L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL (Dario Argento)

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REALISATEUR & SCENARISTE

Dario Argento

DISTRIBUTION

Tony Musante, Suzy Kendall, Enrico Maria Salerno, Eva Renzi…

INFOS

Long métrage italien/ouest-allemand
Genre : thriller/horreur
Titre original : L’uccello dalle piume di cristallo
Année de production : 1970

Alors qu’il était encore journaliste, Dario Argento commence sa carrière cinématographique dans la deuxième moitié des années 60 en enchaînant les scénarios. Il se révèle assez prolifique puisqu’il est crédité sur une dizaine de films entre 1966 et 1969, dans des genres comme le polar (Requiem pour une canaille), le film de guerre (Commandos avec Lee Van Cleef, La Légion des Damnés avec Jack Palance…) et le western (il a notamment travaillé sur l’histoire du magnifique Il était une fois dans l’Ouest aux côtés de Sergio Leone et Bernardo Bertolucci). Et c’est en 1969 qu’il passe derrière la caméra pour mettre lui-même en images son propre scénario, ce qui donnera le giallo L’Oiseau au Plumage de Cristal (sorti en Italie en février 1970).

S’il y avait déjà eu des gialli avant L’Oiseau au Plumage de Cristal (voir l’excellent article de Photonik et les chroniques consacrées au maestro Mario Bava dans les colonnes du ciné-club), c’est le succès du premier film de Dario Argento qui a véritablement fait du genre un filon dans lequel de nombreux producteurs se sont engouffrés les années suivantes. L’influence des oeuvres qui ont précédé est présente car Argento utilise avec brio les figures archétypales du giallo . Le héros est déraciné, un écrivain américain venu en Italie pour y retrouver l’inspiration. Le tueur se réduit jusqu’à la révélation finale à sa silhouette emblématique, les gants noirs, le chapeau, l’arme blanche, les ombres qui « absorbent » complètement les traits de son visage.

Dès la première scène-choc de L’Oiseau au Plumage de Cristal, Dario Argento concocte une mécanique de suspense implacable qui joue très habilement de la perception du spectateur. Alors qu’il rentre chez lui, l’écrivain Sam Dalmas (Tony Musante livre une solide interprétation) est témoin d’une agression qui a lieu dans une galerie d’art. Une silhouette vêtue de noir poignarde une femme et Sam assiste à la scène impuissant car il se retrouve bloqué entre les deux parois d’une vitrine. À l’arrivée de la police, Sam apprend que ce n’est pas la première victime et qu’un tueur sévit depuis quelques temps. L’américain est impliqué dans l’enquête par le commissaire de police (savoureux Enrico Maria Salerno)…une enquête qui tourne à l’obsession…

Une obsession déclenchée par le fait que Sam remet en question ses propres souvenirs. Car c’est tout ce qui fait la force de cette séquence, tant par sa réalisation que par son montage. Comme le protagoniste principal, le spectateur assiste à l’attaque de manière frontale…et malgré la luminosité, malgré le fait qu’il ne semble planer aucun doute sur ce qui se déroule devant ses yeux (et donc devant les nôtres), Sam sait qu’un détail lui a échappé. Et c’est pour cela qu’il mène ses propres recherches…

À partir de cette entame brillante, Dario Argento déroule un suspense tendu, à l’atmosphère magnifiée par l’excellent travail du chef opérateur Vittorio Storaro. Les rebondissements sont animés par une étrange galerie de personnages secondaires , dont la tronche taillée à la serpe de Reggie Nalder (Les Vampires de Salem) en tueur inquiétant et le truculent Mario Adorf (Le Tambour) en peintre reclus pour un moment quasi-surréaliste.

Le succès de L’Oiseau au Plumage de Cristal a lancé la carrière de Dario Argento qui a persisté et signé dans le domaine du giallo avec deux autres longs métrages, l’ensemble formant, avec ses titres pour le moins mystérieux (jusqu’à un certain point dans le visionnage), une informelle « trilogie animalière » : Le Chat à Neuf Queues et Quatre Mouches de Velours Gris.

Je profite de la rétrospective sur OCS pour me refaire la filmographie de Dario Argento de manière chronologique. Ne possédant pas cette trilogie « animalière » en DVD, c’est avec plaisir et curiosité que je me replonge dedans. Le film s’avère très efficace, même si avec le recul, il est amusant de voir l’enquête menée par l’écrivain avec l’approbation du policier. Tout aussi amusantes sont les quelques notes d’humour dont fait preuve Argento. Un humour assez particulier, que j’avais oublié (qui sera encore plus présent dans 4 Mouches de Velours Gris),

C’est toujours intéressant de voir les prémices de ce qui fera le style d’Argento. Et cette 1ere œuvre reste une excellente mise en bouche pour commencer mon marathon.