REALISATEUR
Stanley Kubrick
SCENARISTES
Stanley Kubrick, Calder Willingham et Jim Thompson, d’après le roman de Humphrey Cobb
DISTRIBUTION
Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou, George Macready, Richard Anderson…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/guerre
Titre original : Paths of Glory
Année de production : 1957
La guerre des tranchées s’enlise. Le général de brigade Mireau, attiré par la perspective d’une promotion, ordonne à l’un de ses régiments, commandé par le colonel Dax, d’attaquer une position allemande réputée imprenable. L’assaut échoue et lorsque Mireau se rend compte qu’une partie des hommes n’a pas quitté les tranchées, il demande à ce que l’on tire sur les soldats pour les faire sortir. Son ordre est rejeté.
Mireau fait alors traduire le régiment en conseil de guerre, avec pour but de fusiller une centaine d’hommes pour lâcheté. Face à la réaction du colonel Dax, le général Broulard propose un compromis : trois hommes, un par compagnie, seront tirés au sort et jugés pour l’exemple…
L’histoire des Sentiers de la Gloire, l’adaptation d’un roman de Humphrey Cobb, est basée sur des faits avérés : pendant la Première Guerre Mondiale, plus de 2500 soldats ont été condamnés à mort pour lâcheté et sur ce nombre, plus de 600 hommes ont été effectivement fusillés pour l’exemple. L’une des inspirations du général Mireau serait le général Réveilhac, qui aurait ordonné de tirer sur l’un de ses régiments pour les faire sortir des tranchées lors d’un assaut suicidaire. Ce cas flagrant d’injustice militaire a ensuite été désigné sous le nom de « L’affaire des caporaux de Souain ».
Dans Les Sentiers de la Gloire, on ne voit jamais l’ennemi…les allemands sont bien évidemment évoqués et on assiste aux conséquences explosives de leur riposte lors de l’époustouflant assaut (superbement réalisé) de la colline…mais ils ne se manifestent pas par leur présence physique. Cela donne une atmosphère particulière aux scènes d’ouverture, notamment lorsqu’une petite unité sera envoyée en repérage et que la mort de l’un d’eux sera causée par l’incompétence d’un lieutenant.
Les soldats n’ont pas qu’un seul ennemi à affronter…ils jouent également leurs vies face à la déshumanisation du système, face au renvoi des responsabilités, face à une course à la promotion…face à l’arrogance et au cynisme profond de haut-gradés carriéristes.
Face aux généraux Broulard et Mireau, le colonel Dax, impeccablement interprété par Kirk Douglas (également producteur du film via sa société Bryna Productions. Lorsque Kubrick lui a fait lire le scénario, Kirk Douglas lui a d’ailleurs dit : « Stanley, je ne pense pas que ce film sera rentable, mais nous devons le faire ».), représente la raison, l’homme de principes, qui était avocat avant la guerre et qui se heurte à la machine militaire qui broie l’individu.
Déjà dans la première décennie de sa carrière (Les Sentiers de la Gloire est son quatrième film), Stanley Kubrick se distinguait par son perfectionnisme. Ses plans sont méticuleusement travaillés, composés de manière géométrique, notamment lors des nombreux face-à-face entre officiers; ses longs travellings font pénétrer le spectateur dans la terrible réalité des tranchées et sa propension à accumuler les prises jusqu’à ce qu’il obtienne ce qu’il le résultat souhaité n’a pas été du goût de tous les acteurs. Ainsi le vétéran Adolphe Menjou (qui joue le général Broulard) entra dans une colère noire lorsque Kubrick lui demanda de recommencer une scène pour la 18ème fois !
Admirable film sur un sujet difficile (avec une construction dramatique qui prend aux tripes), Les Sentiers de la Gloire ne put sortir en France qu’en 1975, suite à des réactions assez violentes de l’Armée et d’associations d’anciens combattants suscitées lors de sa présentation en Belgique à la fin des années 50. Il fut également banni en Espagne sous la dictature de Franco pour son message antimilitariste.
« Les Sentiers de la Gloire ne mènent qu’à la tombe ». Thomas Gray.