REALISATEUR & SCENARISTE
Crane Wilbur, d’après la pièce de théâtre de Mary Roberts Rinehart et Avery Hopwood
DISTRIBUTION
Vincent Price, Agnes Moorehead, Gavin Gordon, John Sutton, Lenita Lane…
INFOS
Long métrage américain
Genre : thriller
Titre original : The Bat
Année de production : 1959
The Bat (ou Le Masque en V.F.) est la troisième déclinaison cinématographique d’une pièce de théâtre qui connut un grand succès à Broadway au début des années 20, avec plus de 800 représentations.
Créée par Mary Roberts Rinehart et Avery Hopwood, The Bat est un suspense qui prend place dans un vieux manoir dont les occupants recherchent un butin caché par l’ancien propriétaire des lieux, alors qu’un tueur masqué surnommé The Bat, lui aussi attiré par le trésor, les assassine un par un.
La première adaptation, The Bat (L’oiseau de nuit en V.F.), est sortie en 1926 et a été réalisé par Roland West, qui mettra lui-même en scène le remake quatre ans plus tard, sous un titre légèrement différent, The Bat whispers. Pour la petite histoire, Bob Kane a avoué que l’imagerie du vilain de The Bat whispers fit partie de ses nombreuses inspirations pour la création de Batman (et le film de 1926 aussi, j’en ai bien l’impression vu les images que l’on peut trouver sur la toile).
La pièce fut donc portée à l’écran une troisième et dernière fois en 1959. Il existe également trois versions télévisées, deux américaines et une allemande.
On doit Le Masque à Crane Wilbur, acteur, scénariste et réalisateur dont la carrière a débuté remonte au temps du muet. En tant que scénariste, il a notamment signé Le Monstre avec Lon Chaney (également réalisé par Roland West) et L’Homme au Masque de cire avec le grand Vincent Price. Il dirige d’ailleurs ici Vincent Price, mais dans un rôle secondaire. La tête d’affiche est Agnès Moorehead, que le grand public connaît surtout pour le rôle d’Endora, la mère de Samantha dans la célèbre série Ma Sorcière bien-aimée.
L’interprétation est l’un des points forts de ce The Bat des fifties. Le duo que forme Agnès Moorehead avec Lenita Lane, qui joue sa femme de chambre (bien qu’on ne la voit pas faire grand chose dans le film) et qui l’accompagne en toutes occasions, est très réussi, avec une alchimie évidente bien servie par des dialogues savoureux. Vincent Price, un peu sous-exploité tout de même, assure avec sa classe habituelle un rôle à plusieurs facettes.
À la réalisation, Crane Wilbur fignole de très beaux plans et se sert de toutes les possibilités qu’offre le superbe décor au centre de l’histoire. Comparé aux deux précédentes versions, The Bat se présente ici de façon plus sobre : costume noir, cagoule noire et gants griffus. Il justifie son surnom par l’emploi de gadgets, dont une chauve-souris mécanique qu’il utilise pour effrayer les héroïnes.
Si le long métrage se tient bien formellement, avec notamment quelques bonnes idées de mise en scène lors des attaques de The Bat et une atmosphère assez soignée, le scénario se perd hélas très rapidement dans les fausses pistes, afin d’alimenter le suspense du whodunit. Des pistes sont lancées, mais jamais véritablement (ou alors très mal) exploitées, et du coup, certains rebondissements perdent en cohérence. C’est en cela que le personnage joué (certes avec talent) par Vincent Price se révèle décevant, par exemple.
Au final, et même si les comédiens font le spectacle (et ils sont franchement très bons), Le Masque est déséquilibré, entre séquences visuellement accrocheuses et un scénario qui ne tient pas toutes ses promesses.