LES FURIES (Jean-Marie Arnon)

Discutez de Les furies

Comme beaucoup de lecteurs ayant vu arriver les créations estampillées Zenda à la fin des années 1980, albums fortement marqués par l’influence des comics (Carnivores, Parasite, Eden, Master Volume…), je me suis laissé séduire par les propositions de Jean-Marie Arnon qui, dans sa série Dinosaur Bop, proposait un mélange bizarre entre Jack Kirby et le rock, entre la préhistoire et le post-apo, dans un ton parodique.

Mais assez rapidement, l’illusion s’est dissipée. Avec Les Furies, par exemple, l’auteur revisite certaines légendes des mers, articulant sa succession d’histoires courtes autour des figures d’Ann Bonny et Mary Read. La construction de l’album est sympathique : la scène d’ouverture présente les personnages échoués sur une île, Mary lisant le journal intime d’Ann. Ainsi s’ouvre une succession d’aventures bâties comme des histoires courtes à l’ancienne, avec des chutes, comme les comics des années 1950. Chaque péripétie s’ouvre sur une pleine page assez chouette, mais les planches perdent petit à petit cette énergique qualité pseudo-kirbyenne qui avait fait le charme de Dinosaur Bop. Ça reste inspiré par le King, mais certaines compositions de planches s’avèrent plus maladroite qu’avant.

Autre évolution, Arnon rajoute une bonne dose de sexe, montrant des actes et des organes là où, dans Dinosaur Bop, il se contentait de jouer sur un érotisme gentiment fétichiste qui se mariait bien avec son humour. Ici, c’est davantage orienté « sexe et violence », sans doute en accord avec la liberté d’expression qu’on imagine bien Albin Michel lui offrir. Hélas, ça ne rajoute rien à l’histoire.

L’ensemble de l’album est sympathique (certains chapitres, dont celui faisant intervenir Odile de Castenau, sont amusants), et ici et là une bonne réplique jaillit, mais on sent que l’intérêt est ailleurs : finie la parodie et l’humour référencé. Le résultat est une aventure certes amusante, mais à la tonalité bien lourde.

Jim