L'ILLUSION MAGNIFIQUE t.1 (Alessandro Tota)

L’Illusion magnifique: NEW YORK, 1938 (1)

Fin des années 1930, la jeune Roberta Miller fuit la campagne du Kansas rendue famélique par la Grande Dépression. Elle rejoindra New York City, où tout est possible, fréquentera les communistes et les cabarets interlopes. Elle écrira des histoires de détectives, de belles pépées et de super-héros masqués. Elle connaîtra la gloire, l’abondance et l’amour ! Si elle ne crève pas de faim.

  • Éditeur ‏ : ‎ GALLIMARD BD; Illustrated édition (11 octobre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 248 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2075116695
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2075116695
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 970 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 19.8 x 2.3 x 26.8 cm

Je suis en train de finir ce copieux premier tome (je ne m’en suis aperçu qu’après l’avoir pris), vivement conseillé par de grandes marques de kabrairies. Et c’est vraiment très bien. Belle biographie fictive d’une autrice de BD des années 1930, qui découvre à la fois l’édition, le communisme et l’amour lesbien. Plein de qualités. J’y reviendrai bientôt.

Jim

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Voilà, terminé. Et c’est très sympa.
Donc, la jeune Roberta (ce n’est pas son vrai nom) arrive à New York après avoir quitté sa province campagnarde. Elle rêve de pulps, de romans populaire, mais bien entendu, se heurte aussitôt à la violence de la grande ville. Elle va découvrir d’abord les réseaux communistes, ensuite le monde de l’édition de comic books, et enfin la sexualité. Elle signe ses premiers noms sous le pseudonyme de Bob Smoke (qui n’est donc pas non plus son vrai nom, ce qui occasionnera quelques scènes intéressantes) et découvre son attirance pour les filles. La jeune femme se retrouve donc, à plus d’un titre, du côté des marginaux, des minoritaires.

L’auteur recourt à une pagination élevée (découpée en deux grandes parties qui ouvrent sur une suite), ce qui lui permet de consacrer de nombreuses pages à l’industrie de la bande dessinée (beaucoup d’auteurs sont fictifs, mais on croise Bob Kane ou Will Eisner et ce qui semble être un jeune Jules Pfeifer, et d’autres créateurs sont évoqués) aux méthodes semi-mafieuses, aux classes ouvrières et bien entendu au monde interlope du divertissement (les cabarets, la contrebande). Ce qui ne l’empêche pas d’accorder de la place à des séquences oniriques matérialisant les rêves de la jeune provincial ou les cauchemars éthyliques de son associé de dessinateur.

Avec ses personnages fictifs, Alessandro Tota crée des protagonistes attachants. Roberta, au centre de ce récit d’initiation, prend de la hardiesse et fait des choix radicaux, tout en manifestant ses propres hésitations. Frank Batty, son dessinateur d’origine italienne, est un hâbleur qui dépense tout ce qu’il gagne et emporte l’adhésion à la séduction. Il a toutes les raisons pour se faire détester et pourtant l’auteur parvient à le rendre charismatique. Il y a une dimension très humaine à cette histoire de galère et de réussite fragile et éphémère.

Graphiquement, le trait d’Alessandro Tota, que je ne connais pas malgré la liste des albums figurant à la fin de ce tome et qui attestent de son activité depuis une quinzaine d’années, m’évoque parfois un Féroumont en moins gracieux, mâtiné d’un Fletcher Hanks qui se contrôlerait. Il y a aussi un peu d’underground américain dans son travail où la caricature n’est jamais loin, un peu de Dubout, un peu de dessin de presse où le symbolisme n’est jamais loin.

Jim

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Y a une interview très intéressante de Tota dans le dernier cahier de la bd de 2023.