REALISATEUR
Simon Wincer
SCENARISTE
Jeffrey Boam, d’après la bande dessinée de Lee Falk
DISTRIBUTION
Billy Zane, Treat Williams, Kristy Swanson, Catherine Zeta-Jones, James Remar, Patrick McGoohan…
INFOS
Long métrage américain/australien
Genre : aventures
Titre original : The Phantom
Année de production : 1996
« Je prête serment de consacrer ma vie à la destruction de la piraterie, l’avidité, la cruauté, et l’injustice, sous toutes leurs formes. Mes fils et leurs fils devront en faire de même. »
Parce que les responsabilités du Fantôme (ainsi que sa combinaison violette) sont transmises de génération en génération, il existe au Bengalla (et pas au Bengale…contresens de la publication française puisque que le Fantôme évolue en Afrique et pas en Inde) une légende qui prétend que le justicier est immortel. Pour eux, il est l’Ombre qui marche, l’homme qui ne peut pas mourir !
Créé en 1936 (joyeux 80ème anniversaire, Ombre qui marche !) par Lee Falk pour une publication quotidienne dans la presse américaine, le Fantôme fut adapté pour le grand écran dès 1943 dans un serial en 15 épisodes distribué par la Columbia. Le Fantôme, qui n’avait pas encore été nommé dans le strip de presse (c’est pour cette raison qu’il se présente à l’écran sous le nom de Geoffrey Prescott au lieu de Kit Walker), y est interprété par Tom Tyler, prolifique cow-boy de série B qui fut le premier comédien à incarner un super-héros en 1941 dans le serial Adventures of Captain Marvel.
Il faudra ensuite attendre les années 90 pour retrouver le personnage au cinéma dans son premier grand film de studio. Entre-temps, Sergio Leone travailla sur une potentielle adaptation qui ne fut jamais finalisée…contrairement aux versions pirates du cinéma d’exploitation turc.
Au début des années 90, Joe Dante est engagé pour réaliser un film sur le Fantôme par la Paramount. Avec le scénariste Jeffrey Boam (L’Aventure Intérieure, Indiana Jones et la dernière croisade), il développe un script au ton parodique (selon Joe Dante, le climax impliquait même un démon ailé).
L’échec de The Shadow avec Alec Baldwin, un autre héros né dans les années 30, poussa la Paramount à retarder le projet afin de le retravailler.
Pendant cette période, le comédien Billy Zane (Calme Blanc, Titanic) fut préféré à Bruce Campbell (Evil Dead) et le néo-zélandais Kevin Smith (Arès dans les séries Hercule et Xena) pour endosser le costume du Fantôme. Passionné par le rôle, il profita du délai pour se forger pendant plus d’un an un corps d’athlète et étudia précisément les cases de la bande dessinée pour reproduire le langage corporel du Fantôme. Un travail de longue haleine pour un résultat convaincant : séducteur, charismatique, il est aussi à l’aise en Kit Walker, la 21ème incarnation du Fantôme, que dans le costume violet de ce « Batman de la Jungle » (il a sa cave, son valet et même son commissaire Gordon) et il assure le spectacle lors de virevoltantes scènes d’action.
Lorsque la production fut relancée, Joe Dante, pris par d’autres engagements, fut remplacé par le réalisateur australien Simon Wincer (Mr Quigley l’australien, Sauvez Willy). Grand fan du héros depuis l’enfance, il demanda des modifications de scénario afin d’en gommer une grande partie des aspects les plus humoristiques pour conserver l’esprit de la bande dessinée. Le film s’inspire de plusieurs éléments du strip de Lee Falk (la confrérie Singh; Salla, la leader du Sky Band, un groupe de pirates de l’air composé uniquement de femmes; le Fantôme qui affronte l’assassin de son père…) et injecte des éléments surnaturels à travers la quête du méchant Xander Drax, à la recherche de trois crânes aux immenses pouvoirs.
Respectueux de la mythologie du personnage tout en s’accordant quelques libertés, Le Fantôme du Bengale est un très bon divertissement, aux nombreuses péripéties menées sur un rythme soutenu, aux combats bondissants et aux décors magnifiques.
Aux côtés de Billy Zane, la sympathique distribution navigue constamment entre le sérieux et le surjeu : la jolie Kristy Swanson (la première Buffy) est Diana Palmer, l*'intérêt amoureux* du Fantôme (ce qui n’est pas la partie la mieux développée de l’histoire, car Simon Wincer a préféré mettre l’accent sur l’aventure plutôt que sur la romance); Treat Williams (Il était une fois en Amérique) incarne le mégalomane Xander Drax comme s’il sortait d’un serial des années 30; Catherine Zeta-Jones prête son charme à une aviatrice pas si méchante que ça (rédemption du personnage qui est tout de même traitée avec des gros sabots); James Remar, prolifique et excellent second rôle du petit et du grand écran U.S., est l’homme de main de Xander Drax et assassin du père de Kit Walker, que l’on retrouve en présence fantomatique sous les traits de Patrick McGoohan (Le Prisonnier).
Une trilogie avait été envisagée, puisque Billy Zane avait déjà signé pour reprendre le rôle du Fantôme dans deux autres longs métrages, mais les résultats décevants au box-office mondial en décidèrent autrement. Suite aux bons chiffres des ventes en DVD et Blu-Ray, la mise en chantier d’un nouveau film consacré au Fantôme a été annoncé en 2008, mais ce projet semble s’être depuis perdu dans les limbes du development hell.