Je connais encore mal l’œuvre de Wilfrid Lupano, dont j’ai savouré sa vision de Valerian à l’occasion de Shingouzlooz Inc., mais je n’ai pas encore lu L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu ni même les Vieux fourneaux (vous me connaissez, le temps que je rattrape mon retard de lecture, on en reparle dans dix ans).
Remarquant les deux tomes de Little Big Joe sur mon étagère, je me dis qu’il est temps de combler un peu mon retard. Et c’est assez succulent. Pas renversant, mais réellement chouette. La série n’a que deux livraisons, et la seconde étant meilleure que la première, on est en droit de se dire qu’elle aurait pu être hilarante si elle avait continué.
Le personnage central, que seuls les lecteurs connaissent sous le nom de « Little Big Joe » car les personnages ignorent comment l’appeler, se met en tête de devenir justicier de l’ouest et de redresser les torts quand il les croise. Sachant qu’il est jeune, petit et mauvais tireur, c’est mal engagé.
Le premier tome joue la cartes des coïncidences, des méprises, des poursuites et des claquements de portes propres au vaudeville, les blagues sur les multiples adultères commis par le vigoureux médecin de la ville ne faisant que renforcer l’allusion.
Le second volume s’articule autour d’une méprise, le héros gaffeur étant pris pour un homme de main à la réputation sanglante. En cela, il est peut-être même meilleur que le précédent, d’autant que le justicier en est singulièrement absent, en retrait, laissant tout l’aréopage s’agiter autour de lui et servir de moteur à l’action.
Au dessin, on retrouve Frédéric Campoy, déjà croisé sur des titres estampillés « Série B » tels que Travis ou Arcanes. Il livre ici une prestation gros nez où l’on reconnaît encore son goût pour le travail de Vatine.
En lisant le diptyque, je me faisait la réflexion suivante : la série est rangée dans une collection humour. Mais en fait, si l’on écarte les blagues un peu légères et si l’on envisage un dessin (surtout pour le « héros ») moins humoristique, elle renoue avec ces séries d’aventures trépidantes et drôles qui ont fait le charme du franco-belge dans les années cinquante et soixante.
Jim