LES CHASSEURS DE L'AUBE (René Hausman)

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Histoire d’amour préhistorique, l’album raconte comment Kanh, le jeune chasseur taciturne en marge de la tribu, rencontre Reeh, une jeune femme provenant d’ailleurs. Il la ramène à sa tribu mais bien entendu, ça en fâche certains et réveille la jalousie d’autres.

Car de fait, Reeh a du mal à s’intégrer : là d’où elle vient, elle maniait la lance et participait aux chasses, alors qu’elle est réduite à gratter le sol avec les autres femmes en quête de tubercules à manger. Il y a donc un propos féministe à cet album où, en effet, les hommes de la tribu, privés de la sagesse de la vieille femme qui les conseillait naguère encore, se lance dans la vengeance. Et ils ne font que des conneries, rompant les équilibres ancestraux avant d’en accuser la femme étrangère.

Au-delà de l’intérêt évident de cette thématique, le récit déroule un certain nombre de clichés sur l’amour, le désir, la jalousie, la construction sociale et l’usage du langage. C’est sympathique, mais sans grande nouveauté, surtout pour un album sorti en 2003.

Graphiquement, ce n’est pas le Hausman forestier et féérique qui a conquis tout un public à la fin des années 1980 (et dont je ne suis déjà pas fan). Ici, on a un dessinateur qui emprunte beaucoup à Chéret (trop, même) et un peu à Follet (pas assez), nappant ses planches de dégradés sépia ou marron qui ternissent l’ensemble. De même, ses personnages ne sont pas toujours reconnaissables, animaux ou humains : c’est dommage parce que le récit est articulé, justement, selon un registre visant à croiser puis retrouver telle bête ou tel membre de la tribu. Il y a même quelques transitions d’une scène à l’autre qui n’ont rien de fluide.

Cela donne un album sympathique, méritoire, à la thématique ambitieuse, mais à la réalisation fort moyenne. Ou alors, faut être fan de Hausman.

Jim