L’INATTENDU #17 : L’EMPREINTE D’OMEGA
Pour lire quelques unes des séries les plus atypiques de Marvel des années 70, peuplée des personnages les plus étranges, il faut le plus souvent s’intéresser à l’oeuvre de Steve Gerber. Sa série inachevée Omega the Unknown (dans le sens où elle s’est arrêtée sans avoir de fin, une conclusion bazardée par un autre scénariste dans un autre bouquin), co-écrite avec Mary Skrenes, en est un bon exemple. Avec ce titre, le créateur de Howard the Duck voulait suivre les pas d’un garçon de douze ans…mais pas l’habituel ado costumé et jeune partenaire de super-héros. Un « vrai » gamin de tous les jours qui affronterait tous les problèmes liés à l’adolescence. Mais bien entendu, son James Michael est une énigme enrobée de mystère…
L’enfant est en effet présenté comme vivant loin de la société, rêvant d’un surhomme luttant contre des robots sur une planète reculée. James Michael parle de façon élaborée, pas vraiment comme un gosse de son âge et préfèrerait que ses parents continuent son éducation à la maison plutôt que de côtoyer des jeunes de son âge à l’école. Alors qu’ils s’éloignaient de chez eux, leur voiture est percutée par un camion…et c’est là que l’on découvre que les parents de James Michael étaient en fait des robots. Il voit la tête de sa « mère » lui parler avant qu’elle fonde. James Michael s’évanouit et se réveille à l’hôpital où son cas intrigue le docteur chargé de son cas. Au fil des jours, l’infirmière Ruth Hart fait de James Michael son protégé et propose de l’héberger avec sa colocataire, la fantasque Ambre, photographe au Daily Bugle.
Parallèlement, on découvre que le surhomme existe vraiment et se trouve sur Terre où il poursuit son combat contre ses ennemis. Après avoir croisé le chemin de James Michael, cet « Omega » (la diadème du bonhomme fait penser à la lettre grecque) s’enfuit et tente de trouver sa place dans l’immensité de la Grosse Pomme, notamment en aidant un vieux prêteur sur gages qui était en train de se faire cambrioler et qui se propose de le loger en échange de ses bons services. Steve Gerber avait déjà créé un pastiche de Superman avec Wundarr/Aquarian et on peut voir évidemment en Omega un autre dérivé de l’Homme d’Acier de DC même si le traitement est ici différent, l’extraterrestre mutique gardant lui aussi tout son mystère et suscitant toutes les interrogations.
Le pocket Arédit L’Inattendu #17 comprend les cinq premiers épisodes de Omega the Unknown, soit la première moitié de la série (je n’ai jamais lu la deuxième moitié) qui bénéficient d’une solide partie graphique signée Jim Mooney, à l’aise aussi bien avec les jeunes protagonistes que les adultes, les bastons de super-héros et les ambiances plus sombres. Steve Gerber et Mary Skrenes alternent efficacement entre les parcours de James Michael et Omega et si ce dernier doit affronter des menaces comme Hulk, Electro ou encore un caïd de quartier appelé El Gato, James Michael est confronté aux violences quotidiennes d’une école de quartier et aux horribles conséquences du harcèlement scolaire sur un de ses camarades de classe (il y a des choses qui ne changent hélas pas du tout).
Bref, la relecture de Omega the Unknown confirme bien son statut de série à part, le genre de comic-book que Lug choisissait de ne pas publier à l’époque et vu les éléments qui la composent, ce n’est pas si étonnant (les parents robots qui fondent, un gamin qui vit avec deux belles jeunes femmes, des immeubles délabrés décrits comme sentant la merde, un élève passé à tabac, un méchant marqué au fer rouge…). Une autre preuve du ton particulier des travaux les plus personnels de Steve Gerber…