Action/espionnage
Long métrage américain
Réalisé par Brian De Palma
Scénarisé par David Koepp, Steven Zaillian et Robert Towne
Avec Tom Cruise, Emmanuelle Béart, Ving Rhames, Jean Reno, Jon Voight, Henry Czerny, Emilio Estevez, Kristin Scott Thomas, Vanessa Redgrave…
Année de production : 1996
Pendant des années, la Paramount a essayé de porter à l’écran la série Mission: Impossible mais sans parvenir à trouver un traitement intéressant de l’histoire. Le studio a donc d’abord opté pour un revival du feuilleton (deux saisons diffusées entre 1988 et 1990) mais sans oublier le projet ciné pour autant qui a été choisi par Tom Cruise pour inaugurer sa nouvelle société de production fondée avec sa collaboratrice Paula Wagner en 1992. Pour réaliser Mission: Impossible, Tom Cruise a porté son choix sur Brian De Palma qui n’en était pas à son coup d’essai pour ce qui était d’adapter une série télévisée (Les Incorruptibles en 1987). À la recherche d’un succès commercial après un début de décennie 90 compliqué (échec du Bûcher des Vanités, résultats modestes pour L’Esprit de Caïn et L’Impasse), De Palma a signé, devenant ainsi l’un des architectes d’une franchise dont les six premiers opus ont récolté plus de trois milliards de dollars au box-office mondial avant un septième numéro prévu pour cet été.
Vu les thèmes de son cinéma, qui parle souvent de manipulations, de faux-semblants, de paranoïa, je pense que De Palma était ici plus à son aise que sur Les Incorruptibles (que j’aime beaucoup au demeurant). L’idée était d’abord de partir sur les bases télévisuelles avant de les tordre complètement pour montrer que plus rien n’était comme avant. Ce qui n’a pas du tout plu aux acteurs du Mission: Impossible du petit écran (les Peter Graves, Martin Landau, Barbara Bain, Greg Morris…) et à certains fans de la première heure…
Pour ma part, je ne suis pas un grand spécialiste de la série. J’ai regardé plusieurs épisodes éparpillés quand j’étais plus jeune mais jamais l’intégralité. Mais malgré cette connaissance limitée, le premier acte me semble le plus proche de l’esprit et de la dynamique de la création de Bruce Geller. Commandés par le vétéran Jim Phelps (Jon Voight succède à Peter Graves), les agents fonctionnent en équipe, chacun avec sa spécificité, pour atteindre leur but : empêcher qu’une disquette contenant une liste d’espions infiltrés en Europe Centrale soit dérobée pour être vendue au plus offrant. L’opération est rondement menée, le suspense est efficace…jusqu’au moment où tout dérape, Ethan Hunt assistant impuissant à la mort de presque tout ses équipiers. Et comme il est apparemment le seul survivant, il représente le coupable idéal pour son supérieur Kittridge…
C’est à cet instant que l’on passe de « l’ancien Mission: Impossible » au nouveau. La scène dans son ensemble est excellente puisqu’en plus d’être palpitante et bien ficelée, elle pourra ensuite être revue sous différents angles pour faire ressortir la vérité. Les rebondissements s’enchaînent sur un bon rythme (le film est le plus court de la saga) et Hunt concocte un plan pour faire sortir de sa cachette le responsable de la traîtrise en montant une nouvelle unité, à moitié française (Emmanuelle Béart et Jean Reno) en plus de la première apparition du sympathique hacker Luther campé par Ving Rhames.
Tout ceci mène à un délirant et spectaculaire final qui préfigure en quelque sorte la surenchère dans les scènes d’action qui va suivre. Mais même si ce morceau de bravoure reste divertissant tout en étant un peu too much, le meilleur de ce premier Mission: Impossible a lieu avant cela. Notamment avec ce qui reste le passage signature du long métrage, souvent parodié, le vol de la liste d’agents à Langley. Une sorte de version high-tech du cambriolage du Topkapi de Jules Dassin, qui n’a rien perdu de son intensité tout en continuant de dresser un portrait pas très flatteur des bureaucrates de la C.I.A…
Sans faire parler la poudre, le face-à-face entre Ethan Hunt et le traître (dont l’identité et les motivations font partie des choses qui n’ont pas plu aux vieux fans) est également brillant (aussi bien du point de vue du jeu des comédiens que de la mise en scène et du montage) dans sa démonstration du pouvoir des images, les flashbacks se superposant aux paroles pour les corriger et en donner une autre interprétation.