L'ILLUSION - Maxime Chattam (Pocket)

Bienvenue à Val Quarios, petite station de ski familiale qui ferme ses portes l’été. Ne reste alors qu’une douzaine de saisonniers au milieu de bâtiments déserts. Hugo vient à peine d’arriver, mais, déjà, quelque chose l’inquiète. Ce sentiment d’être épié, ces " visions " qui le hantent et cette disparition soudaine…
Quels secrets terrifiants se cachent derrière ces murs ? Hugo va devoir affronter ses peurs et ses cauchemars jusqu’à douter de sa raison… Bienvenue à Val Quarios, une " jolie petite station familiale " où la mort rôde avec la gourmandise d’une tempête d’été.

Après avoir dévoré deux tomes du formidable Haut-Royaume de Pierre Pevel, définitivement mon auteur favori de ces dernières années, j’ai eu envie de revenir sur les terres du polar, du thriller. Et j’ai notamment trouvé ce Poche en librairie, paru récemment, avant une première édition en grand format il y a deux ans.
Ma formidable épouse m’a aidé à craquer, et je ne regrette pas !

Maxime Chattam, c’est un auteur que je connais « bien », et que j’apprécie. J’ai lu sa Trilogie du Mal, avec notamment le formidable In Tenebris. Son premier roman, Le Cinquième Règne, m’a laissé un peu froid, comme son Léviatemps. Le sujet de sa série Autremonde ne m’a pas intéressé, mais j’ai bien aimé son « retour » au thriller dans La Conjuration primitive (avec la belle surprise d’y retrouver Joshua Brolin, héros de la Trilogie du Mal).
Si je suis « revenu » de mon admiration initiale, je garde un avis positif, sur un auteur qui sait écrire, qui sait installer des ambiances, et surtout jouer sur le rythme du récit, des événements. Les idées ne sont pas forcément formidables ou révolutionnaires, mais c’est un bon « tourne-pages », et c’est top.

Ici, L’illusion est dans cette veine positive, prenante, bien que le roman « rappelle » des éléments déjà vus chez l’auteur.
Hugo « rappelle » ainsi la bonhomie et le bon sens d’un Joshua Brolin, héros de la Trilogie du Mal. Lily, la jeune femme dont il s’éprend « rappelle » Ludivine Vanker de La Conjuration primitive et, bien sûr, le principe d’un ensemble isolé en montagne « rappelle » Shining… ce qui est assumé, en fait, et bien souvent dans le roman.
Ce n’est cependant pas une vraie gêne : je me suis retrouvé en territoire connu, et j’ai particulièrement apprécié ce sens du rythme, cette gestion du suspense, des chapitres. J’admets être très sensible à cet élément, plus au fond que l’originalité des idées. J’aime être pris, porté, entraîné, happé par la succession d’événements, et Maxime Chattam sait particulièrement bien gérer ça, en m’immergeant dans les pensées d’un Hugo sous pression, dans ce microcosme étrange, étouffant malgré l’ampleur du paysage qui l’entoure.
Aussi, j’avoue avoir été bien happé par la « mythologie » de Val Quarios, où Hugo découvre bien vite un lien avec l’étonnant Lucien Strafa, prestidigitateur de génie, « oublié » de tous malgré sa toute puissance dans les années 70. L’enquête d’Hugo est prenante, les éléments développés sont intenses, et les deux-tiers du roman sont juste passionants ! J’ai dévoré entre 350 et 400 pages en moins de 48h, et c’était vraiment top.
Malheureusement, le dernier tiers est moins fort, moins efficace, moins prenant. Quand les révélations arrivent peu à peu, quand Hugo perd pied, le style de Chattam se révèle moins fort, moins intense. Ca reste très bien, mais moins bien. J’avoue avoir été un peu déçu par la révélation que Lucien Strafa n’a jamais existé, et est une création de (attention, gros spoiler] la « communauté » de Val Quarios, non pas « juste » des employés fixes et des saisonniers, mais bien des familles déviantes, rassemblées ici depuis plus de quarante ans pour s’adonner à leurs vices en enlevant et abusant de touristes ou d’autres saisonniers. Lucien Strafa a été créé pour « occuper » les saisonniers qui viennent aider, pour jouer avec eux, et aussi passer le temps. Par contre, quel choc de voir (vraiment énorme spoiler) une fin extrêmement noire, où Hugo et une autre saisonnière sont assassinés par la communauté ! Les dernières pages, qui livrent toutes les explosions, sont ici particulièrement réussies et acides, terriblement brutales mais efficaces.

En conclusion, le lecteur qui apprécie Maxime Chattam sera ici en terrain connu, familier et agréable, même si plusieurs aspects (et notamment la « communauté » qui rappelle celle de La Conjuration primitive) ont déjà été vus chez l’auteur. Le lecteur avide de frisson et surtout attentif au rythme saura aussi trouver son intérêt ici.
Un bon livre, donc. Un thriller prenant, intense, pas entièrement réussi, mais très efficace et très bien rythmé.
Une bonne lecture, et un bon flip’ !