LE POUVOIR DES INNOCENTS t.1-5 (Luc Brunschwig / Laurent Hirn)

Neuvième billet de Luc Brunschwig, posté le 29 mai 2024 sur le forum BDGest :

Mars 2001.
Nous sommes à quelques mois de mettre un point final au POUVOIR DES INNOCENTS. C’est la toute première série, que nous achevons après 10 années passionnées et passionnantes à faire vivre et évoluer une ribambelle de personnages.
Mais quelque chose cloche, comme si Joshua, Amy, Jessica, Xuan-Mai, Frazzy et les autres refusaient qu’on les quitte, sans avoir au moins essayé d’imaginer ce que serait la suite de leur histoire.
Alors, avec Laurent, on se voit un après midi et on s’imagine le New-York du Pouvoir 10 ans après les événements. Est-ce que l’utopie de Steven Providence et des 507 autres enfants de Jessica a triomphé et rendu l’Amérique meilleure ?
En quelques heures, se dessine une piste qui (à notre grand étonnement) nous semble très intéressante, car bien plus complexe que la proposition de départ.
On pense à un New-York qui est, en effet, devenu une ville idéale, plus humaine, plus écologique, plus « beaucoup de choses », à vrai dire.
Ce monde idéal attire à lui des dizaines de milliers de migrants intérieur, des Américains pauvres, déclassés ou tout simplement idéalistes qui veulent vivre ce miracle dû à Jessica Ruppert…
Problème : la ville est submergée par ces milliers de gens qui ne peuvent pas se loger et qui, attendant de pouvoir le faire, s’installent dans des bidonvilles qui grossissent mois après mois autour de la Grosse Pomme, provoquant inquiétudes et sentiments d’insécurité chez les New-Yorkais et dans tout le pays, où les idées de Jessica Ruppert sont en train de gagner du terrain. En fait, l’Amérique qu’on imagine est déchirée entre le rêve proposé par Jessica et ceux qui vivent très très mal ce qui se passe et qui se radicalisent.
On a donc un cadre, qui a l’air passionnant. Et on se dit que ça vaudrait le coup de se pencher là-dessus, mais plus tard… car ce n’est qu’un cadre. Ni une histoire, ni des personnages. On décide donc de prendre le temps de la réalisation de la série que nous venons de signer chez Futuropolis : LE SOURIRE DU CLOWN (qui nous prendra 8 années), pour voir si quelque chose de plus concret se développe dans notre esprit.
Et si jamais quelque chose d’intéressant se dessinait, on a déjà un titre tout trouvé pour la future série : LES ENFANTS DE JESSICA.
Sauf que voila, l’histoire du monde prend un tournant inattendu le 11 septembre 2001.
Or, si jamais on faisait un jour les Enfants de Jessica, l’histoire serait censée se passer en 2007 (10 ans donc après les événements du premier cycle).
Comment raconter, une Amérique contemporaine (même fictive) sans parler de cet événement central et fondateur du meilleur et surtout du pire des vingt cinq années qui vont suivre ?
A force de tourner et retourner le problème dans tous les sens, on se dit qu’on devrait faire un cycle intermédiaire, où on verrait l’idéologie ruppertienne devenir de plus en plus prégnante, les Républicains (et les démocrates) tenter de reprendre la main sur un mouvement qui leur échappe de plus en plus, alors qu’un Joshua, devenu l’homme le plus détesté d’Amérique, inspire des groupes d’extrême droite qui se baptisent « Logans » en son nom. et où, pour finir, notre histoire de fiction est percutée par le 11 septembre.
Mais on voit vraiment ça comme un complément, une histoire en plus qui viendrait enrichir notre propos sur les Enfants de Jessica.
Quand on finit le SOURIRE DU CLOWN, on a une idée assez claire de ce qu’on veut faire sur les ENFANTS DE JESSICA. On propose sans même se poser la question l’idée à Sébastien devenu le directeur éditorial de Futuropolis (les rapports avec les éditions Delcourt se sont tellement installés dans la méfiance qu’il semble impossible de continuer le Pouvoir chez eux) et on lui propose l’idée de notre cycle supplémentaire qu’on intitule CAR L’ENFER EST ICI.
C’est le franc enthousiasme et nous sommes tous d’accord pour sortir les deux cycles en parallèle, l’un venant compléter l’autre et vice et versa.
Mais pour cela, il faut trouver un dessinateur pour Car l’Enfer est Ici car Laurent ne pourra pas gérer deux histoires en même temps

Source : Enfants de Jessica (Pouvoir des Innocents) : Bande Dessinée Franco-Belge - Page 15

Jim