LE DRAMATURGE (Daren White / Eddie Campbell)

Le dramaturge
*Scénario : Daren White
Dessins : Eddie Campbell
Titre original : The playwright
Traduction de Jean-Paul Jennequin Lettrage de Hélène Duhamel
Parution : jeudi 14 juin 2012
Format : 23x14 cm, relié
160 pages N&B
Prix de vente : 18 euros
ISBN : 978-2-916207-73-5

Après le massif, Alec qui couvrait des décennies de sa propre vie, Eddie Campbell réalise cet ouvrage beaucoup plus modeste en taille, mais tout aussi magistral, consacré à un écrivain d’âge moyen, refoulé sexuel. Ce dramaturge a rencontré le succès en écrivant sur la vie, mais il échoue totalement à vivre la sienne. Le quotidien de ce personnage solitaire est dépeint dans une série de vignettes, un trajet dans l’autobus, l’encaissement d’un chèque, un déjeuner avec son agent, qui en général provoquent chez lui moults fantasmes sexuels. Peu à peu, il se trouve de nouveau en prise avec le monde en se rapprochant de sa famille dont il n’avait plus de nouvelles depuis qu’il avait utilisé l’histoire de ses proches comme matériau pour ses pièces. Il commence à développer des liens affectifs avec son entourage (son frère handicapé mental, l’aide-soignante de celui-ci), ce qui aura un effet délétère sur sa créativité. Eddie Campbell travaille à partir d’une histoire de son scénariste occasionnel, Daren White, et leur collaboration est sans faille. Sur les pages horizontales, comportant chacune deux ou trois cases peintes à l’aquarelle, le duo d’auteurs évite les dialogues et les bulles en faveur d’une narration omnisciente placée au-dessus des dessins, une approche qui reflète le détachement du dramaturge de la société. Une œuvre sensible et drôle mais qui laisse percer une pointe d’amertume.

Daren White*
Anglais, Darren White vit à Brisbane, Australie, depuis 20 ans, il y a rencontré Eddie Campbell en 1993. Il est l’éditeur de l’anthologie de bande dessinée australienne « DeeVee » (1997/2007), dans laquelle les premiers chapitres du « Dramaturge » ont été publiés. Darren White a écrit de nombreuses histoires courtes notamment pour le magazine Bacchus et pour Dark Horse Comics, et « Batman : Order of the Beasts » pour DC Comics, avec Eddie Campbell au dessin.

Le Dramaturge (The Playwright) a été publié en avril 2010 chez Top Shelf (Etats-Unis)

At times painful and uncomfortable, this quiet character study details the playwright’s state of relentless mental narration and succeeds on several levels, but its most potent component is the clearly recognizable and utterly naked humanity. “ Publishers Weekly

Eddie Campbell
Eddie Campbell est né en 1955 à Glasgow en Ecosse. Il commence sa carrière d’auteur de bandes dessinées à la fin des années 70 au sein de la scène indépendante anglaise. Il collabore à la plupart des fanzines de l’époque, dont F ast Fiction ! , Gag ! ou Flick dans lesquels il publie notamment les premières histoires courtes de son alter ego Alec MacGarry.

En 1986, il quitte l’Angleterre pour s’installer avec sa femme en Australie. A partir de la fin des années 80 il participe à de nombreux magazines publiés par des éditeurs anglais et américains comme Knockabout , Fantagraphics ou Dark Horse Presents et crée le personnage de la série Bacchus qu’il utilisera pendant près de 15 années.

En 1995, il crée sa propre structure d’édition, Eddie Campbell Comics , où il publiera l’intégrale de la série Bacchus (jusqu’en 2001), ainsi que les quatre volumes de la série Alec qui regroupent l’essentiel des histoires auparavant dispersées chez de nombreux éditeurs. En 1989 avait débuté dans le magazine Taboo la parution de From Hell avec Alan Moore au scénario et Eddie Campbell au dessin. Après de nombreuses péripéties, les dépôts de bilans de deux éditeurs et près de dix années de parution irrégulière, le recueil de l’intégrale de From Hell deviendra l’un des plus grands succès du roman graphique aux États-unis et sera adapté en film en 2001.

L’œuvre de Eddie Campbell a été récompensée par de nombreux prix à travers le monde. l a notamment reçu des Eisner et Harvey Awards ainsi que le Prix de la Critique du Festival d’Angoulême pour From Hell avec Alan Moore en 2001.

Lien:
Le site de l’éditeur : www.caetla.fr

Ma chronique, positive, ici

C’est un étonnant bouquin, où on se prend alternativement de pitié et de rejet envers ce(t anti-)héros parfois à la limite du malsain. Le fait que l’on ne parle de lui que comme d’une fonction, ses errances intellectuelles autant que ses carences affectives et sociales, tout cela nous le rend antipathique mais en même temps, la narration est justement détachée de son sujet. Du coup le ressenti est moins vif et le personnage plus supportable.
Son évolution est interressante elle aussi, quoi qu’un poil trop rapide. En fait on change de rythme entre les premières scènes et les dernières, alors que le storytelling de Campbell reste d’une linéarité exemplaire, sans doute due (mais sans doute voulue aussi) au format, le fameux « à l’italienne ». Et puis comparé aux gravures limite austères de From Hell ou au trait clair et réaliste (de la plupart) des Alec, les lignes tremblottantes et l’aspect aquarelle rendent aussi l’expérience plus douce.
Un étonnant bouquin, mais qui vaut le coup d’oeil à mon sens.

A … pas d’idée !

Quel drame !

Tori.

C’est intéressant, et aussi assez marrant, cette chronique d’un écrivain qui, en définitive, ne pense qu’au cul.

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C’est un livre qui parle de l’inspiration, du mystère de l’écriture, du rapport à la vie réelle, mais en inversant le propos. Souvent, on a un écrivain raté, ou frustré, ou en galère, ou les trois en même temps, qui cherche l’inspiration dans le réel sans jamais la trouver. Mais ici, c’est l’inverse : il a réussi, ses romans, ses pièces, sa série télé, même ses cartes postales grivoises ont connu le succès. C’est un entrepreneur compétent qui s’est rapidement retrouvé à l’abri du besoin. Daren White parvient donc à évoquer les affres de la création avec un personnage qui n’est pas à plaindre. Pour mieux mettre en évidence le fait qu’il est passé à côté de sa vie. La conclusion du récit, d’ailleurs, retourne encore une fois les clichés de ce genre d’histoires.

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Question narration, c’est assez subtil. Les pages sont composées d’un strip d’environ trois cases, dont la voix off est disposée au-dessus des vignettes. Il n’y a aucune bulle, aucune onomatopée. Seulement des images commentées. L’intérêt réside dans les décalages entre ce qui est dit et ce qui est montré. L’image se charge parfois de représenter les fantasmes du dramaturge, ou bien de montrer une action qui aura son importance par la suite, mais qui n’est pas à ce moment évoquée par le texte. Cela génère de l’ironie, de l’attente et, d’une certaine manière, une sorte de polyphonie.

Reste le travail de Campbell lui-même. Je ne suis pas toujours client de ses couleurs, ni de ses zooms extrêmes sur des dessins qu’il retouche pour en varier l’expression ou le contenu. Mais on retrouve bien entendu son expressivité et sa capacité à synthétiser et à retranscrire des ambiances.

Livre étrange, qui a pour propos de faire voir sous un autre angle.

Jim

Hum … tu as l’occasion de retourner chez Noz ?

Héhé.
Je vais tenter aujourd’hui, alors.
:wink:

Jim

Hop, récupéré.
Je mets un post-it à ton nom dessus.

Jim

Cool, merci !

On se croisera entre le dix-huitième et le dix-neuvième confinement…

Jim

D’ici la fin de l’année je dois passé deux jours dans la Manche … je te dirai.

ça roule.
Faut que je regarde si j’ai d’autres choses pour toi, je sais plus…

Jim

Je crois pas. Mais moi, j’ai un peu de choses pour toi …

Ah bah cool, alors !

Jim