Contrairement à ce qu’il est souvent permis de penser, la science-fiction ne se borne pas toujours à tracer les nouvelles cartes de l’Enfer. Elle peut aussi rassurer, offrir des cadres d’action future plus nobles, plus authentiques.
C’est là du reste la grande particularité des écrivains d’anticipation soviétique. Quel que soit le thème abordé (civilisations disparues, exploration de l’espace, satire sociale, intelligences extra-terrestres…), chez eux l’optimisme est le corollaire de l’inquiétude.
Et pourquoi, après tout, le monde des possibles ne serait-il pas le monde des justes valeurs ?
J’ai trouvé ça en brocante aujourd’hui. Ce bouquin avait connu précédemment une première édition :
Je ne sais plus si Niko en parle dans son bouquin.
J’ai regardé vite fait les quelques avis, et ça ne parait pas très positif même si j’ai vu un qui a mis pas mal d’étoiles.
De mon côté, je possède celui-ci qui fait partie de la collection Le livre d’or de la science-fiction :
En voici le sommaire (merci Wikipédia, je n’ai eu qu’un copier-coller à faire) :
Un avenir derrière chaque porte : L’histoire en N dimensions de la science-fiction russe , présentation de Leonid Heller
Contes de Theta (1922), de Evgueni Ivanovitch Zamiatine, traduction de Jacqueline Lahana
Mot sous presse (?), d’Alexeï Gastev, traduction de Jacqueline Lahana
Demain (1925), de Nicolaï Asseev, traduction de Jacqueline Lahana
Comment les messagers me rendirent visite (1930), de Daniil Harms, traduction de Jacqueline Lahana
La Lumière invisible (1938), d’Alexandre Beliaev, traduction de Jacqueline Lahana
Olgoï-Khorkhoï (1942), d’Ivan Efremov, traduction de Jacqueline Lahana
Icare et Dédale (1958), de Genrikh Altov, traduction de Jacqueline Lahana
Divorce à la martienne (1967), d’Olga Larionova, traduction de Jacqueline Lahana
Évasion (1968) d’Ilia Varchavski, traduction de Jacqueline Lahana
Incident sur Oma (1971), de Dimitri Bilenkine, traduction de Jacqueline Lahana
Selon la méthode Stanislavski (1974), d’Alexandre Gorbovski, traduction de Jacqueline Lahana
Le Sculpteur ( ? ), de Guennadi Samoïlovitch Gor, traduction de Jacqueline Lahana
Le Maître (?), d’Igor Rosokhovatski, traduction de Jacqueline Lahana
Ne te fâche pas, sorcier (1979), de Kir Boulytchev, traduction de Jacqueline Lahana
La Forêt (1966), d’Arcadi Strougatski, traduction de Anne Coldefy-Faucard
Pkhentz (1961), d’Abraham Tertz), traduction de Anne Coldefy-Faucard
Cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas lu… Il faut que je le fasse si je veux revenir vous en parler!
Quand au côté « optimiste » des auteurs de SF soviétique, je ne suis pas sûre que cela soit vrai.
J’ai lu plusieurs romans des Strougatski et je les trouve plutôt désenchantés sur le fond :
Stalker (ou plutôt "Pique-nique au bord du chemin) où plusieurs « Zones » sont apparues avec des artefacts surprenants et mortels pour certains. Seuls les stalkers osent y entrer pour collecter des objets à revendre comme des fourmis viendraient piller les objets abandonnés par des pique-niqueurs au bord de leur chemin. Une vision plus philosophique sur la place de l’homme dans l’univers. Indispensable à lire avant de voir le film de Tarkovsky qui est superbe mais pas très compréhensible sinon.
Il est difficile d’être un dieu. Dans le futur, des historiens étudient en immersion une planète où un régime totalitaire néo-féodal persécute ses intellectuels. Doivent-ils intervenir ou laisser l’Histoire se dérouler seule? Je vous recommande la lecture du livre où la SF a retrouvé son côté critique de la société l’air de rien! J’avoue avoir bloqué sur le film de Guerman qui est vraiment très (trop) glauque.
Moins connu mais plutôt intéressant aussi : Le scarabée dans la fourmilière. Une histoire où des « surhommes » sont créés par le Conseil Mondial… mais cela ne finit pas bien!
Un petit OVNI avec leur 1e roman (je crois) : L’arc-en-ciel lointain. Sur une planète lointaine et colonisée par la Terre, les colons essaient de survivre face à un phénomène destructeur. Plus space-opéra que philosophie, celui-là.
Plus ceux qu’il faut que je relise parce que lus en mon âge étudiant il y a 45 ans!! : Un gars de l’enfer, Un milliard d’années avant la fin du monde et Le lundi commence le samedi (dur à suivre si je me rappelle bien).
Si optimisme vient de la façon dont eux et, je crois, d’autres auteurs russes considèrent à la base un monde uni dans le futur avec des gouvernements mondiaux, cela n’est pas vraiment original dans la SF de tous les pays.
Je reviendrai vous voir quand j’aurai un peu approfondi mes lectures…
Comme promis, me revoilà après lecture pour vous dire ce que j’en ai pensé :
Un avenir derrière chaque porte : L’histoire en N dimensions de la science-fiction russe , présentation de Leonid Heller - très intéressante présentation globale puisque chaque nouvelle a droit à sa propre présentation de l’auteur et parfois du sujet. J’y ai appris que ce que nous appelons SF est en russe NF pour naoutchnaïa fantastika soit fantastique scientifique.
Contes de Theta (1922), de Evgueni Ivanovitch Zamiatine, traduction de Jacqueline Lahana - plus du domaine de l’absurde que de la SF selon moi, mais très bien écrit.
Mot sous presse (?), d’Alexeï Gastev, traduction de Jacqueline Lahana - je n’ai rien compris à ce texte. Mais l’auteur étant un poète, on perd peut-être des choses à la traduction. L’auteur donne des indications de lecture qui en font presque un très courte pièce à interpréter à 2 lecteurs.
Demain (1925), de Nicolaï Asseev, traduction de Jacqueline Lahana - Cette fois encore, je n’ai pas accroché. Un des personnages est un poète, mais pas l’auteur.
Comment les messagers me rendirent visite (1930), de Daniil Harms, traduction de Jacqueline Lahana - une très courte nouvelle d’à peine plus d’une page qui m’a rappelé certaines de Frederic Brown ou de Boris Vian. De l’absurde pur.
La Lumière invisible (1938), d’Alexandre Beliaev, traduction de Jacqueline Lahana - bien dans son époque de publication avec son thème d’homme aveugle à qui la science permet de visualiser les champs électriques. Avec une fin un tantinet sombre et pessimiste.
Olgoï-Khorkhoï (1942), d’Ivan Efremov, traduction de Jacqueline Lahana - plus fantastique que SF puisque c’est le récit d’une expédition dans le désert de Gobi jusqu’à la rencontre de créatures bizarres et mortelles… Je me suis demandé si Frank Herbert avait lu cette histoire avant d’imaginer ses vers des sables!
Icare et Dédale (1958), de Genrikh Altov, traduction de Jacqueline Lahana - Du pur space opéra avec grands héros de l’humanité qui explorent le soleil.
Divorce à la martienne (1967), d’Olga Larionova, traduction de Jacqueline Lahana - S’il n’y avait pas le terme martienne dans le titre, cette histoire pourrait se situer n’importe où… et il est laissé beaucoup de place à l’imaginateur des lecteurs.
Évasion (1968) d’Ilia Varchavski, traduction de Jacqueline Lahana - Une histoire cruelle qui parle de camps de travail et d’évasion de prisonniers… mais la mort n’est-elle pas la véritable et seule évasion possible?
Incident sur Oma (1971), de Dimitri Bilenkine, traduction de Jacqueline Lahana - Une nouvelle très réussie sur l’incompréhension entre populations trop différentes et sur l’éternelle tendance de l’humanité à croire que la vie ne peut développer de créatures intelligentes qu’humanoïdes!
Selon la méthode Stanislavski (1974), d’Alexandre Gorbovski, traduction de Jacqueline Lahana - Brillante variation sur l’art du comédien à se fondre dans un rôle… jusqu’à s’y perdre!
Le Sculpteur ( ? ), de Guennadi Samoïlovitch Gor, traduction de Jacqueline Lahana - Une étrange histoire que chaque lecteur ou lectrice interprètera selon son bon vouloir.
Le Maître (?), d’Igor Rosokhovatski, traduction de Jacqueline Lahana - un auteur ukrainien, cette fois-ci, mais soviétique à la parution. Une vision des robots surhumains et capables de s’auto-améliorer que je crois n’avoir que rarement rencontré dans mes lectures.
Ne te fâche pas, sorcier (1979), de Kir Boulytchev, traduction de Jacqueline Lahana - Quand le fantastique s’invite dans la vie tranquille d’un petit employé via sa rencontre avec un sorcier, rien ne va plus… surtout quand on ne croit pas à l’existence des sorciers! Encore un texte qui m’a évoqué l’absurde des écrits de Boris Vian.
La Forêt (1966), d’Arcadi Strougatski, traduction de Anne Coldefy-Faucard - J’ai lu plusieurs romans des Strougatski et cette nouvelle est bien digne d’eux : il ne faut pas chercher d’explications logiques et/ou techniques dans cette nouvelle et se laisser bercer par le texte. Pas facile à aborder.
Pkhentz (1961), d’Abraham Tertz), traduction de Anne Coldefy-Faucard - Quand un être d’ailleurs se retrouve coincé sur Terre sans être un émissaire officiel ou un scientifique ou un soldat, il n’a plus qu’à tenter de se cacher au milieu des hommes et espérer qu’on vienne le chercher. Une nouvelle nostalgique et plutôt brillamment écrite.
Voilà. Je ne saurais vous dire ce que la SF soviétique a de spécial après mes lectures, mais les choix du compilateur ont peut-être orienté mon évaluation… Je vais essayer de me perfectionner en littérature SF de l’Est.
Dans le genre court, il y a le recueil de micro-nouvelles Bokko-chan, de Shinichi Hoshi, qui en regroupe une cinquantaine (dans tous les genres, mais il y a pas mal d’absurde).
La fiche chez l’éditeur : Bokko-Chan
Et l’extrait (qui provient de manga-news)… Il indique 5 histoires, mais n’en comporte que 3 : Manga news - preview Bokko-Chan
Ces histoires très courtes étaient prévues pour être lues en moins d’un quart d’heure, le temps passé dans les transports en commun.