la marque du meilleur Fisher.

Le Hellfire Club?

Ben,ça me dit quelque chose…

aréopage (ça provient d’Arès, pas de l’air)… ~___^

Tori.

Touché. :blush:

La faute est classique… On a tellement peur de dire aréoport qu’on « corrige » aussi aréopage (mais comme beaucoup de gens ne connaissent même pas le mot)… ~___^
C’est un peu comme caparaçon, qu’on a tendance à dire et écrire carapaçon.

Tori.

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David Brooks :

Rick Melton :

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