Oh bah ça discute, dites-moi !
Non, effectivement, il ne suffit pas qu’une femme règne pour que ça fasse du royaume un matriarcat, mais Maléfique et Stéphane (je l’écris à la française, na !) sont des métonymies des deux régimes, ils les incarnent.
Et je persiste à penser que le scénario (écrit par une femme, si ma mémoire ne m’abuse point, et ce n’est donc pas anodin…) tourne ses regards vers la symbolique médiévale.
Par exemple, il est évident, comme expliqué plus haut, que les ailes coupées, en plus d’être une métaphore sur l’assassinat des rêves, est également une représentation du viol. Bien évidemment. Mais quand elle vole, Maléfique se dresse et transperce des nuages ou des fenêtres, bref, elle perce des parois, elle pénètre. Les ailes lui permettent de rivaliser sur le terrain de l’homme, à savoir la vitesse, la force, la violence. Ce faisant, les ailes s’imposent en attribut phallique. Voilà pour la lecture freudienne.
Mais les ailes permettent aussi une lecture médiévale. Maléfique sans ses ailes, c’est le Roi Pêcheur, blessé à la cuisse et condamné à voir son royaume flétrir. La blessure à la cuisse du « roi méhaignié », c’est là aussi une métaphore sexuelle, bien entendu, mais aussi une métaphore sociale, dans la perspective médiévale, celle du dernier de la lignée incapable de conserver sa fertilité à son royaume. Il n’est pas anodin, là non plus, que le film présente ce benêt de Philippe comme « premier de sa lignée », car le cycle de la gaste-terre est rompu.
Après, on rappellera aussi une chose : le mot « fée », qui n’est plus qu’un nom propre aujourd’hui, était entendu jadis également comme adjectif. Et dans des contrées merveilleuses comme la Lande décrite par le film, tout était « fée », les arbres étaient fées, l’eau était fée, les pierres étaient fées. De là s’établissait un rapport entre les habitants et le lieu, et si les uns étaient touchés, l’autre l’était aussi.
Je ne crois pas que ce soit une erreur de lecture de dire qu’il y a une compréhension de l’imaginaire médiéval dans ce film. Je crois en revanche que ce serait une erreur de lecture, ou en tout cas une lecture incomplète, d’appliquer sur le récit une grille d’explication entièrement « moderne » (à savoir grosso modo freudienne).
Jim