La France a toujours été le parent pauvre du metal, quand on pense heavy-metal, le premier nom qui surgit est Trust, groupe respectable s’il en est, mais déjà bien trop ancien pour intéresser les jeunes (et les moins jeunes comme moi qui en a aussi rien à faire) . On a bien eu une salve de groupes dans les années 80 (ADX, Nightmare…) mais ces groupes là n’ont jamais vraiment convaincu et n’ont eu aucune portée internationale. Les étrangers ont toujours 2 noms à la bouche quand on dit groupe français: Agressor et Loudblast, 2 bons groupes de death, mais malheureusement, il n’y a jamais eu un véritable engouement populaire ni un réel soutien de la part de notre public.
Etre français est une tare, il faut l’avouer, un amateur de musique extrême aura tout de suite une perception très positive si le groupe est norvégien ou suédois, tout comme les labels et les médias, mais un groue à l’identité française aura bien plus du mal à convaincre son auditeur, les clichés persistent… Il faut bien se dire que les franchouillards que nous sommes restent toujours des suiveurs, les suédois ont séduit tout le monde avec leur death au début des 90’s et la vague death-metal mélodique, les norvégiens ont surclassé aussi tout le monde avec le black-metal, tout comme les finlandais, les anglais ont mis tout le monde d’accord avec le doom, les allemands ont été la référence ultime en heavy metal, les américains sont les maîtres en thrash, nous par contre, on imitait et on arrivait pas à proposer quelque chose de fiable, on a bien eu la vague neo-metal branchouille à la con avec Pleymo, Enhancer ou Watcha, mais ça n’a pas forcément d’identité propre et une personne sensée se détourne tout de suite de cette musique, surtout qu’on nous propose mieux ailleurs.
Donc finalement, les français sont ils des bons à rien ? Non, car il y a bien un genre où on continue d’exceller, c’est dans le black-metal. Le pire, c’est que nous sommes sacrément bons dans tous les genres de black, true, symphonique, atmosphérique, pagan, la scène française est incroyablement riche en talents et a fait longtemps figure de modèle. Au début des années 90, les scandinaves ont brûlé des églises et ont fait connaître cette musique sombre, suivirent aussi très vite les groupes de l’est, graveland en tête, mais les français ont aussi apporté leur pierre à l’édifice par l’entremise des Black Legions, qui réunissaient des groupes comme Mutiilation, Belketre, Vlad Tepes…. Les Black Legions ont entretenu un mythe car leur cd et vynils étaient toujours en édition limité, on n’a jamais lu une interview d’un des membres, et on ne sait pas trop non plus à quoi ils ressemblent. Leur musique est quasiment inaudible, tout est fait pour que ça sonne glauque, creux, mal produit et cela a immédiatement plu aux plus extrémistes des fans, avec l’arrivée de Ebay, les prix des cd ou vynils originaux ont explosé. Bien au-delà des Black Legions, il ya pêle mêle un nombre incroyable de groupes de black metal français à écouter, je citerai par exemple Anorexia Nervosa, Chemin de Haine, Finis Gloria Dei, Hirilorn, Antaeus, Griffar, Mystic Forest, Crystalium, Osculum Infame, Seigneur Voland, Blut Aus Nord, Seth, Alcest, Belenos, Hell Militia…Tout est bon à prendre là.
Preuve de l’influence française et de leur implication dans ce mouvement, plusieurs labels français ont réalisé un boulot énorme et ont produit quantité de groupes internationaux. Osmose est une institution par exemple, à l’instar de Drakkar, Aura Mystique ou Holy Records, mais avec l’explosion du net, ces vénérables labels où ne travaillent que des passionnés ont beaucoup de mal à joindre les 2 bouts, dans le même ordre d’idée, la boutique Dysphorie à Paris, a fermé ses portes récemment.
Pour en revenir à l’influence de nos groupes finalement, il y en a deux récemment qui font parlé d’eux en bien (pas comme Pleymo), tout d’abord Gojira, qui a eu une forte médiatisation en Europe, et qui a réussi à participé à une tournée avec Slayer, In Flames, Children of Bodom, l’un des membres du groupe fait en plus parti en ce moment du Cavalera Conspiracy (le groupe des frères Cavalera, ex-sepultura). Et comment ne pas parler de Deathspell Omega qui a vu son dernier album être élu Album de l’année par le magazine Terrorizer, chose rarissime qu’il faut souligner avec fierté.
Finalement, notre scène française aurait tout à fait les moyens de rivaliser avec ses compères européens, mais nous avons un public difficile, une certaine arrogance pour toujours médire sur nos groupes et finalement critiquer tout et son contraire. Là où les allemands et les anglais ont des festivals depuis plus de 20 ans, nous arrivons enfin à avoir un vrai festival estival depuis qq petites années grâce au Hellfest, qui propose de superbes affiches (rien que celle de cette année est une tuerie). Ca progresse pas à pas, on en est pas encore à voir des albums de metal truster les premières places des meilleures ventes comme en Finlande ou en Hollande, mais on y arrive.