LE POUVOIR DES INNOCENTS t.1-5 (Luc Brunschwig / Laurent Hirn)

Discutez de Le pouvoir des innocents

Grande série de Brunschwig.

Jim

9782754825498

LUC BRUNSCHWIG
LAURENT HIRN
DAVID NOUHAUD

Le pouvoir des innocents, cycle II

Un récit de Luc Brunschwig. Mise en scène de Laurent Hirn. Dessin et couleur de David Nouhaud

235 x 310 mm
112 pages
Prix de vente : 20 €
Code Sodis : F00116
ISBN : 9782754825498

SORTIE LE 21 JUIN

9782754817141

LUC BRUNSCHWIG
LAURENT HIRN
DAVID NOUHAUD

Le pouvoir des innocents, cycle II
Car l’enfer est ici
Tome 5

80 pages
Prix de vente : 17 €
Code Sodis : 790565
ISBN : 9782754817141
Sortie le 21 juin

LE CYCLE
Joshua Logan, accusé à tort d’avoir assassiné 508 personnes dont le charismatique boxeur Steven Providence, s’apprête à se rendre à la police pour essayer de clamer son innocence… alors qu’on assiste à New York à la montée de forces d’opposition très actives et très dures contre la politique de Jessica Ruppert, élue à la tête de la ville.
Des opposants, qui vont prendre Joshua comme symbole de leur combat… Car si la pensée humaniste de Jessica fait tâche d’huile dans tout le pays, elle provoque aussi la panique dans les rangs Républicains qui sentent le pays basculer dans une direction qui ne correspond en rien aux orientations qu’ils souhaitent voir triompher. Jusqu’où iront-ils pour faire accepter leurs idéaux à un pays de plus en plus tenté par la voie tracée par Jessica ?…

Le tome 5
New York, le 1er mars 2001. Le procès le plus médiatique et le plus attendu du siècle vient de débuter : celui de Joshua Logan, accusé d’avoir assassiné de sang froid 508 personnes le 4 novembre 1997. Pendant que son avocat, maître Chapelle, questionne et conteste chaque déclaration faites par l’accusation afin d’installer un « doute raisonnable », en coulisses, ses adversaires mettent en place leur riposte…

Le deuxième cycle de la saga du Pouvoir des innocents se termine !
Retrouvez Joshua Logan, Jessica Ruppert, Amy… dans ce thriller politique toujours aussi haletant de Luc Brunschwig.

D’après BDGest, il existe une intégrale, chez Delcourt.

Jim

oh oui

En découvrant le deuxième cycle, j’ai envie de relire le premier.

Jim

Depuis quelques jours, Luc Brunschwig poste sur son compte Facebook puis recopie sur le forum BDGest (c’est là que je le lis) une évocation historique de ses débuts. C’est passionnant de bout en bout, teinté d’humour et d’ironie, et écrit dans un style naturel et premier jet (on repère quelques fautes de frappe) qui rend l’ensemble très vivant.
Je recopie à mon tour, je suis sûr que ça va en passionner plein. Le premier message, donc, posté le 21 mai 2024 sur le forum BDGest :

Bonjour à toutes et à tous,
Le 5 juin prochain sortira donc le dernier tome du Pouvoir des Innocents (la série complète est répartie en 3 cycles de 5 tomes chacun)… une aventure qui aura durée pas moins de 35 ans pour ses auteurs (un peu moins pour vous, mais à peine). Depuis quelques jours, je raconte l’aventure que ça a été sur Facebook et je me suis dit que vous seriez peut être heureux de lire ces textes…
Voici le premier (il est un peu long)
Quand j’ai rencontré Laurent Hirn pour la toute première fois (c’était en janvier 1990 à Strasbourg), une chose l’a profondément marqué : le garçon qui se trouvait devant lui, haut de ses 23 années, timide comme une pucelle, souriant à s’en décrocher les zygomatiques et passablement naïf dans ses propos et sa façon d’aborder les gens, correspondait bien difficilement pour ne pas dire pas du tout, à l’image qu’il se faisait de l’auteur du scénario qu’il venait de lire : une histoire de politique fiction bien dark, très professionnellement écrite par un type avec du vécu qui semblait avoir compris pas mal de choses sur le monde et l’humanité dans sa très large acceptation.
Les deux images correspondaient tellement peu qu’il a passé les 8 jours qui ont suivi à se renseigner, essayant de découvrir si je n’avais pas tout simplement repomper le scénario du Pouvoir des Innocents dans un livre, un comics ou un film qu’il n’avait pas vu ou lu…
Mais, non, c’était bien moi qui avais écrit tout ça. Et c’est sans doute dans cette dichotomie d’images entre l’homme que j’étais alors et celui que je voulais être qu’il faut chercher l’envie qui m’a poussé à écrire ce scénario-là et pas un autre pour démarrer dans la bande dessinée.
Faisons un petit voyage en 1990 ? Qui était Luc Brunschwig cette année-là ?
Pas grand-chose à vrai dire. J’étais le fils de deux rescapés de la Shoah qui m’avaient eu sur le tard (mon père avait 40 ans l’année de ma naissance. Rien de rédhibitoire aujourd’hui, mais à l’époque c’était rarissime… un gosse de vieux, comme on disait). Ma mère me surprotégeait, me parlait peu des réalités du monde, évitait que je me confronte à ce dernier en me maintenant le plus possible à la maison. J’étais le gamin hors mode qui a peu d’amis, le nez toujours plongé dans les bouquins, silhouette chétive à toujours éviter le sport et les vestiaires.
J’étais nul en codes sociaux, parfaitement incapable de comprendre les interactions entre les jeunes de mon âge, sans aucune conscience politique et totalement ridicule dans mes tentatives pathétiques pour séduire les filles.
Le monde, je ne le connaissais qu’à travers la télévision (j’ai littéralement grandi à la mamelle du téléviseur noir et blanc qui trônait dans notre appartement) et les bandes dessinées que je dévorais.
Ces Bd, c’était pour l’essentiel des comics (Marvel plus que DC au démarrage) que je préférais à la bande dessinée franco-belge. J’y trouvais ce que je ne trouvais pas dans notre bande dessinée nationale… des personnages complexes qui ne traversaient pas juste des histoires qui leur glissaient un peu dessus mais qui, au contraire, évoluaient, parfois de façon totalement radicale, au fil des événements auxquels ils étaient confrontés.
Quelques années avant de commencer à écrire le Pouvoir des Innocents, j’avais croisé les histoires de deux auteurs de ces comics et tous deux m’avaient littéralement atomisé la tête. J’étais tellement en amour de leurs travaux qu’il semblait évident que si un jour je faisais de la Bande Dessinée, c’était sur le même terrain que je voulais jouer… sauf que…
Sauf que ces deux scénaristes avaient pour noms Frank Miller et Alan Moore et que leur grand talent étaient de mêler des psychologies fortes et nuancées à des contextualisations sociales et politiques pertinentes… bref autant de domaines que je ne maîtrisais absolument pas…
Est-ce que vous croyez que ça m’a arrêté ?
J’aimerai dire ici que j’ai sauté le pas en étant hautement conscient du risque que je prenais de royalement me vautrer… mais je pense plutôt que je ne me suis tout simplement pas rendu compte des problèmes que cela risquait de me poser (le charme de cette naïveté qui m’habitait alors).
J’ai donc commencé à imaginer une histoire qui brasserait tout ce qui me plaisait : des personnalités fortes, une tension de folie, le tout dans un contexte social explosif.
Oui, mais quoi exactement ???
N’étant pas d’un naturel cynique, ne me sentant aucun point commun avec des personnages souhaitant le malheur de l’humanité, pensant au contraire qu’un homme ou quelques hommes de bonne volonté peuvent changer la face du monde, une idée a commencé doucement à germer. L’improbable récit d’une « machination du bien », un groupe d’hommes et de femmes qui rencontrent un jour une femme géniale qui leur ouvre les yeux sur une autre façon de penser la société. Ces gens s’associent alors non pas pour leur propre bénéfice mais par espoir de voir émerger un monde meilleur pour tous ceux qui pourront bénéficier des avancées qu’ils espèrent mettre en place si ils arrivent à installer leur mentor, Jessica Ruppert, à la tête de New-York…
Ça demandait cependant pour arriver à installer cette histoire de maitriser beaucoup beaucoup beaucoup (trop ?) de choses : la psychologie de dizaines de personnages, leurs interactions, leurs évolutions à travers l’histoire de l’Amérique et de ses grandes villes (donc comprendre les USA), inventer une utopie politique crédible qui ne serait pas juste un écho habillant l’histoire mais son moteur principal …
Il a fallu que je pense chaque élément indépendamment pour (dans un premier temps) en comprendre et en maîtriser l’origine et le sens, puis que j’ajuste tous ces éléments dans un mouvement général dans lequel ils entraient tous en interaction pour créer un récit choral convainquant.
Ça aurait dû donner un bouquin au pire indigeste au mieux ridicule de maladresses (d’écriture) et de naïveté (dans le propos)…
Sauf que ça a donné le Pouvoir des Innocents, un récit qui 30 ans après semble (de l’avis de pas mal de monde) avoir prédit l’évolution de nos sociétés occidentales contemporaines.
Pourquoi ça a marché ? Je suis bien incapable de l’expliquer. Je dirais même que plus les années passent et plus je mesure le gouffre au bord duquel j’ai marché avec Laurent Hirn pendant toute la réalisation de ce récit.
J’ai investi cette histoire, bien conscient que j’y entrais avec des centaines voire des milliers de questionnements et quasiment aucune réponse… et que je devais profiter de ce « voyage » pour combler tous les manques que les 22 années précédentes avaient laissés.

Source : Enfants de Jessica (Pouvoir des Innocents) : Bande Dessinée Franco-Belge - Page 14

Jim

Ah merci. Bon je posterai plus tard une petite anecdote au sujet de cette série que je ne connais pas (pas pas franchi), qui fera un petit echo a ce que dit l’auteur.

Deuxième billet de Luc Brunschwig, posté le 22 mai 2024 sur le forum BDGest :

Début novembre 1990. Messieurs Laurent Hirn et Luc Brunschwig montent à Paris pour présenter le Pouvoir des Innocents aux 6 éditeurs qui ont accepté de les recevoir en rendez-vous (aujourd’hui, c’est presque risible de dire qu’on monte à Paris, mais à l’époque c’est toute une aventure… pas de TGV, 4 heures de tchoutchou entre Strasbourg (où nous habitons tous les deux) et la capitale… et puis, soyons totalement honnête, du haut de mes 23 ans tout tremblant, c’est la première fois que je monte à Panam). Pour me mettre totalement à l’aise ma mère m’a dit : « Tu sais, personne ne t’attends, à Paris ! » (ça a l’avantage de faire dégonfler l’égo et mes maigres espoirs)).
On commence par les éditions Zenda, contactées parce qu’elles ont publié coup sur coup les Watchmen et V pour Vendetta d’Alan Moore et le Dark Knight de Frank Miller. Laurent a réalisé 4 planches à la narration et au dessin impeccables et moi, j’ai écrit un copieux dossier qui explique le projet, raconte l’intégralité du tome 1 et les grandes lignes de la suite (à l’époque, on est parti sur 4 tomes de 62 pages).
On s’assoit devant Doug Headline (jeune, charmant, qui nous met direct à l’aise). Il regarde les pages, relève la tête, sourit et nous dit qu’ils vont nous signer (je ne sais pas pourquoi, à ce moment_là, je me dis : "génial, je vais bosser à la maison, je vais pouvoir voir mes enfants grandir (c’est d’autant plus curieux comme pensée que je n’ai pas de petite amie à cette époque).
Et là, il nous donne un prix de planche : 1.600 francs (240 euros) en précisant bien qu’ils ne pourront pas faire plus (et nous, on veut bien les croire). On leur dit qu’on a d’autres rendez-vous, mais que ce serait un honneur de signer chez eux.
On enchaine avec les Humanoïdes Associés, Glénat, Dupuis, Vents d’Ouest, on a à chaque fois un très bon accueil et des éditeurs intéressés, voir très intéressés, surtout quand on leur dit que d’autres éditeurs sont eux-mêmes intéressés. Au fur et à mesure qu’on passe d’une maison à l’autre, notre prix de planche augmente et comme chacun s’amuse à nous expliquer les petites cachoteries contractuelles de leurs concurrents, on finit par devenir des négociateurs hyper pointus (Le Pouvoir est certainement le meilleur contrat que j’ai jamais signé).
Le dernier jour, on voit les éditions Delcourt. Nous sommes reçus par François Capuron (le bras droit de Guy Delcourt) dans un studio sous les combles (à cette époque la maison n’a que 4 ans d’existence et ne publie que 12 albums par an). François nous trouve très sympathique (nous le sommes, très directs et très très souriants). Dans la bonne humeur, il attaque les planches de Laurent s’attendant à lire quelque chose d’aussi léger que nous avons l’air de l’être… et on le voit en quelques secondes passer d’un rouge joyeux à un blanc de craie (lorsqu’il découvre qu’on vient de brûler un gamin dans une voiture là sous ses yeux).
Guy arrive alors. François lui saute dessus en lui expliquant qu’il doit absolument lire ce qu’on vient de leur amener, qu’il y a un truc… Guy n’a pas le temps, choppe le dossier et nous promet de ne pas se contenter de lire les planches mais l’intégralité du laius que j’ai écrit autour (bon, ok ! ça m’a un peu flatté de voir que l’homme cherchait avant tout une bonne histoire avant de beaux dessins).
Trois jours après (nous sommes rentrés en Alsace) Guy nous envoie par courrier un dossier dans lequel il nous explique pourquoi il a aimé notre proposition et ce qu’il compte faire pour la défendre au mieux, ainsi que deux billets de train pour revenir le voir à Paris.
(je mets sur pause deux secondes : avant de monter à Paris, on avait fait une descente en librairie et étudié la production BD de ce début des années 90. Comme on n’était pas totalement convaincu de notre talent et de notre pérennité dans le métier, on voulait surtout un beau bouquin qu’on serait fier de montrer à nos familles. Les bouquins les mieux imprimés et avec les plus belles maquettes, c’était les éditions Delcourt. Et comme on ne voulait pas travailler chez quelqu’un qui nous snoberait, un éditeur ne publiant que 12 bouquins l’an nous allait parfaitement).
Donc on décide de signer chez Guy. Mais avant ça, on veut s’excuser auprès de Zenda d’avoir trouvé ailleurs une meilleure proposition que leur meilleure proposition. Quand ils nous voient arriver (hahaha), ils ne se démontent pas et nous disent qu’ils peuvent s’aligner et faire mieux encore (ce qui n’était pas le cas quelques jours plus tôt… bon sang, mais on mentirait donc éhontément dans ce métier ?)
Quand on arrive chez Delcourt, ils voient nos têtes, Guy ne se démontent pas non plus et nous propose de faire mieux encore que Zenda…
On accepte ses propositions et on signe, heureux d’être devenus si vite des professionnels, mais quelque part un peu amers de ce jeu de dupes auquel on n’avait pas forcément envie de jouer.
(à suivre…)

Source : Enfants de Jessica (Pouvoir des Innocents) : Bande Dessinée Franco-Belge - Page 14

Jim

C’est génial !

Pour l’instant, c’est mon épisode préféré. Pour mille raisons.

Jim

Tu m’étonnes.