LE CRABE AUX PINCES D'OR (Claude Misonne)

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REALISATRICE

Claude Misonne, d’après Le Crabe aux Pinces d’Or d’Hergé

VOIX

A. Charles, R. Chrus, R. Darvère, E. David…

INFOS

Long métrage belge
Genre : animation/aventures
Année de production : 1947

En décembre 1947, les lecteurs du Journal de Tintin ont pu découvrir (un peu tard) une publicité pleine page annonçant la sortie récente du tout premier long métrage d’animation consacré au petit reporter créé par Hergé. D’après un tableau d’horaires que l’on pouvait retrouver dans le même numéro, des projections étaient prévues jusqu’au 11 janvier 1948 au Théâtre de l’A.B.C. de Bruxelles…mais celles-ci n’eurent jamais lieu. Après la première projection (qui, selon plusieurs témoignages, afficha complet), le film fut saisi pour éponger les dettes du producteur Wilfried Bouchery qui s’était déjà réfugié en Amérique du Sud. Le long métrage tomba ensuite dans l’oubli avant d’être redécouvert une quarantaine d’années plus tard (il est même sorti en DVD).

Hergé ne s’était pas douté qu’il avait affaire à un producteur louche lorsqu’il vendit les droits d’adaptation du Crabe aux Pinces d’Or (le neuvième album de la série, dans lequel Tintin rencontre le Capitaine Haddock alors qu’il enquête sur un trafic d’opium) à Wilfried Bouchery. La seule consigne de l’auteur était que le résultat final devait être le plus fidèle possible à la bande dessinée.

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La consigne fut respectée par la réalisatrice et animatrice Claude Misonne, dont l’une des spécialités était l’animation image par image de poupées de chiffon (technique employée ici), et son mari et collaborateur Joao Batistas Michiels. Le film respecte l’histoire et les péripéties imaginées par Hergé (jusqu’à reprendre directement de nombreuses cases) et seuls quelques rebondissements sont passés à la trappe, principalement à cause du budget très limité. Lorsque ce filou de Bouchery quitta la Belgique pour fuir ses créanciers, les créateurs durent terminer la réalisation avec les moyens du bord pour tenir leurs engagements.

C’est ce qui explique notamment l’aspect souvent rudimentaire de l’animation et l’emploi de prises de vues réelles pour les inserts se déroulant au port. Les mouvements ne sont pas toujours très fluides et les poupées sont souvent un peu trop statiques dans les moments-clés, ce qui ôte tout dynamisme aux scènes d’action qui en deviennent bien mollassones.

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Mais malgré ces défauts (dont une musique un peu trop envahissante), l’ensemble dégage tout de même un véritable charme suranné. Les moyens manquaient, mais les idées étaient là, avec de bonnes astuces pour transposer les passages les plus délicats, comme l’attaque de l’hydravion, les cauchemars et les hallucinations en plein désert. Les accents utilisés par les acteurs sont assez croustillants et Milou a une voix féminine toute fluette.

Il y a tout de même une réplique qui écorche les oreilles et qui montre que cette adaptation a été produite à partir de la première édition du Crabe aux Pinces d’Or (avant la modification qui a suivi) : quand le Capitaine Haddock lance un « arrêtez ce n… » à la poursuite du bourreau noir qui vient de le bastonner.

Il a ensuite fallu attendre le début des années 60 pour que Tintin fasse son retour au cinéma, dans deux longs métrages en prises de vues réelles : Tintin et le Mystère de la Toison d’Or en 1961 et Tintin et les Oranges Bleues en 1964. Dans ces aventures spécialement écrites pour le cinéma, Jean-Pierre Talbot joue Tintin et le capitaine Haddock a été incarné respectivement par George Wilson et Jean Bouise.

C’est con : ils auraient dû continuer l’exploitation, et que les recettes servent à éponger les dettes, non ?

Tu veux dire que le son est censuré, ou qu’ils prononcent bien le mot « nègre », mais que tu n’as pas voulu, toi-même, l’utiliser ?
Au passage, dans la version ultérieure, le noir est devenu un homme basané, qui ferait plutôt penser à un turc, et le mot « nègre » remplacé par « homme »…

Tori.

Le capitaine Haddock prononce bien le mot en N (ouais, je n’aime pas l’utiliser…pour les « prête-plumes », je préfère employer le terme anglo-saxon par exemple : « écrivain fantôme »).

Je ne connaissais pas ce film !
Ils en parlent au musée Hergé de Louvain la neuve ?

Je crois que la première fois que j’en ai entendu parler, c’est en cherchant des infos sur le spectacle de marionnettes de Spirou (première apparition visuelle du personnage de Fantasio)…

Tori.

Je l’ai en dvd.

Très beau.