MALEFIQUE (Robert Stromberg)

Le premier visuel de la réinterprétation de la Belle au Bois Dormant de Disney, racontée du point de vue de la méchante, Maléfique.

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

28 mai 2014

REALISATEUR

Robert Stromberg

SCENARISTE

Linda Woolverton

DISTRIBUTION

Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley, Juno Temple, Peter Capaldi, Sam Riley, Miranda Richardson…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/fantastique
Titre original : Maleficent
Année de production : 2013

SYNOPSIS

Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…
[/quote]

C’est original : elle a mis ses botines sur son crâne ! Peut être plus facile pour marcher sur la tête !

La première bande-annonce :

Dans le genre impressionnant, le casting se pose là !

jim

Hmmm, intéressant.

Ne nous emballons pas les enfants, c’est du Disney…

Oui. Comme « Fantasia ».

Exception à la règle, avec une poignée d’autres, dans le domaine du film non animé (puisque c’est de ça qu’il s’agit ici), comme Le Dragon du Lac de feu, Le Trou Noir, les yeux de la Forêt (qui m’avait bien calmé à l’époque), La Foire des Ténèbres, et, allez, Tron…mais on parle d’un temps que seul quelqu’un capable de corrompre les politiques peut connaître! :unamused:

Un film que je compte aller voir !!!

Carabosse…

La nouvelle bande-annonce :

La bande annonce donne envie !!! Je vais aller voir ce film en mai.

Vu la bande annonce hier, c’est prometteur je trouve et ça peut donner un background intéressant au personnage.

Marrant, ça ne m’a pas du tout donner envie de le voir ! J’ai bien peur que ce soit chiantissime …

[quote=« Le Doc »]La nouvelle bande-annonce :

Je saurais pas deviner comment sera le film, mais la bande annonce a un sacré cachet, l’air de rien (qui tient simplement à un montage discret et une illustration musicale pas conne…). Faut voir.

(Elle a un redoutable côté Catwoman, dans ces images, la Maléfique !)

Jim

Autant le dire de suite, Angelina Jolie porte entièrement le film ; les effets spéciaux aussi, d’ailleurs. La technique est parfaite, les créatures sont très expressives et tout l’aspect visuel fonctionne très bien. C’est très joli et fluide.
Après… après, c’est très nuancé. S’il y a des points positifs (la nuance sur le personnage principal, le fait que, globalement, personne n’est ni entièrement bon, ni entièrement mauvais), le scénario a quelques loupés et le film en souffre clairement. C’est parfois un peu lourd, la Belle au Bois Dormant est terriblement niaise (seul personnage avec une seule facette, et une actrice jolie mais niaise au possible), quelques moments-clés ne fonctionnent pas autant qu’on l’espérait et tout finit trop vite, trop facilement.
Bof, finalement. Je n’en attendais rien, ce n’était pas désagréable mais, en voyant les beaux effets spéciaux et la bonne implication de l’actrice, ces deux éléments méritaient mieux que cette histoire.

Donc je viens de voir le film.
Et c’est un régal pour les yeux. Les décors, les images, les effets spéciaux, Angelina Jolie, bref, un déferlement de merveilles.
Il faut aussi saluer la prestation de Sharlto Copley, qui est formidable. Bon, comme toujours, vous me direz, mais il n’est pas inutile de le répéter.

Après, la voix off qui ouvre et ferme le film aurait pu laisser espérer un petit d’ironie, de second degré, voire une surprise de dernière minute qui aurait donné encore plus de sel à cette relecture, à cette dimension « histoire dans l’histoire », presque. Ce n’est pas le cas, mais bon, ça me semble un défaut mineur.
Certes, le film est prévisible, et certes, les gros changements par rapport à la version que l’on connaît (et dont on nous dit qu’on ne nous a pas raconté la « bonne » version quand on était enfant) sont également assez faciles à deviner, nourrissant à leur tour des péripéties spectaculaires mais sans grande surprise. Mais il me semble que l’intérêt du film n’est pas là, et la « super-héroïsation » de certaines scènes (y a un zest de Seigneur des Anneaux, aussi, dans le traitement visuel) assure quand même la partie visuelle. Ça envoie du bois.
(Et, je le répète, Maléfique fait une très chouette Catwoman.)

Non, je crois que le gros intérêt du film est ailleurs.
Grosso modo, en réécrivant l’histoire de Perrault (et la version Disney elle-même) et en donnant le « bon » rôle à la méchante, le scénario amène différentes péripéties et révélation qui permettent deux choses.
D’une part, Aurore devient, à un moment du récit, consciente du « sort » (à tous les sens du terme) qui l’attend. Ce faisant, il arrive un moment dans le récit où elle est tiraillée entre le « destin » et le « choix », ses choix la conduisant fatalement à vivre son destin, dans une espèce de flou artistique où elle (et le spectateur) ne sait pas si elle contrôle ou si elle est contrôlée. Personnellement, j’ai pensé à Monsieur Klein, ce film de Losey où Delon incarne un personnage qui a prouvé qu’il n’est pas le fameux Klein mais qui, à trop vouloir savoir qui est Klein, finit par subir le sort de Klein.
D’autre part, et plus intéressant encore, le film, par le truchement des changements opérés (dans le fameux « schéma actantiel »), remet la femme (les femmes) au centre du dispositif narratif et des enjeux du récit, et en arrive même à chasser, à grands coups de bottes dans le train, le Prince Charmant de l’équation. Ce faisant, il extirpe la femme de son rôle de « demoiselle en détresse » que les contes (Perrault et autres, mais notamment Perrault) lui avaient confié. Le film réaffirme une féminité (innocente et blonde, contrariée et brune, mais présente) au centre de l’imaginaire et de la structure politique. Le scénario renoue avec la souveraineté féminine au centre des représentations médiévales (pour résumer, la souveraineté blonde incarnation de la fertilité, à savoir Guenièvre, la souveraineté brune associée à la « gaste-terre », à savoir Morgane : ceux qui ont vu Excalibur savent que John Boorman a inversé les couleurs, mais c’est parce qu’il est taquin), et s’amuse avec ces codes (la nuit tombe sur la lande, les remparts d’épine se dressent, la lande devient la terre gaste parce que la souveraineté et la fertilité sont contrariées). Ce faisant, en rendant hostile le roi et impuissant le prince, le film remet en selle une imagerie proprement médiévale. Et la voix off qui nous a dit « ouais ouais, on vous a raconté l’histoire de la Belle au Bois Dormant, mais c’est pas la bonne, on vous a bourré le mou, je vais vous raconter la vraie vérité vraie » (bon, certes, pas en ces termes, je vous l’accorde) peut s’écouter sous un autre angle, à savoir celui de la réécriture au fil des siècles par une société dominée par le patriarcat (et donc redonnant au roi et au princes les rôles charnières). Si l’on accorde foi à l’adage qui veut que l’histoire est écrite par les vainqueurs, alors le patriarcat a gagné et a réécrit les contes.

On peut presque résumer le film à la lutte non de deux royaumes, mais plutôt de deux univers régis selon des lois différentes. C’est le matriarcat contre le patriarcat. Alors certes, le matriarcat est présenté comme potentiellement incompétent (les trois fées sont des imbéciles incapables de rien), mais jamais néfaste, au contraire du patriarcat qui est décrit comme autoritaire, jaloux, cupide, violent, dur et froid (l’image du fer est ici assez parlante).
À la lumière de cette grille de lecture, il devient intéressant de songer que Disney, société qui a bâti sa fortune et sa légende en pillant le patrimoine mondial, exploite désormais son propre patrimoine, en opérant une lecture commentaire de ses plus célèbres productions. Il y a quelques mois, Dans l’ombre de Mary proposait également de revenir sur un autre jalon des productions Disney, à savoir Mary Poppins. Et d’une certaine manière, le récit proposait le même schéma, à savoir la lutte d’un homme (Disney) incarnation du pouvoir confiscatoire, contre une femme (Travers), représentant de la fertilité de l’imagination et de la création littéraire. Et somme toute, les deux films disent la même chose : le patriarcat exploite les créations du matriarcat et finit par lui couper les ailes.
Cette lutte d’une vision féminine contre une vision masculine revêt des dimensions politique et territoriale dans Maléfique, alors qu’elle se joue sur le terrain de la création littéraire et de la fertilité artistique à l’occasion de Dans l’ombre de Mary, mais en fin de compte, les deux récits racontent la même chose, et brosse un portrait à charge des grandes industries hollywoodiennes.

C’est sans doute pour cela que Maléfique s’impose comme l’un des meilleurs films de conte de la vague récente : parce qu’il a un sous-texte réellement intéressant.

Jim

C’est juste moi ou la fin de " Maléfique/Maleficient" est juste puante ?

Bon, je vais spoiler à mort les gens, donc si vous voulez voir le film, ne lisez pas ce qui suit (je préviens au cas où les balises spoiler soient encore en panne, comme d’habituuuuuuuude ).

Bon, après, même sans la fin, je ne recommande pas le film (trop peu de réussites dans la chose malgré des idées intéressantes).Je peux même pas faire une critique du film sans spoiler, sérieux sinon je défoncerai qu’un manque de techniques ( sauf en de très rares occasions). Le conte d’origine montrait deux choses : que les femmes sont soit des mégères à abattre soit des poupées gonflables. C’est d’une violence psychologique un conte de fée,et on laisse les gosses aller en voir…avec des archétypes d’un autre temps qui s’imprègnent ( ce que les religions échouent à faire sur quelqu’un, les contes de fées le font. Ils bossent en couple! )

[spoiler]Maléfique (mais qui, qui appelle sa fille comme ça ? Dénoncez-vous !) est une jeune et grande fée qui vit dans une forêt enchantée et rencontre un jeune homme avec qui elle se lie d’amitié, Stefan.
Hors, voila-ti pas que le monde des humains va entrer en guerre contre celui des fées et donc, Stefan, qui est un salopard fini en réalité projette le meurtre de son amie pour gagner la guerre et être certain de devenir souverain. Pris d’une pulsion humaine, il ne la tue pas, il lui coupe ses ailes et les ramène chez lui ,fausse preuve qu’il a eu les couilles de la buter (oui, tuer c’est avoir des couilles…y a pas un mec pour en rattraper un autre dans ce film, c’est important pour la suite).

Quand Maléfique se réveille, elle est choquée, meurtrie, tu vois dans son regard ce par quoi elle passe : la métaphore du viol est évidente (et qu’on ne me dise pas que j’hallucine, les contes de fées sont par essence ultra métaphoriques). La jeune fille douce qu’elle était est morte et elle décide de se venger (et on la comprend).
Elle maudit donc, des années plus tard, Aurore, la descendante de Stefan avec l’histoire du fuseau, tout ça…

Les « gentilles fées » emmènent donc la gamine pour que le jour de son 16me anniversaire, elle ne se pique pas et que la malédiction soit caduque. Sauf que les fées sont des grosses connes inconscientes et pour être certaine qu’Aurore finisse mal, Maléfique est obligée de veiller sur elle et de réparer les gaffes des trois bergeottes.
Et ça manque pas, Aurore se rend compte que finalement, sa vraie « marraine la fée », c’est Maléfique, la seule à vraiment veiller sur elle dans l’ombre. et là, loin d’être what the fuck, la relation entre les deux est une bonne idée et une idée logique (mal branlée mais logique) : on a une jeune fille qui ignore tout du monde des hommes et une femme mûre qui ne le connaît que trop bien : il y en une qui veut apprendre et l’autre qui ré-apprend ce que c’est que de ressentir de l’affection. On se dit que ça ressemble à une relation mère/fille de substitution…erreur, c’est une relation lesbienne qui se met ne place, même si on n’en voit rien.
Maléfique tente d’empêcher sa propre malédiction de se réaliser (ça foire, y aurait pas de belle au bois dormant sinon ^^), le coup du dragon est là pour protéger Aurore, là encore, on pourrait penser à une mère lionne protégeant son petit mais cette lecture ne tient plus debout une fois le moment du réveil arrivé : le prince charmant, un benêt de premier ordre, embrasse Aurore et…rien. Elle ne se réveille pas. Maléfique est mortifiée, en larmes et embrasse sur le front la jeune fille, dans un adieu qui aurait pu être déchirant…et là ça la réveille.C’est elle LE prince charmant d’Aurore, aucune ambiguïté, on sait tous comment le coup du baiser fonctionne et quel genre d’amour requiert le sort (on nous l’a assez répété , répété et répété )
Et elles partent toutes les deux vivre ensemble. Logique. Fin ? Pas du tout, on termine sur le Prince qui retrouve Aurore, vit avec et ensuite,Maléfique, qui a retrouvé ses ailes, s’envole et les laisse vivre ensemble…

Euh,c’est pas logique avec le propos du film déja, c’est une greffe politiquement correcte qui devrait être rejetée par le corps, de deux. Je sais même pas si le studio se rend compte que le château de la belle au bois dormant, qui est leur logo officiel et par lequel on passe pour rentrer dans leurs parcs, est représenté comme abritant les pires merdes machistes et violentes de l’humanité…[/spoiler]

Dans l’ombre de Mary aussi était un film puant, du révisionnisme pur et simple des plus abject.

J’ai trouvé le film superbe visuellement, très coloré et attractif, très conte de fées, ce qui bien sûr colle parfaitement à l’ambiance recherchée.
Angelina Jolie est superbe dans son interprétation de Maléfique, et éclipse clairement les autres personnages, à l’exception de Sam Riley (Diaval) qui la complémente bien dans leurs scènes ensemble. J’aime aussi beaucoup Elle Fanning dans son rôle (et comme actrice en général) mais elle n’a pas grand chose à faire au final, quand on y pense.
Au niveau du fil narratif, je l’ai trouvé très fluide, très facile à suivre et sans temps mort, et la séance est passée toute seule.
Les musiques ne m’ont pas laissée un souvenir inoubliable, mais constituait un bon accompagnement.
Quant aux thèmes,

Je vois beaucoup de gens faire cette comparaison, mais elle ne me convint pas tout à fait. Est-ce qu’il suffit qu’une femme gouverne (et c’est plutôt « protéger » que régner réellement dans Maléfique) pour en faire une société matriarcale et lui associer certaines attributs directement, juste parce qu’une femme est l’être le plus puissant de cette société ?
La société des hommes est quant à elle assez générique, simplement des humains qui veulent plus de richesse et de pouvoir. Sauf que les femmes peuvent être aussi avides et cupides que les hommes, la différence c’est qu’elles doivent souvent prendre des chemins détournés pour parvenir à leurs fins, vu qu’elles sont souvent reléguées en seconde zone dans ce genre de domaines.

Pour ma part, je vois simplement deux visions du monde s’affronter, sans que cela ne se résume à une opposition homme/femme.

Je préfère cette phrase là :

Une histoire est forcément une question de point de vue. En prenant le point de vue de l’héroïne, la narration se féminise incontestablement et change le focus sur les personnages-clés, mais dans les faits, de l’extérieur, les forces en présence restent les mêmes, les torts sont partagés, et aucun modèle n’en ressort plus noble que l’autre.

De manière générale, j’ai plutôt tendance à voir le parcours de Maléfique comme la perte de l’innocence, la trahison d’un être-aimé qui lui arrache son identité, son pouvoir et sa liberté pour assouvir une ambition matérielle et égoïste, et la plongée dans les ténèbres pour simplement survivre à cette expérience traumatisante (de son point de vue, elle est clairement défigurée et handicapée sans ses ailes). Puis vient la lumière dans Aurore, qui lui rappelle beaucoup la personne qu’elle était (forte ressemblance avec la jeune Maléfique) et lui réapprend à aimer petit à petit, à refaire confiance au monde et à se donner une seconde chance. Le tout illustré dans cette phrase (spoiler relatif, je le met tout de même en balise) :

Maleficent: I will not ask you for forgiveness. What I have done is unforgivable. I was so lost in hatred and revenge. I never dreamed that I could love you so much. You stole what was left of my heart. And now I’ve lost you forever.

Sans doute ai-je vu dans cette histoire un cheminement plus personnel qu’une confrontation d’idées ou de valeurs.

Néanmoins, cela fait quelques années que je me suis reprise à suivre les productions Disney (depuis Tangled en fait) et j’apprécie et attends de nouveau comme quand j’étais enfant les productions du studio. Preuve que Disney sait évoluer avec son temps aussi quand il le faut, j’imagine.

Sinon,

Ce n’est pas juste toi, et tu trouveras beaucoup de personnes qui pensent comme toi ici mais ça ne veut pas dire que tu as raison.

[spoiler]

Non. Juste non. Désolée, mais il n’y pas la moindre trace d’affection physique entre les deux personnages. C’est triste tout de même de voir confondre en permanence l’amour physique et l’amour affectif. Il ne s’agit même pas réellement d’un amour mère/fille. Chacune est attirée et fascinée par la personnalité et la présence de l’autre, qui possède quelque chose que l’autre a perdu ou recherche dans sa quête identitaire.
Maléfique, en observant Aurore durant toutes ces années, retrouve peu à peu foi dans l’humanité et sa confiance dans l’autre, s’aperçoit que le monde n’est pas si sombre que ce qu’elle croyait, et qu’il mérite une seconde chance.
Aurore s’émerveille de la présence de Maléfique, qui lui fait découvrir un monde très différent de celui créé par les trois fées. Elle a soif de découverte, et Maléfique lui ouvre des portes vers cet épanouissement et cette soif d’apprendre.
Les deux se complètent et trouvent une source d’inspiration et d’aller de l’avant dans leur complicité.

De nouveau, le mauvais sort n’a rien à voir avec un prince charmant. Le sort est levé par la marque d’un amour sincère, qui ne se résume pas à l’attraction physique. Le mot « sincère » est important ici, car il demande de l’investissement, implique une affection qui se construit petit à petit au fil du temps. Le film suit la même lignée que « Frozen » dans cette optique, où Disney cherche à déconstruire justement cette idée du prince charmant qui arrive, qui est beau, et qui vient sauver la jeune femme de son sort, tout cela après quelques regards et quelques paroles. L’image est belle mais elle appartient à un autre temps et n’a plus de sens de nos jours. L’amour tient plus qu’à l’apparence, l’attraction physique, au coup de foudre, ou à la prétendue compatibilité immédiate entre deux personnes parce qu’elle sont nées dans le même monde, et Disney s’adapte à ce message.

Malgré tout, ton post montre que les préjugés sur les valeurs de Disney ont la vie dure pour ce genre d’histoires, car quoi qu’on en dise, ils s’adaptent et évoluent avec leur époque. Finalement, pourquoi faut-il que la fille soit immanquablement casée à la fin de l’histoire ? Pourquoi doit-elle toujours se définir par sa relation par rapport à une personne tierce et pas juste par rapport à elle-même ? Les préjugés sont si forts que j’ai vu nombre de discussions sur certains forums s’interrogeant si Elsa, la reine des neiges, était lesbienne. Tout cela finalement parce qu’on ne l’avait pas vu interagir romantiquement avec un homme pendant le film. Sincèrement, je ne vois pas quoi répondre sans limite prendre mon interlocuteur pour un imbécile dans ces situations. La femme reste trop souvent définie par ses relations romantiques, et beaucoup moins par sa personnalité et ses aspirations.

Non, elles ne partent pas vivre ensemble. Avec la mort de Stéfan, Aurore devient la reine du pays des hommes, et si on la voit avec Maléfique à la fin, c’est pour sceller la paix entre leurs deux royaumes. Le prince ne va pas non plus vivre avec Aurore à la fin (hein ?). Tout comme dans « Frozen » à nouveau, la présence du prince pointe le fait que Aurore et Philippe vont apprendre à se connaître et, peut-être, tomber amoureux et se marier. Rien n’a cependant commencé.

Qui que quoi ? J’imagine que comme beaucoup, tu penses que ce film cherche à donner une mauvaise image de l’homme et à placer la femme comme une victime ou sur un piédestal. Sauf que, d’une part, tu es loin du compte si tu penses que tous les hommes sont présentés comme des ordures dans le film.

Parmi les personnages masculins du film :

Le roi du début est un tyran qui cherche à s’approprier plus de territoire, et ne déteste pas Maléfique parce que c’est une femme, mais parce que c’est un être puissant qui s’oppose à sa conquête du monde des fées.

Diaval (le corbeau) est le confident de Maléfique, toujours à ses côtés, fidèle et dévoué, mais qui ne se laisse pas écraser pour autant, ni maltraité. Il espère juste que Maléfique retrouvera son coeur à un moment ou à un autre.

Philippe est un peu oubliable dans le film, mais il s’agit simplement d’un jeune homme un peu naïf, gentil et timide, qui a l’air foncièrement honnête et qui n’a rien de machiste pour autant qu’on puisse en juger. D’ailleurs, même Maléfique s’en remet à lui à la fin pour sauver Aurore du sort du sommeil éternel.

Même Stéfan, au final, n’est qu’un humain qui a fait des choix qui lui pèsent sur la conscience, mais qui voulait plus que tout assouvir son ambition et a donc rejeté une part de lui-même pour y parvenir, noircissant son âme de la pire des façons.
Il viole métaphoriquement (et j’irais jusqu’à dire littéralement) Maléfique en lui prenant ses ailes, après avoir profité de ses sentiments, l’avoir drogué et dérobé son pouvoir, sa liberté, sa joie de vivre (on voit bien au début dans sa jeunesse qu’elle apprécie particulièrement de voler dans les airs). Tout cela pour s’assurer une place sur le trône malgré ses origines modestes. Le fait d’avoir laissée la jeune fée en vie n’est même pas une preuve de pitié, mais une nouvelle preuve de faiblesse (qui reviendra le hanter plus tard), parce qu’il n’assume pas son acte horrible jusqu’au bout, et va jusqu’à l’obliger à vivre presque défigurée ou handicapée, tout cela pour soulager un peu sa conscience chargée.
Puis Maléfique vient lui rappeler son geste infâme lors du baptême de sa fille et assouvir sa vengeance, sans qu’il ne puisse réagir. Le remord, la haine, la folie s’empare peu à peu de son âme, et il se perd finalement en lui-même, faisant de Maléfique l’exutoire de ses pulsions. Plus rien ne compte pour lui que l’anéantissement de la fée sombre (à la mort de sa femme, il ne se rend même pas auprès d’elle, il reste à fixer les ailes qu’il a volés à Maléfique), parce qu’elle est la preuve vivante de son abjectitude et de ses vices, dont la seule existence lui rappelle à quel point il est tombé bas juste pour un trône dont il ne profite même plus, passant son temps à ruminer la destruction de Maléfique.
Néanmoins, à nouveau, ce n’est pas l’image de la femme qu’il rejette, mais l’image de son acte, qu’il n’a pas assumé et dont le souvenir est trop dur à supporter pour lui.[/spoiler]

En tout cas, bravo, en un post, tu as condensé les pires bêtises que j’ai lu en termes d’interprétations sur ce film. Tout cela finalement parce que l’histoire est racontée d’un point de vue féminin, ce qui en dit long sur la relation aux femmes de certains, j’aurais tendance à dire, sans être trop provocatrice.