LE VIEUX FUSIL (Robert Enrico)

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Inspiré par le massacre d’Oradour-sur-Glane, Le Vieux Fusil est un film de vengeance, mis en scène par Robert Enrico, à qui l’on doit le « western forestier » Les Grandes gueules, où il a dirigé Lino Ventura, Bourvil et Michel Constantin. Enrico retrouve à cette occasion l’acteur Philippe Noiret, avec qui il a tourné Le Secret, l’année précédente, en 1974.

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Noiret incarne Julien Dandieu, un médecin de Montauban qui vit tranquillement tout en soignant des résistants. Mais, inquiété par les miliciens, il propose à son épouse et à sa fille de s’éloigner et de s’installer un temps dans un vieux château appartenant à sa famille. Il les croit en sécurité mais découvre bientôt avec horreur qu’elles ont été assassinés par des troupes allemandes, avec la pire des cruautés. Julien craque, va chercher son vieux fusil et se transforme en tueur implacable.

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Dans un premier temps, le rôle a été proposé à Lino Ventura. Ce dernier refuse, estimant que le personnage ne correspond pas à la vision qu’il en a, à savoir celle d’un « dur à cuire ». Le choix de se tourner vers Noiret est assez pertinent, dans le sens où l’acteur n’a pas l’allure ni la mâchoire crispée d’un héros d’action. Le contraste entre le médecin à la bouille bonhomme et son projet de vengeance n’en est que plus fort.

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Le scénario de Pascal Jardin (qui a déjà utilisé le nom « Julien Dandieu » l’année précédente pour le scénario de La Race des seigneurs de Pierre Granier-Deferre) dresse le portrait d’un homme brisé qui se venge. La construction du récit fait que ce dernier est hanté par des souvenirs matérialisant son bonheur amoureux (que l’on suppose fantasmé et sublimé), le film balançant entre la grâce du souvenir et l’horreur du présent.

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La comparaison avec Un Justicier dans la ville, sorti l’année précédente, est naturelle. Mais la conclusion du film donne une teinte entièrement différente : en plein déni, Julien ressort du château en flammes, accueilli par un ami (joué par Jean Bouise, toujours impeccable), et semble ne pas savoir ce qui s’est passé.

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Enrico laisse le spectateur sur une interrogation : l’énigmatique sourire du personnage est-il motivé par ses souvenirs heureux qui reviennent sans cesse, ou par la réalisation des horreurs qu’il vient d’accomplir au nom de la vengeance ?

Jim

Alain Delon incarne "Julien Dandieu"dans ce film là aussi,en 1969.