Le coin des histoires courtes

Wolverine & the X-Men #24 (janvier 2013)
Ain’t No Sin To Be Glad You’re Alive
scénario: Jason Aaron
dessin: David López
encrage: Alvaro López

Un excellent fill-in, assurément un des meilleurs que j’ai pu lire ces dernières années, qui permet à Aaron de faire un point sur les relations entre certains personnages, et plus largement d’écrire un épisode entièrement focalisé sur la dimension Soap Opera de la franchise.

Le scénariste s’approprie efficacement cette étape incontournable, ce passage obligé comme le rappelle Quentin Quire lors d’une scène irrésistible avec Jean Grey (« S’il est une chose qu’on fait plus souvent que de voyager dans le temps ou de revenir d’entre les morts…c’est de se draguer entre nous »).

L’histoire se concentre sur une série de rencards qui se finissent plus ou moins bien, débouchant sur des constats sensiblement différents, qui montrent bien que les personnages sont décidés à ne pas refaire les mêmes erreurs, voulant manifestement mettre de côté les regrets et la tendance à se morfondre, pour accepter le changement et les responsabilités et apprécier l’instant présent.

Le scénariste utilise le groupe de nouveau plus comme une famille recomposée à grande échelle plutôt qu’en tant équipe lambda, retrouvant fugacement un élément propre au charme de la période des 80’s, propice aux intermèdes portant sur la caractérisation des personnages et l’approfondissement de leur psychologie. Aaron semble renouer avec le sens du fun caractéristique de certains arcs de la période Claremont (Asgardian Wars pour citer un de mes préférés).

L’épisode est également l’occasion de développer la relation d’un jeune couple prometteur à ce moment-là, mais ça c’était avant que Bendis fasse son petit caprice et décide au moment du crossover (ou plutôt la purge) Battle of the Atom de s’accaparer le personnage de Kitty Pryde que Aaron écrivait d’une manière bien plus satisfaisante.

Les interactions sont dans l’ensemble très réussies, parsemées de dialogues justes et touchants, qui montrent bien que le scénariste maîtrise très bien les fondamentaux de la série. Cela se voit avec plein de petits détails, ça peut sembler anodin lorsque Bobby mentionne sa présence dans l’équipe des Champions, mais cela témoigne d’un sens de la dérision et d’une gestion astucieuse de la continuité, preuve que ce n’est pas forcément un fardeau mais plutôt une richesse potentielle, dès lors que les scénaristes savent bien s’en servir.

Aaron arrive à bien traiter les divers protagonistes de la série en un seul et même épisode, avec des intrigues assez denses (des arcs en trois numéros bien remplis ça change agréablement de la tendance à la décompression) comme le montre cet épisode d’accalmie entre la saga du cirque de Frankenstein hommage à Byrne et le très bon arc en Terre sauvage (là encore un élément incontournable de la série revisité) assez rare et appréciable pour les enseignants de l’école vu la folie ambiante du titre.
Ce moment de calme relatif permet de découvrir certains professeurs dans des rôles inattendus, qu’il s’agisse de Logan en baby-sitter et Deathlok en capitaine de soirée, ou encore Ororo qui arbore à nouveau son ancien look (ce qui correspond je trouve à la période la plus intéressante du personnage).

Wolverine & the X-Men _24 p18

La partie graphique assurée par les frères Lopez s’accorde très bien à ce type d’intrigues, fonctionnant parfaitement notamment dans la représentation des expressions faciales et au niveau du dynamisme des scènes d’actions. Enfin bref un épisode bien représentatif des qualités de la série, qui a permis de redonner beaucoup de fraîcheur et d’inventivité à une franchise qui commençait à en avoir bien besoin.