Guerre
Long métrage américain
Réalisé par Robert Wise
Scénarisé par John Gay d’après le roman de Edward L. Beach
Avec Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles…
Titre original : Run Silent, Run Deep
Année de production : 1958
À la fin des années 40, Burt Lancaster a profité du bel élan de sa carrière pour fonder sa propre boîte de production (ce qu’a également fait son ami Kirk Douglas l’année suivante) afin de s’investir encore plus, aussi bien créativement que financièrement, dans ses différents projets. Initialement appelée Norma Productions (d’après la femme de Lancaster), la société fut ensuite renommée Hecht-Hill-Lancaster. Les débuts furent flamboyants, avec des classiques comme l’excellent Corsaire Rouge, Bronco Apache, Vera Cruz, Marty (drame avec Ernest Borgnine récompensé aux Oscars) et Trapèze (inspiré par les années de cirque de Lancaster).
Mais le succès ne fut pas toujours au rendez-vous et après une suite de flops à la fin des années 50, Burt Lancaster, Harold Hecht et James Hill se sont séparés en 1960, mettant fin à leur structure indépendante. L’une de leurs dernières productions sous cette bannière fut Run Silent, Run Deep (L’Odyssée du sous-marin Nerka en V.F.), un suspense en temps de guerre, adaptation libre d’un roman de Edward L. Beach, ancien sous-marinier qui a basé son histoire sur sa propre expérience (et il se dit qu’il n’a pas trop apprécié les libertés prises par le scénariste du long métrage).
Burt Lancaster incarne le lieutenant Jim Bledsoe, un officier qui espérait obtenir le poste de commandant du sous-marin Nerka après plusieurs mois de bons services en tant que second de ce bâtiment. Mais il apprend que le commandant Richardson, cantonné à un poste de bureau après la destruction de son sous-marin un an plus tôt dans le détroit de Bungo, a fait le forcing pour en obtenir la charge. Le premier contact entre les deux hommes est donc plutôt froid mais Bledsoe accepte de rester en tant que second. Les méthodes de Richardson soulèvent également des interrogations parmi les membres d’équipage…
Richardson est joué par Clark Gable, légende hollywoodienne dans l’un de ses derniers rôles (il est décédé deux ans plus tard). Son alcoolisme et sa santé déclinante (ce qui explique pourquoi il a du accommoder son planning de tournage) n’ont pas empêché Gable de livrer une composition solide en commandant obsédé par la recherche du destroyer japonais Akikaze et du sous-marin qui le suit à la trace, les deux bâtiments travaillant de concert pour couler les navires américains.
Dans la carrière de Robert Wise, L’Odyssée du sous-marin Nerka se situe entre deux films mettant en scène des personnages féminins, Femmes Coupables et Je veux vivre !, réquisitoire contre la peine de mort…femmes bien évidemment absentes ici (à part la courte participation de Mary La Roche dans le rôle de l’épouse de Richardson). Wise filme donc une distribution entièrement masculine et retranscrit efficacement la routine d’un équipage de sous-marin, des exercices réguliers à l’intensité des combats. Des personnalités bien distinctes sont mises en avant, grâce à des acteurs comme Jack Warden, Don Rickles et Brad Dexter, entre touches légères et moments de tensions, de désaccords exprimés dans des situations compliquées.
L’intrigue monte en puissance jusqu’à un dernier acte au suspense très bien ficelé. L’atmosphère claustrophobique à l’intérieur du sous-marin est souvent étouffante et les scènes de batailles navales impeccablement orchestrées, avec des effets spéciaux de qualité. Autre belle démonstration du talent d’un metteur en scène qui était décidément à l’aise dans tous les genres…