LES CAVALIERS DU DESTIN (Robert N. Bradbury)

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REALISATEUR & SCENARISTE

Robert N. Bradbury

DISTRIBUTION

John Wayne, Cecilia Parker, Forrest Taylor, George Hayes…

INFOS

Long métrage américain
Genre : western
Titre original : Riders of Destiny
Année de production : 1933

Le cow-boy chantant fut l’une des figures régulières du western de série B entre les années 30 et 50. Le premier d’entre eux fut Ken Maynard dans Sons of the Saddle et les plus célèbres se nomment Gene Autry et Roy Rogers. Le cow-boy chantant typique était un héros bien rasé, bien habillé et coiffé généralement d’un grand chapeau blanc…et il se distinguait bien évidemment par sa manière de montrer ses émotions en chantant. Pas vraiment le genre de rôle dans lequel on imagine John Wayne et pourtant le Duke dut, dans les premières années de sa carrière, se plier à ce sous-genre du western qui recueillait de plus en plus de succès.
Sa prestation de cow-boy chantant fut bien entendu de courte durée…

Dans les années 30, John Wayne était sous contrat avec les petits studios Lone Star, Monogram Pictures et Republic Pictures, dont le principal travail était de fournir des séries B par centaines afin d’alimenter les doubles programmes des salles de cinéma et des drive-in à travers l’Amérique. Ces films étaient tournés avec un budget très modeste, ne dépassaient quasiment jamais une durée de 50/60 minutes et étaient projetés avant les longs métrages des grands studios.
Alors âgé d’une vingtaine d’années, John Wayne apprit son métier en tournant des séries B à la chaîne, jusqu’à 8 à 10 par an. Avant sa rencontre décisive avec John Ford, Wayne avait déjà tourné dans une trentaine de westerns et ses tentatives pour jouer d’autres rôles se soldèrent quasiment toutes par un échec, son public ne voulant le voir qu’en cow-boy.

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Sandy, L’Homme à la Guitare ( :wink: à Mister Nikolavitch)

Le cow-boy chantant que joua Wayne dans Les Cavaliers du Destin (titre hasardeux qui n’a rien à voir avec le contenu du film) était plus sombre qu’à l’accoutumée, notamment par sa façon de s’habiller et les chansons qu’il fredonnait avant d’affronter ses ennemis :

Grease up your guns, outlaw, and cinch ‹ em on tight
There’ll be blood a-runnin › in town before night
There’ll be guns a-blazin’ and singin’ with lead
Tonight you’ll be drinkin’ your drinks with the dead

Mais le problème majeur était que Wayne…ne savait pas du tout chanter. Il fut donc doublé (par le propre fils du réalisateur Robert N. Bradbury) et le résultat fut loin d’être convaincant, pas du tout raccord avec la véritable voix du Duke. Wayne détesta l’expérience, ce qu’il exprima plus tard avec son tact légendaire en ces termes : « J’avais l’impression d’être une foutue pédale » (sic). Malgré ses réticences, il accepta tout de même d’interpréter un singing cow-boy une deuxième et dernière fois en 1935 dans Lawless Range.

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Si la vision de John Wayne poussant la chansonnette en se dirigeant avec un regard intense vers son duel est pour le moins assez absurde, le scénario des Cavaliers du Destin demeure aussi classique qu’efficace. Le Duke incarne (Singin’) Sandy Saunders, un agent du gouvernement venu régler un conflit entre un propriétaire terrien qui détient illégalement tous les poins d’eau de la région et les fermiers à qui il veut faire payer des taxes pour l’utilisation ses réserves aquifères. Les choses vont vite dégénérer…
Héros sans peur, jolie blonde en détresse, méchants odieux, comparses idiots (pour les intermèdes comiques), cascades spectaculaires (et hélas en ce temps-là, les chevaux étaient nettement moins protégés pendant les scènes d’action)…tous les ingrédients sont là, hélas pas toujours très bien relevés par une réalisation qui manque terriblement de dynamisme.

Ce fut donc John Ford qui permit à John Wayne de sortir de l’ornière des westerns cheap avec La Chevauchée Fantastique en 1939, film qui fit de lui une vedette internationale et qui fut le point de départ d’une fructueuse collaboration.
Mais comme on dit, ceci est une autre histoire…