MILLER'S CROSSING (Joel et Ethan Coen)

Pendant la prohibition aux États-Unis, Tom Reagan (Gabriel Byrne) est le bras droit et meilleur ami de Leo O’Bannion (Albert Finney), parrain de la mafia irlandaise et maître de la ville.

Le jour où Johnny Caspar (Jon Polito), petit caïd irascible toujours flanqué de son bras-droit, l’imposant et mauvais Eddie le Danois (J.E. Freeman), vient se plaindre des agissements de Bernie Bernbaum (John Turturro), Leo lui interdit de faire justice lui-même sous peine de déclencher une guerre des gangs.

Pour leur troisième film, les frangins Coen foncent dans le classicisme absolue et délivre un film noir véritable déclaration d’amour aux œuvres de Dashiell Hammett, au Yojimbo de Kurosawa et au Doulos de Jean-Pierre Melville avec cette figure du chapeau omniprésente dans le film.

De la même façon que pour Sang pour Sang, l’intrigue de Miller’s Crossing est complexe et joue sur les interconnexions entre des personnages peu démonstratifs. Mais à la différence de ce qui me fascinait dans le 1er film des Coen, on à ici un véritable Machiavel en la personne de Tom Reagan qui joue tout du long du film sur la corde raide et arrive malgré tout à s’en sortir.

Le film est traversé par un sentiment de tristesse assez incroyable et poignant. Tous les personnages la ressentent et la transmettent à différents degrés et de différentes façons faisant du film une œuvre assez fataliste malgré un humour bien trouvé (le running gag du maire et du commissaire ou bien encore un Jon Polito cabotinant juste ce qu’il faut).

Un film superbe qui exprime ici aussi l’assurance acquise des réalisateurs qui ont, durant une panne d’écriture, écrit alors leur prochain film : le fameux Barton Fink que j’ai hâte de découvrir.