MALIGNANT (James Wan)

DATE DE SORTIE FRANCAISE

1er septembre 2021

REALISATEUR

James Wan

SCENARISTE

Akela Cooper, d’après une histoire de Ingrid Bisu et James Wan

DISTRIBUTION

Annabelle Wallis, Maddie Hasson, George Young…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 2021

SYNOPSIS

La vie de Madison Mitchell est perturbée lorsque de terribles visions viennent la hanter. Quelle est cette créature malveillante qui la poursuit et commet ces meurtres atroces ?

Ça lui va très bien d’être brune, à Annabelle Wallis.

Jim

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Oh la belle surprise que voilà.

« Malignant » est un film parfaitement jouissif pour le fan de série B horrifique, à condition de ne pas être trop gêné aux entournures par des saillies Z prononcées. Eh oui !! C’est aussi ça le cinéma horrifique.

James Wan, je le précise tout de suite, n’est pas du tout un cinéaste que j’affectionne particulièrement, ni même dont je suis la carrière de près ou de loin. Je me rends même compte après vérification de sa filmo que je n’ai pas vu le moindre film du bonhomme depuis pratiquement 15 ans (rien à foutre de « Fast and Furious », les « Insidious » et les « Conjuring » ; et la BA d’« Aquaman » m’avait tellement refroidi que je n’ai pas encore pris la peine de le voir…). Ceci étant dit, je garde un plutôt bon souvenir de ses trois premiers films (le premier « Saw », pas revu depuis lulure mais le plus convaincant du lot et de loin, le mineur mais sympathique « Dead Silence », et le limité mais plutôt bien foutu « Death Sentence » avec Kevin Bacon).
Mais que voulez-vous : on ne se refait pas, et quand un cinéaste annonce un projet-hommage aux grandes heures d’Argento et de De Palma, je tends l’oreille (et les yeux, même si ça veut rien dire) plutôt deux fois qu’une, faisant fi de toutes les franchises moisies du tout-venant hollywoodien actuel.

Alors soyons clairs et précis : « Malignant » n’est absolument pas un petit bijou parfaitement usiné, élégant et subtil. C’est un gros machin mal dégrossi, équipé de gros sabots de plomb et pour tout dire à moitié raté. Un film farci de défauts, donc. Mais typiquement le genre de film dont les qualités pulvérisent les (pourtant énormes) défauts.

Commençons donc par le mauvais, histoire de finir sur la note enthousiaste que le film mérite : « Malignant », inspiré par le comics quasi éponyme signé par Wan en 2011 (« Malignant Man », chez Boom Studios!, apparemment une belle merde), est écrit avec les pieds. A un point vraiment pas possible. Le traitement des personnages incarnant les forces de l’ordre, de plus en plus caricaturale et stéréotypé dans la production hollywoodienne courante, atteint ici un point de non retour. Ceci dit, c’est aussi la source d’un comique involontaire assez roboratif mais qui ne joue absolument pas en faveur du film, par contre.
De plus, le film, s’il est tout sauf chiant (on s’emmerde pas une seconde, vraiment) semble installé sur des rails bien pépères pendant deux bons tiers de sa durée. Et même si on ne s’ennuie pas, on se dit quand même que Wan nous refait un coup apparemment éprouvé dans sa filmo (la menace surnaturelle) mâtiné ceci dit d’une interrogation de taille, mais elle-même devenu un cliché pénible du genre (l’héroïne est-elle possédée ? ou est-ce un délire schizophrénique ?). A ce stade du film, malgré les qualités plastiques évidentes sur lesquelles je reviens plus bas, on se dit que Wan ne se fait pas bien chier.
Sans compter un prologue d’une ringardise achevée (à tel point que j’ai adoré, je dois bien l’admettre), et des ruses scénaristiques aussi vilaines qu’éculées. Cerise sur le gâteau : des bonnes vieilles aberrations de script, qui prouvent la vieille théorie selon laquelle le genre au cinéma s’appuie bel et bien sur la bêtise manifeste de ses protagonistes (les exemples sont trop nombreux pour être tous cités, là, mais bordel, un truc tout con… allumez la lumière quand vous rentrez dans une pièce !!! il n’y a rien qui justifie cette aberration !!! à part le besoin de pondre du plan « dark », bien entendu).
Ai-je évoqué les interprètes, tous plus mauvais les uns que les autres (à l’exclusion d’Annabelle Wallis, qui sous-joue à bon escient, avec son look d’héroïne italienne de giallo des seventies et son visage à mi-chemin entre Adjani jeune, période « Possession », et Anne Parillaud) ?

Non, décidément, la barque paraît bien lourde.

C’est quoi qu’est cool, alors ? Ben la mise en scène, déjà, qui rend effectivement hommage aux grands artisans de la « camera prima donna », comme on a pu dire au sujet d’Argento ou De Palma. Wan s’autorise quelques très chouettes macros, plans-séquence virevoltants ou couleurs pétaradantes comme à la grande époque (sans compter qu’un film comme « Sisters » est quasi explicitement convoqué, ni prendre en compte les parallèles possibles avec quelques Argento comme « Phenomena » ou « Trauma » dans une moindre mesure). Wan étonne même à l’occasion de quelques séquences authentiquement électrisantes, comme une fabuleuse course-poursuite dans les sous-sols de Seattle (je me demande si ce qui est dit dans le film sur l’histoire de Seattle est exact d’ailleurs, je vérifierai, mais si c’est le cas c’est assez étonnant, cette histoire ville souterraine). Dans ces occasions, le film touche à une certaine profondeur, étonnante compte-tenu du nawak généralisé par ailleurs.
Et puis bon, quand on mélange (explicitement, comme Wan le confirme en entretien) giallo, slasher expérimental, film d’horreur eighties à la « Shocker », film de fantômes et de possession, J-Horror, bon, ça rend forcément un peu nerveux le fan d’horreur à l’ancienne, quoi. Même si on se dit dans un premier temps que c’est finalement au servie d’un récit conventionnel, malgré la multitude de sous-genres convoqués.

Mais là où Wan nous cloue définitivement le beignet, c’est à la faveur d’un troisième acte DE-MEN-TIEL, qu’il introduit par un twist sidérant. Alors attention, le twist en question comprend son lot de potentiel comique involontaire, et n’est même pas si inédit que ça d’ailleurs (sans même compter le comic book de Wan) ; il dira forcément quelque chose aux fans de Frank Henenlotter, et ses « Frères de sang ».
Mais il a un impact énorme sur le spectateur, un peu comme celui, sidérant, de « Massacre au camp d’été », en moins puissant quand même. Mais chapeau pour la façon dont il est amené, même si Wan se repose en partie (puisque le film est bancal, je l’ai déjà dit) sur des « mensonges » de mise en scène assez éhontés.
Conscient de la puissance de ce twist, thématiquement assez énorme, Wan en profite pour faire dérailler complètement son film, qui devient complètement fou-fou à partir de là. Et le film de s’achever sur un double climax estomaquant de brutalité, dans le sens où le cinéma hong kongais (polar et wu xia pian confondus) l’entendaient naguère.
Bon, comme le film ne pouvait quand même pas s’achever sur cette excellente flambée, on a droit à une ultime séquence bancale, un dialogue final cul cul et niais au possible, et un dernier plan inexplicablement moche (qui annonce une suite, à la faveur d’un petit pano sur la droite anti-spectaculaire et couillon).

Waow ! On se cramponne à son fauteuil pendant toute cette dernière ligne droite, en se disant que Wan est un sacré margoulin. Non seulement il nous a blousé comme un malhonnête, mais en plus il nous sort une espèce de commentaire méta sur sa propre carrière (puisque le film semble battre en brêche la vague des films paranormaux récentes que Wan lui-même a initié). Doublé d’un sous-texte plus touchant que prévu sur la question des violences faites au femme (source de tout le Mal du film, totalement) mais qu’il se contente hélas d’installer sans vraiment développer…

Quel dommage que le film soit aussi maladroit et bâclé par endroits : il avait le potentiel pour devenir un petit classique. En l’état, il deviendra certainement un fan favorite des amateurs éclairés d’horreur décomplexée et jouissive, et c’est déjà pas si mal. « Malignant » est peut-être même le symptôme d’un genre horrifique qui reprend, timidement mais sensiblement, du poil de la bête.
M’en vais maintenant en quête du premier « Aquaman », dans l’espoir un peu fou et vain d’y retrouver les mêmes éclats nanardesques mais teintés d’une vitalité qui transpire l’amour sincère du cinéma (ce dont j’avais oublié que Wan était porteur). Je croise les doigts.

Je n ai lu que les mauvais cotés mais ta bonhomie à les dire donne quand même envie de voir le film.

1 « J'aime »

Mais si, mais si !

Jim

1 « J'aime »

Ha ha ha, donc oui, apparemment c’est possible…

Purée, je n’aime pas les films d’horreur, je ne connais pas la moitié des références citées mais devant une telle verve, j’ai envie de voir le film !

Votez Photonik en 2022 !

Ha ha ha !!!
Dieu m’en préserve. :wink:

Je me suis arrêté là, parce que tu m’as rendu très curieux de le voir !
Et franchement, vu la direction que prenait sa carrière avec The Conjuring 2, je ne l’aurais pas cru !

J’ai hâte de lire vos retours, si vous voyez le film…

@Photonik , dis tu l as trouvé où ?

Il est à l’affiche en salle, depuis le début du mois je crois.

Cette vielle tradition de la salle de ciné…

Oui, c’est totalement ringard.
Vivement qu’elles disparaissent toutes qu’on puissent se pignoler chacun de notre côté devant nos home cinémas !!! :wink:

Se pignoler au cinéma, cela fait mauvais genre faut dire.

On peut aussi picoler devant le « home cinéma ».

Boire ou jouir, il faut choisir.

Jim

Ou pas.