LES SORCIERS DE LA GUERRE (Ralph Bakshi)

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REALISATEUR & SCENARISTE

Ralph Bakshi

VOIX V.O.

Jesse Welles, Bob Holt, Richard Romanus, Steve Gravers, David Proval, Mark Hamill…

INFOS

Long métrage américain
Genre : animation/science-fiction/fantasy
Titre original : Wizards
Année de production : 1977

Après être entré au studio Terrytoon en 1959 comme polisseur de cellulos, Ralph Bakshi grimpa vite les échelons pour devenir animateur sur des séries comme Heckle et Jeckle et Deputy Dawg. En 1967, il est repéré par la section télévision de la Paramount suite au succès de certains de ses courts métrages. Là, il travaillera sur plusieurs dessins animés, dont le plus célèbre restera Spider-Man (l’Araignée, l’Araignée, est un être bien singulier…), sur lequel il occupa différents postes créatifs (animateur, réalisateur, scénariste, producteur…).
Déjà à la tête de son propre studio, Ralph Bakshi en eut vite assez des travaux de commande et des limites imposés par le format audiovisuel. Il voulait traiter de sujets forts, parler de problèmes de société, faire de l’animation « pour adultes » avec un vrai message…et dès son premier long métrage, le sulfureux Fritz the Cat inspiré par l’oeuvre de Robert Crumb, Bakshi s’imposa comme un franc-tireur et un auteur farouchement indépendant.

Le succès de Fritz the Cat lui donna la liberté de poursuivre sur cette lancée…mais cette liberté a eu un prix. Mal compris, le controversé Coonskin (1974), taxé de racisme alors que le propos du réalisateur était de dénoncer les stéréotypes raciaux, fit que les projets suivants de Bakshi furent mis de côtés à cause de la frilosité des distributeurs. Faisant face à la possible faillite de son studio, Ralph Bakshi délaissa un temps la satire urbaine pour le fantastique, et plus précisément la fantasy, genre qu’il affectionnait particulièrement. Et le résultat fut Wizards (Les Sorciers de la Guerre en V.F.), premier essai dans le genre qui fut suivi par Le Seigneur des Anneaux (d’après J.R.R. Tolkien) en 1978 et Tygra, la glace et le feu (en collaboration avec Frank Frazetta) en 1983.

Wizards est plus précisément de la « fantasy post-apocalyptique » (comme le cycle de Shannara de l’écrivain Terry Brooks). La Terre a été dévastée par un cataclysme nucléaire et des siècles après la catastrophe, les survivants ont subi d’atroces mutations suite à l’exposition aux radiations. Ils cohabitent maintenant avec des créatures fantastiques, les « vrais ancêtres de l’humanité » : goblins, elfes, fées, nains, sorciers…

Dans son pays désolé de Scorch, le magicien Blackwolf nourrit ses rêves de conquête du monde. Il fut autrefois vaincu par son frère jumeau, Avatar, mais il dispose cette fois d’une nouvelle arme : un projecteur et des films de propagande nazis retrouvés dans les ruines du passé. Avec sa magie, il utilise ces images pour nourrir la haine de ses troupes et instiller la peur dans les coeurs des peuples libres…

Avec Les Sorciers de la Guerre, Ralph Bakshi voulait toucher un public plus familial…sans toutefois y parvenir vraiment. Allégorie sombre et mélancolique, qui ne manque pas de visuels accrocheurs pour amplifier son propos, le film ne fait pas l’économie de la violence et n’adoucit que très légèrement l’aspect sexuel propre aux précédentes réalisations de Bakshi : ainsi l’héroïne féminine principale, l’elfe Elinore, se balade dans une tenue qui ne laisse guère de place à l’imagination et semble partager avec Avatar, nain bougon et fumeur de cigares, plus qu’une relation de maître et élève.

Si le scénario repose sur un concept assez manichéen, l’univers développé est riche (avec une influence importante des écrits de Tolkien, jusque dans les thématiques abordées) et les forces en présence bien caractérisées. Les décors sont soignés et les designs variés (on peut deviner que les créateurs ont particulièrement été inspirés par les monstres les plus grotesques). La quête des héros n’est pas menée sur un rythme haletant (c’est parfois presque contemplatif), mais l’ensemble ne manque tout de même pas de péripéties (avec un final étonnant).

Le film n’est par contre pas toujours convaincant au niveau de l’animation. C’est du Bakshi, le résultat final a donc un côté un peu dur, mal dégrossi, ce qui correspond bien à certains passages du récit. Mais pour composer avec un budget réduit (ce qu’a souhaité Bakshi afin de garder sa liberté), plusieurs techniques s’entremêlent dans un grand manque de cohérence.
Entre animation traditionnelle, images d’archives et illustrations statiques pour les intermèdes commentés par une voix-off, c’était déjà le foutoir…mais comme le réalisateur n’avait pas les moyens suffisants pour animer les grandes scènes de bataille, il utilisa massivement ce qui est vite devenu l’une de ses marques de fabrique : la rotoscopie.
Sur un champ de bataille perpétuel, des hordes que l’on croirait sorties tout droit de la Terre du Milieu affrontent des ombres maléfiques modifiées de façon parfois un peu grossières, autant de stock-shots recyclés de longs métrages aussi différents que Alexandre Nevski, Le Cid, Zulu, La Bataille des Ardennes et même Patton !

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De cet hybride parfois un peu trop sommaire se distinguent les intermèdes dont je parlais quelques lignes plus haut. Sur une narration en voix-off (et une très belle voix, d’ailleurs) de Susan Tyrell, ces segments non animés ponctuent régulièrement l’histoire et les illustrations, qui sont absolument superbes, sont l’oeuvre de Mike Ploog, notamment connu à l’époque pour avoir co-créé Ghost Rider pour l’éditeur Marvel Comics.

Les Sorciers de la Guerre connut un succès public et critique (même s’il fut retiré prématurément de l’affiche après la sortie de La Guerre des Etoiles). Le studio de Ralph Bakshi a donc pu se refaire une santé et vite attaquer le projet suivant : l’adaptation du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien…mais ceci est une autre histoire…

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Voici trois autres illustrations réalisées par Mike Ploog pour Les Sorciers de la Guerre :

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Tu nous sors de ces trucs …

Et c’est loin d’être fini… :wink:

C’est surtout que ça, ça me titille. ça m’a l’air quand même assez joli !

Ce n’est pas toujours le cas (comme je l’ai souligné, j’ai eu du mal avec les scènes de bataille), mais dans l’ensemble, le département artistique du film a livré de très belles choses, oui.

Pour les plus curieux, voici un petit extrait, le prologue en voix-off avec les dessins de Mike Ploog :

youtube.com/watch?v=8hLAXkX1AxM

très intéressant, bien bel article

William Stout :

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Stout toujours :

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