MONSTRES INVISIBLES (Arthur Crabtree)

600x800_219056

REALISATEUR

Arthur Crabtree

SCENARISTE

Herbert J. Leder, d’après une nouvelle de Amelia Reynolds Long

DISTRIBUTION

Marshall Thompson, Terry Kilburn, Kynaston Reeves, Stanley Maxted…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : science-fiction/horreur
Titre original : Fiend without a face
Année de production : 1958

Depuis qu’une base américaine s’est installée près de la petite ville de Winthorp, dans la province canadienne, les relations entre l’armée et les locaux ne sont pas au beau fixe. Les fermiers se plaignent du bruit causé par les nombreux décollages et atterrissages, cause de stress pour leurs vaches, et les gens ne voient pas d’un bon oeil l’utilisation du nucléaire requise pour les essais d’un radar expérimental. Les choses prennent une tournure encore plus dramatique, lorsque des corps sont retrouvés sans vie aux alentours de la base. Leur autopsie révèle des petits trous à la base de la nuque et que le cerveau et la moelle épinière ont été prélevés. Le major Cummings est chargé de l’enquête…

Monstres invisibles (Fiend without a face en V.O…Les Monstres sans visages ou Les Démons sans visage auraient été une meilleure traduction, je pense) est un long métrage indépendant produit par une petite société britannique, Amalgamated Productions et distribué ensuite par la MGM. Le scénario est basé sur « The Thought Monster », une nouvelle de l’écrivain Amelia Reynolds Long publiée à l’origine en 1930 dans un numéro du légendaire pulp Weird Tales. Il marque la première expérience cinématographique de l’américain Herbert J. Leder, un auteur qui ne connaîtra qu’une courte carrière (seulement 6 films et un court-métrage, le plus souvent écrits par ses soins). Monstres Invisibles devait d’ailleurs marquer ses débuts de metteur en scène, mais n’ayant pu obtenir un permis de travail britannique à temps, il fut remplacé à la dernière minute par Arthur Crabtree, connu jusque là pour des drames et des épisodes de série T.V.

Ce travail de commande n’eut pas l’air de lui plaire, puisque d’après l’acteur principal Marshall Thompson (le futur Dr Tracy de Daktari), Crabtree eut une discussion mouvementée avec les producteurs le premier jour de tournage, prétextant que « ce n’était pas le film pour lequel il avait été engagé » et qu’« il ne faisait pas de films de science-fiction ». Il claqua alors la porte pendant quelques jours, pendant lesquels Thompson a lui-même occupé le fauteuil de réalisateur, avant de revenir sur sa décision et de compléter la production. Au final, seul le nom de Crabtree est crédité au générique.
L’année suivante, Arthur Crabtree a signé ce qui est resté son dernier film…et son plus connu : le thriller horrifique Crimes au Musée des Horreurs avec Michael Gough (l’Alfred des Batman de Tim Burton et Joel Schumacher).

Foin
Oui, il y a un monstre sur cette photo !

Doté d’un modeste budget de 50.000 livres, Monstres Invisibles choisit le judicieux parti de la suggestion pendant les deux premiers tiers de l’histoire. On ne connait donc pas la nature du danger, dont la présence est signalée par un inquiétant bruit de reptation et intensifiée par les réactions horrifiques des malheureures victimes. Judicieux, car cela favorise l’interrogation et le suspense et permet de planter une atmosphère paranoïaque en montant la petite communauté contre la base militaire et en insistant sur l’ambiguité des réactions de chaque camp.

Comme les séries B américaines de cette époque, Monstres Invisibles joue bien évidemment de la peur atomique…les radiations font d’ailleurs partie du problème, mais ces mystérieux assassinats ont une origine bien différente des habituelles menaces extra-terrestres qui déferlaient alors sur les écrans.

Bon là, il n’y a pas vraiment de spoiler, puisque l’affiche s’était déjà chargée de gâcher le mystère (et d’insister sur l’héroïne féminine légèrement vêtue, plan qui dure à peine deux secondes à l’écran). En faisant des expériences sur la télékinésie, un vieux savant réfugié à Winthorp a donné naissance à une forme constituée d’énergie pure, une véritable pensée qui a pris substance et qui se nourrit de radiations et de cerveaux, ce qui lui permet de se multiplier et de déterminer son apparence.

Dans le dernier quart d’heure, les créatures deviennent finalement visibles, point de départ d’un siège qui voit le petit groupe de héros attaqués de toute part. Les effets spéciaux sont d’ailleurs particulièrement convaincants : le rendu de l’animation image par image, qui permet aux cerveaux de ramper et de sauter sur leurs victimes, est de qualité et participe pleinement à l’efficacité de cet assaut horrifique. L’explosion des matières grises dans un magma peu ragoûtant a même valu au film quelques ennuis avec la censure britannique.

Un suspense bien fignolé, une bonne interprétation, du charabia pseudo-scientifique (explications aussi incohérentes que savoureuses comme souvent), une chouette montée en puissance, des monstres visuellement accrocheurs, un final percutant…bref, une très bonne petite série B british !

1 « J'aime »

Rick Melton :

low-res-FIEND-WITHOUT-A-FACE-2

image

(c’est vrai que ce serait bien que certains se fassent bouffer par un cerveau)

2 « J'aime »