MOON KNIGHT : les grands moments

MOON KNIGHT (vol.1) #1 : LE MACABRE MOON KNIGHT !

Après 6 mois d’éclipse, le Chevalier de la Lune revient en octobre 1980 (d’après la couverture), et cette fois-ci, dans sa propre série, avec aux manettes, toujours Bill Sienkiewicz et Doug Moench … qui va en profiter pour revoir quelques points des origines du héros.

Associé au mercenaire Bushman, l’homme au crâne tatoué sur le visage, Marc Spector ne se reconnait plus vraiment dans les combats de son chef, et les dernières révélations de son ami Frenchie vont dans ce sens, puisqu’ils ne sont pas du bon côté des rebelles. Ils décident donc de quitter le groupe le soir même. Cependant, Bushman décide de lancer avant une attaque sur le camp d’un archéologue qui aurait découvert la tombe d’un pharaon, qui comporterait beaucoup de richesses.
Lors de l’attaque, Bushman est attaqué par surprise par le scientifique, mais il est sauvé par Spector, qui regrette son réflexe malheureux, car l’archéologue est sauvagement tué (morsure dans le cou) par Bushman. Avant de mourir, il demande à Spector de sauver sa fille, ce qu’il arrive à faire, malgré toute la colère qu’elle ressent pour le mercenaire.
Ce sauvetage, plus sa réaction quand Bushman fit exécuter sans demi-mesure les derniers membres du camp archéologique, provoqua son exil et il se réveilla seul au milieu du désert. Il est récupéré titubant et au bord de la mort par un groupe d’autochtones dans le tombeau du pharaon, où se trouve également la fille du scientifique, qui avait fui dans le désert.
Malgré sa colère, elle resta à son chevet, assistant à sa mort … puis à sa résurrection. Spector se réveilla comme habité, parlant du dieu Konshu représentant par une statue dans le tombeau, puis se drapant de la cape accrochée à la statue pour la faire sienne. Toujours avec cette impression d’être ensorcelé, il pris une jeep et rejoigna la ville qu’avait investi Bushman, et se débarrassa des mercenaires, détruisit leur réserve et fit fuir Bushman. Rejoint par Frenchie et la fille de l’archéologue, s’appelant Marlène, qui l’avait suivi, le trio part pour les Etats-Unis.
Plus tard, après avoir acquis fortune, s’être installé et joué les super-héros à capuche à plusieurs reprises, Moon Knight comprend que Bushman est aux etats-Unis en arrêtant un groupe de dealers, dont l’un d’eux avant un pendentif avec pour image une tête de mort (comme le visage de son ancien chef mercenaire). Il se rencarde auprès de Crawley, qui l’envoie dans un strip-club. Après s’être débarrassé des sous-fifres, Moon Knight retrouve son ennemi un flingueà la main. C’est à ce moment-là que Marlène, qui l’avait suivi en suivant l’hélicoptère en voiture) débarque, ce qui surprend Bushman qui la blesse sur le flan. Un corps à corps démarre alors entre les deux hommes, et alors que l’homme à la tête de mort allait lui trancher la carotides avec ses dents en métal, le Chevalier de la Lune lui met sa matraque dans la bouche, et prend le dessus en l’assénant de coups de poing. A sa merci, il est à deux doigts de le tuer, mais Marlène l’en empêche, lui disant que s’il a été un mercenaire lui aussi, il est un homme différent de son ancien chef.
Bushman reste donc à terre, assommé, la tête ensanglantée, dans l’ombre d’un croissant de lune quand la police arrive…

Doug Moench décide donc de revoir, en partie, les origines du personnage qu’il a créé 5 ans plus tôt. Exit le costume fabriqué par une organisation criminelle pour attraper un loup-garou, voici donc la cape d’un Dieu vengeur égyptien, Khonshu. Cet apport plus fantastique était déjà sous-jacent, puisque l’auteur reliait la force et l’acuité de Moon Knight aux phases de la Lune, et il est donc totalement revendiqué. Ce changement permet aussi d’apporter une dramaturgie au personnage, de le relier aux autres héros surnaturels, et, d’apporter une relation entre le héros et son dieu tutélaire (les regards dans la tombe du pharaon ne peuvent pas tromper). Spector n’est plus un simple mercenaire et cela lui donne une autre profondeur à exploiter.
D’ailleurs, ce premier numéro de la série régulière permet de rallier les anciens lecteurs, tout comme les nouveaux, puisqu’ici, est dévoilé ce qui a amené Spector, Frenchie et Marlène à former leur trio, à utiliser toutes les personnalités du héros (même si Lockley et Grant ont des apparitions furtives), et à créer ce qui sera sûrement sa Némésis. Il n’y a pas de redite avec ce qui a été raconté précédemment et il y a tout pour comprendre ce qu’il est. Presque un épisode meta, car on pourrait penser que le personnage est réellement né dans ce numéro.
Ce qu’on peut également voir dans le scénario de Moench, c’est d’apporter une forme de vraisemblance, que ce soit dans les attitudes des différents personnages dans le Soudan (le réflexe de Spector, la colère de Marlène) ou dans ce qu’il se passe (la fortune de Grant, l’arrivée de Marlène). Et s’il ne développe toujours pas vraiment Frenchie, il continue de montrer que Marlène, même si elle finit toujours blessée, n’est pas juste une faire-valoir, qu’elle est une femme dans l’action, avec beaucoup de sentiments. C’est elle qui contient Moon Knight et qui sait le remettre dans le bon chemin.
Moench utilise aussi deux de ses personnages secondaires favoris, Gena et Crawley, béquilles très utiles dans son scénario, un « Huggy les bons tuyau » fragmenté. Ce qui est rigolo, c’est qu’il en profite souvent pour faire une tirade sur les difficultés de vie que peut rencontrer la population noire. D’ailleurs, c’est elle qui tient le bar, qui s’occupe de ses enfants … en soit, c’est également un personnage féminin assez fort dans le récit global de l’auteur.

C’est donc Bill Sienkiewicz qui continue de mettre en image les aventures du héros, après avoir passé quelques temps, entre autres, chez les Fantastic Four (toujours avec Moench). Il va d’ailleurs assuer les deux séries pendant plusieurs mois, ce qui va sûrement expliquer un changement de style, puisqu’il va devoir gagner en efficacité (il y a donc moins de décors et d’arrières-plans), se faire aider d’encreur (ici, Frank Springer) et la colorisation de Bob Sharen sera beaucoup moins luxueuse. La mise en place de la propre série du héros le fait un peu rentrer dans le rang, dans la production classique de Marvel. Mais qu’importe, son style reste nerveux et expressif, ses personnages bougent et sont vivants, beaucoup de cadrages différents et il y a un travail sur les ombrages assez intéressants. Il en profite également pour revoir le design du mooncopter, qui est dorénavant en forme de croissant de lune.

PS : la VF de Panini a deux traductions étonnantes, à mes yeux : Khonshu est Khonsou, et le strip club est devenu un club d’effeuillage. Deux termes que je n’avais pas encore vu, il me semble.
(j’ai comparé avec la version d’Aredit, où la traduction est très, très, très sommaire… et il est écrit Khonshu et tout simplement "club’).

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