LIMINAL (ALT236)

De Reddit aux jeux vidéo, en passant par le cinéma, la photographie et la peinture, l’esthétique liée aux espaces liminaux – ces lieux du quotidien inquiétants, délaissés et presque surréalistes – fascine autant qu’elle dérange. Des effets d’échos et de résonance tout à fait sidérants se produisent dans la mémoire et l’imagination de ceux qui les regardent. Les longs couloirs de Shining , les backrooms, les niveaux de Super Mario 64, le lotissement anxiogène du film Vivarium , les peintures de René Magritte… L’histoire de l’art récente regorge d’exemples parfois inattendus. Des origines du terme à la naissance d’une véritable esthétique de l’angoisse, ALT236 revient sur le mystère qui entoure les liminal spaces et à travers eux, sur le pouvoir que l’espace architectural opère sur nos sensations

  • Éditeur ‏ : ‎ HOEBEKE; Illustrated édition (9 novembre 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 192 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2073033830
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2073033833
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 1,37 Kilograms
  • Dimensions ‏ : ‎ 23.9 x 2.6 x 28.9 cm
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Sujet intéressant.

Jim

J’ai commandé le livre. Ca tape pile-poil dans un truc qui me fascine actuellement (enfin j’en prend conscience actuellement mais c’est quelque chose qui a nourri mon imaginaire depuis très longtemps) que ce soit dans le jeux-vidéo, les films ou la musique.

Je me pose aussi plein de questions, depuis longtemps, sur ce que j’appellerais la « géographie horrifique ». Les rapports différents que les Américains et les Australiens entretiennent à la route, par exemple : chez les premiers, c’est l’arrêt en bordure de route (l’escale, la panne) qui est moteur d’action et surgissement d’horreur (de Psychose à Jeepers Creepers en passant par Massacre à la tronçonneuse…), chez les seconds, c’est la route elle-même et le voyage (je songe à Mad Max, ou à un petit film d’horreur avec une sorte de camion hanté dissimulant une usine à viande où sont recyclés les promeneurs malchanceux, son titre m’échappe…).
Et il y a cette idée que je trouve assez fascinante du « suburban gothic », avec toute cette légende autour des banlieues (parfois en construction ou en promotion, comme dans ET ou Poltergeist…) qui a fondé un genre mais aussi rajouté une couche à la psyché américaine (Tim Burton l’a bien compris dans Edward en percutant la banlieue et le château ancestral…).

Or, « liminal », ça vient de « limen », en latin, qui décrit le seuil. Mais aussi la frontière. Et là, c’est intéressant parce que l’Amérique s’est construite autour de cette idée de nouvelle frontière (l’Ouest, la côte, bientôt l’espace…). Et il y a quelque chose à creuser dans l’idée que l’Amérique est devenu un espace clos, étriqué presque, qui va d’une mer à l’autre, qui s’étend sur un continent et tente de sauter vers le haut (les gratte-ciel, les fusées…).
Là, de ce que le résumé et les images peuvent annoncer, cette idée de seuil semble aussi associée à l’idée de l’espace clos, de l’enfermement, et donc d’un dedans et d’un dehors (qui n’est pas la même chose que l’ailleurs).
Ça peut aussi faire écho au sentiment de sécurité lié au chez-soi, qui nourrit un genre là aussi éminemment américain, celui du « home invasion ».

Ouais, la frontière, le seuil, le passage, c’est récurrent dans le fantastique et le surnaturel (la clairière et la forêt, tout ça…), mais aussi c’est fondateur dans le genre western (la ville, le fort : voir le plan sur la porte ouvrant vers l’extérieur dans La Prisonnière du désert). Du coup, l’une des choses qui me fait dresser l’oreille, c’est la présence du nom de René Magritte. Car la thématique me semble profondément américaine, et c’est justement l’exploration au-delà des frontières (!!!) américaines qui me semble féconde.

Bref, intriguant.
Ça va faire l’objet d’une commande chez ma libraire, ça.

Jim

Terminé à l’instant. Ca se lit bien et c’est passionnant. Aucun déséquilibre entre le texte et les photos ce qui fait qu’on savoure ces dernières tout en appréciant l’historique et l’analyse de l’auteur qui n’hésite pas à passer à 1ère personne pour tenter de comprendre les sensations liés à ces images.

Le livre couvre beaucoup de domaine et tente de tracer des ponts entre ceux-ci (et ça c’est quelque chose que j’aime beaucoup et tente souvent de faire) : architecture, peinture, photographie, film, série, jeux-vidéo et même musique. Ca croise et s’entrecroise régulièrement sans que cela vire au catalogue de référence (bien que j’ai noté un certains nombre de trucs que je vais m’empresser de découvrir).

Le propos est très structuré avec une première partie sur la définition du terme et une recherche sur les sources des oeuvres actuelles puis une tentative de définition tout en prenant quelques chemins de traverses. Ce qui semble porter le livre c’est la manière dont le liminal va traverser des supports différents, être une sorte de réponse à l’angoisse contemporaine mais aussi être un support d’un travail collectif à l’échelle mondial.

C’est là où le chapitre sur les backrooms est fascinant. Je connaissais assez peu et l’histoire de ce concept et ce qui en découle est fascinant (et terrifiant).

Excellente lecture.

Arrivé mercredi chez ma libraire. Pas eu encore le temps de passer.

Jim