Coproduction entre le studio Les armateurs et Blue spirit productions, Les grandes grandes vacances est une série d’animation de dix épisodes de 26 minutes, diffusée sur France 3 du 20 au 30 avril 2015. L’intégralité de la série est disponible en replay jusqu’au 31 mai, et sortira en dvd le 2 juin.
La série a pour cadre la campagne du petit village de Grangeville en 1939. Ernest et Colette ont fait le voyage depuis Paris pour rendre visite à leurs grand-parents, mais leur séjour va se prolonger avec la déclaration de la guerre.
Été 1939, Ernest, 11 ans, et Colette, 6 ans, deux petits parisiens, passent un weekend en Normandie chez leurs grands-parents. La France entre en guerre et décision est prise de les tenir éloignés de Paris, le temps de « voir venir ». Ce séjour qui devait durer quelques semaines s’étendra sur les cinq années de la guerre, se transformant en « grandes grandes vacances »…
Réfugiés dans un monde rural qui leur est totalement étranger, Ernest et Colette vont s’ouvrir à une nouvelle vie grâce à la bande d’enfants du village, au travail à la ferme, à la découverte de la nature et des animaux. Mais ils seront également confrontés à l’occupation allemande, aux réquisitions, aux privations, à la perte d’être chers, au patriotisme. Ils vont devoir grandir et s’adapter dans un monde en guerre qui bouleverse tous leurs repères. [/quote]
J’ai terminé le visionnage le weekend dernier et c’est assez épatant comme série.
Une écriture sensible à hauteur d’enfant sans être niaise, un visuel magnifique basé sur la ligne claire d’Emile Bravo, coloré avec des décors chatoyants, et la petite histoire de ces enfants qui rencontre la grande, avec son lot d’épreuves, de joies et de tragédies. L’animation est souple et fluide sans être étourdissante, et les courts témoignages des personnes de l’époque sur leur enfance pendant la guerre donnent un cachet supplémentaire à la production, en proposant à chaque fois des partis-pris visuels différents (l’animation est réalisée par des étudiants en fin de cursus).
L’histoire s’étend sur un laps de temps qui couvre la totalité de la guerre, avec des choix d’écriture qui privilégient certaines ellipses pour aborder nombre d’aspects de cette période troublée comme l’occupation allemande, le rationnement, la mise au ban des juifs, la résistance, etc… Tous les personnages sont travaillés et gagnent en épaisseur au fur et à mesure, et l’ensemble est globalement d’une grande justesse (en marge des personnages principaux, j’ai vraiment apprécié les scènes avec l’épicier et la romance entre la fermière et le soldat allemand, qui évitent un certain manichéisme). La réalisation privilégie judicieusement le hors champ pour certaines scènes dures sans en occulter la portée tragique (l’évocation poignante du drame de la plage, par exemple), on est dans une série à destination d’un public jeune. Le recours à la voix off pour ouvrir et fermer chaque épisode, portant un regard adulte avec une pointe de nostalgie douce-amère, autorise des jeux d’échos et une certaine résonance avec les événements d’un épisode qu’on s’apprête à suivre ou qu’on vient de terminer, c’est assez astucieux.
Belle surprise pour cette production française qui a de nombreux atouts.
