MESSALINE, IMPERATRICE ET PUTAIN (Bruno Corbucci)

REALISATEUR

Bruno Corbucci

SCENARISTES

Bruno Corbucci et Mario Amendola

DISTRIBUTION

Anneka Di Lorenzo, Vittorio Caprioli, Giancarlo Prete, Tomas Milian, Sal Borghese…

INFOS

Long métrage italien
Genre : péplum/comédie/érotique
Titre original : Messalina, Messalina!
Année de production : 1977

Dans les années 50/60, le péplum et le western spaghetti ont dominé le cinéma d’exploitation italien…mais à partir des années 70, les recettes ont commencé à s’essouffler. Le western s’est progressivement tourné vers la comédie (notamment avec le succès des films du tandem Bud Spencer & Terence Hill) et le péplum s’est vu récupéré par le cinéma érotique et pornographique (qui ont naturellement plus mis l’accent sur les orgies romaines que sur les combats de gladiateurs). L’un des longs métrages les plus célèbres de cette époque demeure le Caligula de Tinto Brass à la distribution incroyable (Malcolm McDowell, Helen Mirren, Peter O’Toole, John Gielguld…). Une fresque totalement mégalo qui connut une production troublée (4 ans) et qui est sortie deux ans après son tournage dans différentes versions (dont une lardée d’inserts pornos au grand dam de ses comédiens)…

Franco Rosselini (producteur de Pier Paolo Pasolini sur Médée, Le Décameron et Théorème !) décida alors d’utiliser les décors à sa disposition pour tourner un autre film à peu de frais (un carton qui ouvre le film annonce carrément que les décors de Danilo Donati ont été utilisés sans son autorisation) et chargea Bruno Corbucci d’emballer en quelques jours une pelloche érotico-comique pour surfer sur le filon d’un autre sous-genre à la mode, la « sexy comédie ».

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La « sexy comédie », Bruno Corbucci connaît bien. Il en a écrit une tripotée, dont Quand les femmes font ding-dong et la série des « 4 zizis » (4 zizis dans la marine, 4 zizis au garde-à-vous). Comme tous les vieux routiers du cinéma de genre italien, Corbucci a oeuvré dans tous les genres, de l’horreur gothique (Le Manoir de la terreur) aux Bud Spencer et Terence Hill (Pair et impair, Les Superflics de Miami) en passant par le néo-polar (la série des Nico Giraldi avec le truculent Tomas Milian) et le western comique (Les Rangers défient les karatékas).
En tant que réalisateur, Bruno Corbucci était nettement moins doué que son illustre frère Sergio. En tant que scénariste, Bruno Corbucci a tout écrit, du plus affligeant au chef-d’oeuvre absolu (puisqu’il participa à l’écriture de ces deux grands classiques signés par son frangin, Django et Le Grand Silence).

Improvisé au jour le jour, Messaline, impératrice et putain est à ranger au rayon « affligeant ». Il n’y a pas de scénario, d’histoire cohérente (même si elle est inspirée par l’histoire avec un grand H), juste une succession de saynètes grotesques et graveleuses qui décrivent le train de vie décadent de l’impératrice Messaline (Anneka Di Lorenzo reprend le rôle qu’elle avait déjà tenue dans les inserts culs de Caligula), nymphomane notoire qui saute absolument sur tout ce qui ce bouge (« - dis-moi, elles sont 7 femmes là-dedans ? - Non, il n’y en a qu’une mais elle baise pour 40 »).
L’Empereur Claude n’est qu’un idiot bègue et pétomane pour qui Messaline est « aussi innocente qu’une enfant » et qui est le seul à ne pas se rendre compte qu’elle le fait cocu avec tout romain doté d’une queue robuste et de bonne taille (oui, parce qu’elle les fait mesurer par un vaillant centurion frustré d’être devenu un simple « métreur de queue »).

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Dans cette paillardise pachydermique, on retrouve Tomas Milian (Cuchillo dans les excellents westerns de Sergio Sollima Colorado et Saludos, Hombre), venu cachetonner entre deux poliziottesco (il a tourné Messaline entre Le Cynique, L’Infâme, le violent et Nico l’arnaqueur de Bruno Corbucci). En arnaqueur crasseux, Milian cabotine comme un gros sagouin aviné et arbore le même look que le flic Nico Giraldi, barbe bien fournie et coiffure afro !

Cette crétinerie abyssale se termine par une boucherie hallucinante : lorsqu’il se rend enfin compte des activités de Messaline (en plus de le cocufier, elle complote contre lui), Claude envoie ses soldats régler cette révolte à coups de glaive. L’orgie en cours (ce n’est plus siffler en travaillant, c’est comploter en baisant…) se transforme alors en un carnage grand-guignolesque aux effets spéciaux lamentables : membres coupés, corps éviscérés, sang qui jaillit par gros bouillons, mare de sang grumeleux dans laquelle pataugent les acteurs…bref, une zèderie bien lourdingue et bordélique qui existe en différentes versions, les montages français et américains étant raccourcis par rapport à la version italienne.

1 « J'aime »

Il y a des moments, quand je lis tes chroniques (toujours intéressantes en soi, cela dit), où je me demande où tu vas chercher tout ça. Je parle des films chroniqués, hein. :mrgreen:

:wink:

Parler du Parrain de Coppola, de La Nuit du Chasseur et des classiques de l’animation Disney…et aussi (et surtout) déterrer les trucs les plus obscurs (car je suis un bisseux depuis toujours) : c’est tout le plaisir du ciné-club !

Et tu écris si bien, même quand tu descends un film, que ça donne envie de voir le film pour se rendre compte par soi-même de ce que tu décris ! ~___^

Tori.

Merci, Tori. Savoir que ces billets attisent la curiosité et peuvent donner envie de voir des films (et même des gros nanars), ça fait toujours plaisir…

J’aimerais écrire aussi bien : je pourrais parler de beaucoup des films que j’ai dans ma DVDthèque… Il y a plein de gros nanars, mais aussi des films méconnus qu’on pourrait prendre pour de gros nanars, et qui ont pourtant de vraies qualités… Bon, j’ai surtout des nanars, c’est vrai.

Tori.

Enzo Sciotti :

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