J’aurais aimé approuver ce message, mais j’en suis très, très loin. En fait, passé la première moitié de sa première phrase — « mon personnage préféré de l’univers X-Men », je souscris ou au minimum je n’en suis vraiment pas loin —, je suis même carrément, strictement, à l’opposé de tout ce qu’a écrit Adanedhel. Au point que je redoute sérieusement, et tout à la fois espère… désespérément, que son message soit complètement ironique et que je sois passé à côté.
En tant que < premier titre mutant post-HoX/PoX non-écrit par Jonathan Hickman >, ce Marauders #1 avait un potentiel et une responsabilité : montrer ce que pouvait donner les évolutions apportées à la franchise hors du contrôle serré de leur principal maître d’œuvre. Mais on est tellement loin de ce but que je ne peux même pas compter ça comme une réponse. À la lecture des premières pages, un gigantesque « What — the — FUCK » a effacé toute autre pensée dans ma tête.
La première partie du numéro est juste un gag. Kitty Pryde, membre historique des X-Men et même leur leader à une date récente, étendard de la cause mutante, sauveuse de mondes à plusieurs reprises, se voit refuser le passage pour accéder à Krakoa. Je veux bien admettre, dans l’absolu, que cela aurait pu constituer une prémisse intéressante. Il aurait juste fallu en faire le sujet de l’histoire, que les personnages s’interrogent sur les raisons de cet acte improbable.
Sauf qu’il n’en est rien, personne ne semble en avoir rien à foutre, en fait — et les pages qui suivent sont juste une succession de moments où Kitty est écrite de façon complètement out of character : pour rallier l’île des mutants, elle vole un bateau pour se faire une croisière en solitaire (c’est vrai que se faire rapatrier d’un coup de Blackbird aurait été tellement plus prosaïque), fait un détour pour aller chercher les rations de binouze de Wolverine, se bourre la gueule en tapant dans le stock au passage.
Entre Kitty réduite à un ersatz de Vito la Déveine et les autres personnages du numéro dont la caractérisation est juste inexistante, je me demande qui je dois plaindre le plus.
La volonté comique semble assumée, à défaut de fonctionner. Témoin la façon dont Duggan parodie les pages de fiches informatives de Hickman, pour nous donner par exemple la liste de courses de Wolverine. Sauf qu’il en fait trop et que ça tombe à plat — pour rester sur le même exemple, en faisant écrire Wolverine comme il parle, c’est-à-dire avec les « fautes d’orthographe » qui sont là pour transcrire son accent à l’oral.
La deuxième moitié du numéro passe aux choses sérieuses… mortellement sérieuses… et c’est encore pire tant c’est nul. Avec une représentation caricaturale de la Russie qui semble droit sortie des années 80 (ce n’est pas que je porte le gouvernement russe dans mon cœur, mais là j’en suis à me demander si quelqu’un a prévenu Duggan que l’URSS n’était plus), et une Kitty Pryde qui tatane et mutile à tour de bras.
Quand on peut se retourner vers l’époque Bendis et dire que le personnage était mieux caractérisé alors, c’est un signe.
Comme dit plus haut, je suis assez fan du personnage. Je n’ai pas attendu qu’on me demande de l’appeler « Kate » pour la trouver respectable. Je n’ai pas attendu qu’elle porte un bandana au-dessus de son costume pour la trouver « badass ». Je ne vois pas en quoi on peut dire qu’on voit ici un perso qui a « grandi, mûri ». Par rapport à quoi ? Au personnage exemplaire face à la haine de Dieu crée, l’homme détruit de Claremont ? Au personnage qui se sacrifiait pour sauver la Terre dans les Astonishing X-Men de Whedon ? Au personnage revendiquant hautement sa judéité et sa « mutanité », sous la plume de Bendis, en réponse au malencontreux discours de Havoc sur le « mot M » sous la plume de Remender ? Au personnage qui ces dernières années s’est retrouvée à la tête de l’Institut Xavier, des X-Men et de la communauté mutante de façon assez générale, et s’est avéré un leader parfaitement capable ?
Quant à l’utilisation « brutale » des pouvoirs, je renvoie, au pif, à son affrontement avec Emma Frost là encore dans le run de Whedon (« You get in my head, the rock get in yours. »). Mais c’était une menace face à une mutante ennemie, alors qu’on a ici des actions face à des soldats humains.
Quant aux dessins de Matteo Lolli, je les trouve aussi moches que sur Asgardians of the Galaxy, avec en plus une colorisation par Federico Blee qui sur certaines planches n’est pas loin d’être à vomir.
Non, vraiment, après le plaisir retrouvé à lire des X-Men depuis cet été sous la houlette de Hickman, et avec le pitch prometteur de ces Marauders, je ne vois pas comment considérer ce numéro autrement que comme une catastrophe industrielle intégrale.