LOST CONTINENT (Sam Newfield)

REALISATEUR

Sam Newfield

SCENARISTES

Richard H. Landau et Caroll Young

DISTRIBUTION

Cesar Romero, John Hoyt, Whit Bissell, Chick Chandler…

INFOS

Long métrage américain
Genre : avenrures/fantastique
Année de production : 1951

Légendaire stackhanoviste de la série B des années 30 à 50, Sam Newfield était surnommé « le réalisateur américain le plus profique du cinéma sonore ». Réputation non usurpée puisqu’en un peu moins de 40 ans de carrière, le bonhomme a dirigé plus de 250 longs et courts métrages, sans oublier des épisodes de séries télé ou des films d’entreprise. Au pic de son rendement, il pouvait mettre en boite plus de 10 films par an (19 en 1942 !), le plus souvent des quickies (dont la durée dépassaient à peine une heure) tournés en à peine deux semaines. Spécialisé dans la comédie dans sa première partie de carrière puis dans le western (il est notamment l’auteur de l’étrange The Terror of Tiny Town, western musical sorti en 1938 et entièrement interprété par des personnes de petite taille), il toucha occasionnellement au fantastique et aux histoires de monstres géants en vogue au début des années 50.

Après la disparition en pleine mer d’une fusée propulsée au nucléaire, des officiers de l’armée américaine sont chargés d’escorter une équipe de scientifiques pour retrouver l’engin. Ils retrouvent sa trace sur un île où leur avion doit se poser en urgence suite à d’étranges avaries. L’expédition doit donc continuer à pied et se retrouve bientôt dans une jungle oubliée par le temps…

Comme nombre de ses congénères, Sam Newfield pallie les limites de son budget avec des stock-shots empruntés à d’autres productions ou à des images d’actualité. Ce qui fait que des scènes-clés se baladent allègrement d’un film à l’autre, quitte à ce que ne soit pas raccord en terme de photographie et de continuité. Pour l’envol de la fusée, il utilise donc le décollage du vaisseau spatial de 24 heures chez les martiens…qui sera également réutilisé en partie en 1958 dans Missile to the Moon. Et alors que les militaires et les savants embarquent à bord d’un Air-Force C-47, cet avion se transforme mystérieusement en Boeing dans une scène furtive qui le voit atterrir pour faire le plein.

Lost Continent dure 83 mn, mais il s’agit là d’un cas où le scénario aurait très bien pu être débarrassé d’éléments inutiles pour le ramener à la durée moyenne d’un quickie. La première moitié tire en effet à la ligne, avec des scènes d’exposition peu captivantes, qui insistent par exemple sur le côté « homme à femmes » du héros, ce qui ne servira pas pour la suite (et qui sont juste là pour en rajouter sur la réputation de latin lover de Cesar Romero, le futur Joker de la série télé Batman). Un faux suspense sera également entretenu autour du personnage du savant russe incarné par John Hoyt, solide second rôle, mais ce traitement apporte tout de même une petite touche d’originalité par rapport à l’habituelle « menace rouge » des séries B des fifties.

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La partie aventures met un peu trop de temps à véritablement enclencher la seconde. Les héros mettent en effet des plombes à atteindre le fameux « Continent perdu » du titre et passent beaucoup trop de temps à grimper le long de formations rocheuses. L’ennui gagne et c’est à ce moment-là que l’équipe atteint enfin cette mystérieuse jungle peuplée de dinosaures. À l’instar de Kurt Neumann et de sa Mars rouge dans 24 heures chez les Martiens, Newfield a l’idée d’utiliser un filtre de couleur afin de marquer la différence entre les deux mondes. Pendant une dizaine de minutes, pendant lesquelles militaires et savants tenteront de retrouver la fusée et de survivre aux attaques d’herbivores (brontosaures et tricératops) subitement avides de chair fraiche, on passe donc du noir et blanc au vert. Un petit gimmick qui fonctionne pas mal…

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À une exception, on échappe aux lézards maquillés et agrandis à l’écran. Les autres créatures sont donc des miniatures (certes un peu sommaires) animées image par image. Ce n’est pas du Ray Harryhausen, mais ces scènes gardent un certain charme désuet…

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Petite production tournée en 11 jours, Lost Continent conserve quelques attraits qui la rendent sympathique mais aurait pu être plus percutante en se débarrassant de tout de qui fait office de pur remplissage.
Et le manque de péripéties des cinquantes premières minutes ne permet pas à l’ensemble de rester scotché à son fauteuil…