LE MORT QUI MARCHE (Michael Curtiz)

REALISATEUR

Michael Curtiz

SCENARISTES

Ewart Adamson, Peter Milne, Robert Andrews et Lilie Hayward

DISTRIBUTION

Boris Karloff, Ricardo Cortez, Edmund Gwenn, Warren Hull…

INFOS

Long métrage américain
Genre : thriller/horreur
Titre original : The Walking Dead
Année de production : 1936

En 1936, le réalisateur d’origine austro-hongroise Michael Curtiz était déjà une valeur sûre de la Warner Bros. alors qu’il n’avait pas encore réalisé quelques-uns de ses films les plus renommés comme Les Aventures de Robin des Bois avec Erroll Flynn et Casablanca avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergmann. À l’aise dans tous les genres, Curtiz venait d’enchaîner 6 films l’année précédente, dont Capitaine Blood (déjà avec Erroll Flynn).

Le Mort qui marche fut le dernier long métrage qu’il tourna fin 1935, en 18 jours entre novembre et décembre. Production à budget modeste (200.000 dollars comparé au million de dollars de Capitaine Blood), Le Mort qui marche n’était pas la première incursion dans l’horreur du cinéaste qui avait déjà touché au genre en 1932 pour Docteur X et en 1933 pour Masques de cire.

Avec Le Mort qui marche, Curtiz s’est éloigné du fantastique gothique en vogue depuis le succès des grands monstres de la Universal et a ancré son film dans l
a réalité sociale des grandes métropoles américaines qui a suivi la crise de 1929, avec son lot de chômage et d’institutions gangrenées par la corruption, le tout en mêlant plusieurs genres…la rencontre entre les films de gangsters qui remplissaient les tiroirs-caisses de la Warner, le fantastique et une pincée de science-fiction.


Un politicien véreux proche de la pègre est condamné par un juge incorruptible. Ses associés, dont son avocat, organisent le meurtre du juge et font porter le chapeau à John Ellman, un musicien sans le sou qui vient de purger une peine de 10 ans de prison. Deux témoins, des scientifiques, peuvent l’innocenter, mais inquiétés par les gangsters, ils ne se décideront que bien trop tard. Ellman est exécuté sur la chaise électrique. Le Dr Beaumont parvient à ressusciter Ellman grâce à un appareil de son invention. Ellman revient à la vie frappé d’amnésie. Mais une puissance étrange le pousse à poursuivre les responsables de son infortune…

Le rôle principal est revenu à Boris Karloff, devenu une icône de l’horreur à l’âge de 44 ans grâce à son interprétation de la créature créée par Mary Shelley dans Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein, le diptyque de James Whale. Karloff n’était pas sous contrat avec la Universal et tourna à plusieurs reprises pour des firmes concurrentes (il fut notamment Fu Manchu pour la MGM dans Le Masque d’Or en 1932). Avant d’accepter Le Mort qui marche, Karloff imposa ses conditions et fit réécrire le scénario, car il n’appréciait pas trop le personnage (à l’origine alcoolique et drogué) et son comportement qu’il trouvait trop semblable au monstre de Frankenstein.

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Bien lui en a pris car son John Ellman est un « zombie » tragique, profondément humain, manipulé dans la vie comme dans l’après-vie par des forces qui le dépassent. Si le film appuie parfois de façon un peu trop démonstrative sur la possibilité d’une « justice divine », il offre de très beaux moments de drame et de suspense, subtilement réalisés par Michael Curtiz. Les effets les plus efficaces s’appuient sur une belle utilisation des décors et des éclairages savamment travaillés, ainsi que sur le jeu tout en intensité de Karloff.

Karloff ne voulait pas que son « mort qui marche » ressemble trop à Frankenstein, mais les deux personnages se rejoignent tout de même à l’occasion de la très belle séquence qui voit Ellman errer dans un cimetière, loin de cette humanité qu’il ne peut plus rejoindre. Ellman « appartient à cet endroit » comme la créature « appartenait à la mort » à la fin de La Fiancée de Frankenstein.
Déclaration poignante d’un pauvre hère perdu entre deux mondes…

Boris Karloff par Charles Burns :

Boris Karloff's portrait (2)

Boris Karloff,un de mes acteurs préférés.