La critique par vedge est disponible sur le site!
Lire la critique sur BD Sanctuary
très chouette série, plutôt sombre, originale avec des dessins vraiment réussis qui mettent bien en valeur une ambiance steampunk !
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Eustache et Mouche sont deux voleurs se déplaçant à travers la ville à l’aide de filins tendus entre les immeubles. Un jour, ils braquent le bureau d’un Baron, ouvrent son coffre et n’en retirent que des bobines de films. Découvrant que les images représentent des meurtres filmés sous couvert de fiction (ce que la langue moderne immortalisera sous l’appellation de « snuff movie »). Les deux sympathiques malandrins décident de faire chanter le Baron, mais les choses ne se passent pas comme prévu.
Le récit met donc en scène Eustache, un monte-en-l’air mince, élancé, hanté par des souvenirs que nous sommes appelés à découvrir par strates, et Mouche, un nain travaillant jadis dans un cirque jusqu’à ce qu’un accident le prive de son bras gauche. Complices, ils sont précédés par la légende du « réseau Bombyce », une organisation de voleurs… dont ils sont les deux membres.
Eustache est épris d’une prostituée, Zibeline, qui arrondit les fins de mois en tant que mannequin. Bien entendu, cela conduit à une péripétie aisément prévisible, à savoir que Zibeline fait partie des victimes de l’organisation de pervers que les deux voleurs tentent de faire chanter, et le premier album se conclut sur le sauvetage musclé et douloureux de la malheureuse.
Le premier tome sort en 1999. L’histoire, créée à l’initiative du dessinateur Cecil, s’inscrit dans le genre steampunk, à l’occasion de quoi on explore une fin de XIXe siècle (ou un début de XXe siècle) où la technologie est plus avancée que dans notre monde. Le Réseau Bombyce arrive au début de cette mode « rétro-futuriste » qui connaîtra une belle envolée en France, à la fois en bande dessinée et en littérature.
Jim
Les deux lascars, qui ont sauvé Zibeline, ont compris dans quelle panade ils se trouvent. Profondément traumatisée par son expérience récente, la jeune femme choisit de montrer à la police le film qu’ils ont dérobé, sans savoir que la police est contrôlée.
Mouche, de son côté, est hanté par ses souvenirs du cirque, ce qui permet de retracer son parcours. Un parcours qui le conduit dans une maison où il est capturé et torturé. C’est le basculement de la série qui, déjà assez noire, devient définitivement sombre et désespérée.
Les tensions conduisent également Eustache et Mouche à prendre de la distance. Corbeyran, qui se charge des dialogues et de la caractérisation, met en évidence la méfiance et les motivations des deux compères.
Jim
Dans le troisième et dernier tome, Eustache et Mouche sont acculés. Retombée dans les griffes de la police, à la solde du Baron, Zibeline connaît un triste sort. Et ledit Baron fait intervenir dans le jeu une troupe de choc dont la mission consiste à retrouver les deux voleurs. L’étau se resserre.
Sur fond de mobilisation générale (écho à des conflits européens ayant secoué la période) et d’aéronefs divers (Cecil se lâche complètement dans la représentation de l’esthétique fer forgé et des dirigeables), le récit raconte l’affrontement final, qui ne laisse pas beaucoup de protagonistes debout.
Les séquences de souvenirs sont toujours présentes, traitées à la manière de vieux clichés aux bords cornés, et permettent d’expliquer les traumatismes des personnages, mais aussi les liens que certains entretiennent avec d’autres. Le final est d’une noirceur absolue et désespérée, même si une certaine forme de justice, bien amère, a été rendue.
Jim
Les trois tomes ont été publiés entre 1999 et 2010. Une intégrale est sortie en 2011, reprenant le cycle entier, sous coffret, avec des bonus et un ex-libris.
En 2014, dans le cadre du quarantième anniversaire des Humanoïdes Associés, la série a été compilée dans une version cartonnée en petit format.
Hélas, la réduction des planches a conduit l’éditeur à refaire le lettrage, d’une manière parfois un brin maladroite (mots qui cognent sur le bord de case, césures approximatives, variations injustifiées du corps de texte…).
En 2019, une nouvelle édition est sortie, mais je ne saurai dire ce qu’il en est. Apparemment, elle n’est pas en grand format, et je ne connais pas le lettrage.
Jim