REALISATEUR
Lamont Johnson
SCENARISTES
Stewart Harding et Jean LaFleur
DISTRIBUTION
Peter Strauss, Molly Ringwald, Ernie Hudson, Michael Ironside…
INFOS
Long métrage américain/canadien
Genre : science-fiction/aventures
Titre original : Spacehunter - Adventures in the forbidden Zone
Année de production : 1983
Le western et la science-fiction sont des genres qui ont toujours fait bon ménage…les codes visuels et les thèmes du premier ont influencé à de nombreuses reprises les représentations futuristes de sociétés en pleine reconstruction après un conflit destructeur ou lancées dans la colonisation d’autres planètes. L’espace, cette frontière de l’infini, prend alors la place des étendues sauvages de l’Ouest.
Pour prendre quelques exemples…Gene Roddenberry a décrit Star Trek comme un « convoi à travers les étoiles ». Star Wars doit bien évidemment beaucoup au western (mais pas que…). Han Solo est un pistolero et la cantina de Mos Eisley un saloon dans la grande tradition du genre. Outland de Peter Hyams reprend la trame du Train sifflera trois fois sur une colonie minière de Jupiter. Le scénariste de comics Peter David a écrit un western spatial avec Oblivion et sa suite directe…et plus récemment, on trouve aussi sur le petit écran l’excellente série Firefly de Joss Whedon.
Au début des années 80, le western connaissait une des ses régulières périodes de vache maigre après des années fastes. Le succès de Star Wars de George Lucas a été le déclencheur d’un retour de la S.F. sous toutes ses formes, genre sur lequel les studios ne misaient plus tellement les années précédentes. Et certaines de ces productions se sont révées être des westerns à peine déguisés, comme Outland cité plus haut ou Les Mercenaires de l’espace, remake officieux des 7 Mercenaires produit par Roger Corman.
Moins connu, Spacehunter : Adventures in the Forbidden Zone (Le Guerrier de l’Espace en V.F.), co-production américano-canadienne, a repris la figure du chasseur de primes/mercenaire.
Le héros du film, interprété par Peter Strauss, est Wolff (un loup presque solitaire), le capitaine d’un vaisseau qui a connnu des jours meilleurs. Farouchement indépendant, toujours fourré dans les plans les plus louches, Wolff accepte toutes les missions qui peuvent lui permettre de régler ses nombreuses dettes. Le Han Solo de Spacehunter, c’est lui. Mais Wolff ne voyage pas avec une carpette ambulante…son co-pilote est une androïde sexy répondant au nom de Chalmers.
Wolff découvre qu’il existe une récompense pour le sauvetage de 3 jeunes femmes, seules rescapées de l’explosion d’un vaisseau de croisière. Hélas pour elles, leur capsule s’est écrasée sur Terra IX, une colonie retournée à l’état sauvage après un conflit nucléaire. Les filles sont vite capturées par les serviteurs de Overlord (Le Suprême en V.F.), un mutant qui règne par la terreur sur la Zone Interdite.
Arrivé sur Terra IX, Wolff se retrouve pris dans un règlement de compte entre nomades et mutants et doit se séparer de Chalmers. Alors qu’il pénètre dans la Zone Interdite, il tombe sur une intrépide jeune fille, Nikki, qu’il prend sous son aile (en même temps, elle ne lui a pas vraiment laissé le choix) et qui va lui servir de guide. Et cela va sans dire, la route vers la forteresse de Overlord sera semée d’embûches…
Spacehunter/Le Guerrier de l’Espace ne passe pas beaucoup de temps dans l’espace. Budget modeste oblige, l’essentiel de l’action se passe sur Terra IX et si les décors de l’Utah et la partition musicale héroïque de Elmer Bernstein (Les 7 Mercenaires) évoquent bien entendu le western, l’esthétique des véhicules, des décors et costumes du peuple de la Zone Interdite font penser à l’univers post-apocalyptique de Mad Max. Et certaines des créatures affrontées par les héros au cours de leur périple ont l’air de sortir tout droit d’une bisserie italienne (il y a aussi un ersatz du dianoga de Star Wars).
Wolff et Nikki vont également croiser la route d’une vieille connaissance du bourlingueur de l’espace, Washington, un soldat venu sauver les trois prisonnières. Incarné par Ernie Hudson (S.O.S. Fantômes), Washington est le Lando Calrissian de Wolff, sympathique renfort de ce trio hétéroclite. Petit mot sur la seule fille de l’équipe : Nikki est jouée par Molly Ringwald, la future star des comédies de John Hughes (Breakfast Club) alors âgée de 15 ans. Passablement irritante (et la V.F. n’arrange pas ce trait de caractère), je me suis tout de même demandé à plusieurs reprises comment Wolff arrive à la supporter et à se prendre d’affection pour elle.
Peut-être voit-il en elle la petite soeur qu’il n’a jamais eu…parce que l’alternative serait bien glauque.
Le mutant Overlord, c’est le charismatique second rôle Michael Ironside (Scanners), affublé d’un impressionnant maquillage. Monté sur une grue, avec des griffes de métal géantes en guise de mains, Overlord distrait ses troupes au moyen de violents jeux du cirque et se nourrit de la force vitale de ses victimes. Avec un acteur de cette trempe, il est dommage que Overlord se révèle être un méchant uni-dimensionnel et très peu développé. Ironside cabotine tout de même bien comme il faut dans ce costume improbable qui n’est pas sans rappeler les Cénobites d’Hellraiser.
Bien qu’elle soit limitée par ses moyens et par une réalisation qui manque de style, Le Guerrier de l’Espace est une petite série B tout à fait divertissante, notamment grâce à une bonne galerie de personnages (même si Molly Ringwald est souvent insupportable), des références bien digérées, un rythme décent et des scènes d’action accrocheuses.
Wolff et Nikki auraient pu revenir pour de nouvelles aventures…mais le film ne connut pas le succès escompté. Il faut dire que Le Guerrier de l’Espace est sorti en mai 1983…la même semaine qu’un certain Retour du Jedi.