MAJIN
REALISATEUR
Kimiyoshi Yasuda
SCENARISTE
Tetsurô Yoshida
DISTRIBUTION
Miwa Takada, Yoshihiko Aoyama, Jun Fujimaki, Ryûtarô Gomi…
INFOS
Long métrage japonais
Genre : drame/fantastique
Titre original: Daimajin
Année de production : 1966
Forte du succès de Gamera (la tortue géante préhistorique cracheuse de feu) en 1965, la société de production Daiei Motion Picture Company donna rapidement son feu vert pour une inévitable suite (Gamera vs Barugon)…tout en développant une ambitieuse trilogie dont le but était d’associer le kaiju eiga (ou film de monstres géants), genre extrêmement populaire depuis la naissance de Godzilla en 1954, au jidaigeki (ou film historique), pour lequel la Daiei était principalement connue (voir la longue série des Zatoichi, illustre représentant du chanbara).
Ici, la créature n’est donc pas un extra-terrestre ou une représentation de la peur du nucléaire…Majin est un esprit vengeur à la double nature qui exerce son châtiment divin au sein d’un récit chargé de spiritualité et de superstitions. C’est également très manichéen (les différents camps sont clairement définis avec d’un côté des méchants diaboliquement méchants…le genre qu’on adore détester…et de l’autre les pauvres villageois qui ploient sous la tyrannie) mais l’ensemble est rondement mené et la dramaturgie et l’enchaînement des péripéties maintiennent l’intérêt jusqu’à l’attendu final destructeur.
Majin ne dure que 80 minutes et le spectateur doit attendre les quinze dernières minutes pour assister au réveil du Dieu. Cela ne veut pas dire pour autant que ce qui précède est ennuyeux : drame, trahisons et retournements de situations sont au programme de cette histoire qui voit le bon Seigneur Hanabusa être trahi par son propre Chambellan qui convoite ses terres et son titre depuis des années. Après avoir tué l’homme qui l’avait pourtant sauvé de la pauvreté, Samanosuke recherche les enfants de Hanabusa pour mettre fin à sa lignée.
Leur gardien, Kogunta, parvient à faire sortir les enfants sain et sauf du château et sur les conseils de sa tante, une grande prêtresse, les emmène jusqu’à la montagne du Dieu, une statue de pierre géante qui abrite un esprit maléfique.
Dix ans plus tard, les villageois sont devenus les esclaves de Samanosuke. Kogenta est capturé et le fils de Hanabusa subit le même sort en voulant le libérer. La jeune princesse adresse alors ses prières au Dieu, lui suppliant de se réveiller et de libérer le pays du cruel Samanosuke…
Scénario classique que Kimiyoshi Yasuda (un metteur en scène maison qui a signé plusieurs opus de la saga Zatoichi pour la Daiei) met en images de manière très efficace, par le biais de combats au sabre dynamiques et d’une belle progression dramatique. Le travail sur la photographie est également de grande qualité. Dans sa première partie, Majin ne manque pas de très belles idées de réalisation, comme lors de la rencontre entre le tyran et la prêtresse, un face-à-face intense et d’une théâtralité exacerbée par une judicieuse utilisation des ombres et lumières.
Et pendant ce temps, la présence de Majin se fait de plus en plus menaçante, attendant le moment propice pour se revenir à la vie…
Spectaculaire, le dernier acte de Majin est marqué par un déluge d’effets spéciaux saisissants, qui n’ont rien perdu de leur impact visuel. Combinaison de plusieurs techniques (statue grandeur nature, acteur en costume, miniatures…), ils sont l’oeuvre des spécialistes du genre Ryosaku Takayama et Yoshiyuki Kuroda (The Great Yokai War). Sur une musique grandiose de Akira Ifukube, la fureur du dieu de pierre vengeur s’exerce dans une succession de scènes impressionnantes (dont certaines sont empreintes d’un symbolisme marqué), qui figurent parmi les plus mémorables du kaiju eiga.
Majin est ensuite revenu dans Le Retour de Majin et Le Combat final de Majin, respectivement réalisés par Kenji Misumi et Kazuo Mori. Les trois longs métrages ont d’ailleurs été tournés à la suite et exploités dans les salles japonaises la même année, en avril, août et décembre 1966.