L'EMPRISE (Sidney J. Furie, 1983)

Bon, tout remonte à une discussion au sujet de Massacre à la Tronçonneuse

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« Le Doc »]

L’Emprise de Sidney J. Furie avec Barbara Hershey.

Ca me fait penser à Electric Dreams mais le héros est un homme.

[quote=« Le Doc »]Sinon pour l’autre film, en creusant ma mémoire, j’ai pensé à Generation Proteus (Demon Seed en VO) avec Julie Christie :

Et donc, avec les indications du Doc (qu’il fallait remettre dans le contexte, tout cela est quand même grâce à lui), j’ai pu revoir hier les deux films. Qui, chacun à sa manière, sont impressionnants.

Bon, le postulat de départ de L’Emprise (The Entity en nangliche) est aussi simple que brutal. Une mère de famille sans histoire (Barbara Hershey) est violée par une créature invisible. Incapable d’expliquer rationnellement à sa famille, à ses amis ou à son thérapeute, ce qui lui est arrivé (aucune preuve matérielle, aucun témoignage à part ceux de ses enfants qui sont mis en doute…), elle est suivi par une équipe de psychiatres qui la prennent pour une folle (elle-même a quelques doutes) puis par une équipe spécialisée en parapsychologie qui tente d’obtenir des preuves de la présence d’une quelconque entité, puis de l’en libérer.

Les scènes de viol, qui tentent de ne rien montrer, dépassent le simple suggestif, et si l’on ne voit rien (à part des seins malaxés par des paluches invisibles), c’est tout de même très explicite et assez violent. La chose qui m’a étonné en revoyant le métrage, c’est que ce n’est pas graduel du tout. La première attaque est l’une des plus violentes, soutenue par une musique martelante qui rajoute à l’angoisse.

http://www.premiere.fr/var/premiere/storage/images/diaporama/barbara-hershey/l-emprise-the-entity-1981/2021102-1-fre-FR/l_emprise_the_entity_1981_reference.jpg

L’autre truc qui m’a frappé, c’est la construction : l’attaque dans la maison familiale, l’intervention d’une équipe spécialisée dirigée par une femme, les tentative d’appliquer la science au surnaturel, le départ… Tout cela rappelle fortement Poltergeist, qui est sorti huit mois avant aux États-Unis (mais vu que The Entity est sorti en fin 1982 dans les cinémas d’Angleterre, on peut supposer que les tournages se sont déroulés vaguement en même temps). Mais si on remonte au roman de Frank De Felitta (auteur d’Audrey Rose, aussi, qui m’avait bien marqué dans sa version filmique), on découvre que The Entity est sorti en librairies en 1978. Aurait-il servi de base à Spielberg et Hooper pour Poltergeist ?

Dernier point, le film me semble insister (et c’est tout à son honneur) sur l’incrédulité du monde extérieur, un monde de mec hyper sexué mais incapable de gérer le sexe (même conflictuel et douloureux) féminin (quant à l’orgasme, n’en parlons pas). Le récit est balisé par des personnages masculins qui sont dans le déni et le mépris (les toubibs) ou dans la peur et le rejet (le compagnon). Bref, des hommes qui démissionnent face aux luttes intestines de la femme elle-même confronté à une sexualité à problème. Même les figures masculines positives (les savants) sont des êtres maladroits, plus motivés par la recherche que par la compassion. Bref, c’est la résurgence de l’accusation d’hystérie, avec le spectre de l’obscurantisme qui déboule dans une Amérique pourtant soi-disant moderne. En cela, le film m’apparaît comme farouchement féministe.
(Bon, c’est peut-être aussi parce que je viens de revoir Une affaire de femmes, de Chabrol, et que je vois du féminisme partout…)

Toujours est-il que si le film bascule définitivement dans le surnaturel (non, elle n’est pas folle), la fin est vachement intéressante aussi, puisque le personnage, qui est littéralement poursuivi à l’extérieur de sa maison à plusieurs moments du film, choisit de quitter son domicile, dans une dernière scène de reconstruction. En mode « non, tu ne me fais plus peur ».
Un petit truc à redécouvrir.

Jim

Très intéressant…et vu que je ne l’ai pas revu depuis sa diffusion télé il y a bien longtemps (et c’était tellement fort qu’il y a des scènes qui me sont restés gravés dans la mémoire), je l’ajoute à ma longue liste actuelle de films à (re)voir…